La nouvelle édition à avoir dans sa bibliothèque !
Urban Comics sortent ce mois-ci des éditions de luxe de trois de leurs comics DC ! S’il y en a un à ajouter sa bibliothèque, sans aucune doute, c’est l’iconique Watchmen d’Alan Moore et Dave Gibbons !
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Qu’est-ce qui fait qu’un personnage est ce qu’il est? Quels événements font qu’un héros est une force du bien et un méchant son opposé ? Batman a-t-il toujours été le croisé de la justice, froid et implacable, que nous connaissons ? et son Némésis le Joker a-t-il toujours été fou à lier ?
Si vous vous êtes déjà posé ces questions une fois dans votre vie et que vous cherchez une réponse, vous êtes au bon endroit: Bienvenue dans ce premier numéro du Divan des Héros, la chronique qui analyse la psychologie de nos personnages préférés !
Dans cette chronique, nous passerons en revue l’origine du personnage, mais aussi l’évolution de son comportement depuis sa création (et comment cela influe sur sa personnalité et ses capacités), et enfin son comportement actuel. Je finirai en vous donnant mon analyse personnelle du personnage. Et quel meilleur sujet pour un premier numéro que l’extraterrestre le plus emblématique de la planète: SUPERMAN!
Le personnage de superman fut créé en 1933 par l’écrivain américain Jerry Siegel et l’artiste Canadien Joe Shuster à Cleveland, Ohio. Amis depuis le lycée, Siegel et Shuster, fans de science-fiction, font apparaître le nom de Superman pour la première fois dans une petite revue qu’ils publient et qui se nomme Science Fiction. Dans cette histoire, un savant fou dote de super-pouvoirs un homme qui deviendra un Superman maléfique. Cependant le personnage rencontre peu de succès, il est alors complètement repensé: Superman devient un héros défenseur de la veuve et de l’orphelin.
Les auteurs vendirent les droits d’auteurs du personnage à une société nommée National Comics, qui deviendra bien plus tard DC Comics. Il apparaît pour la première fois dans le premier numéro d’Action Comics, en avril 1938. L’éditeur, qui ne s’attend pas à ce que ce personnage rencontre le succès , le remplace même sur la couverture des numéros suivants par d’autres personnages. Cependant, les ventes s’envolent grâce à Superman qui éclipse toutes les autres séries, et Action Comics va révolutionner le monde de la bande dessinée américaine.
Même si le Kryptonien reste une création originale et avant-gardiste pour les années 30, un bon nombre d’auteurs et d’analystes affirment que les sources d’inspirations des auteurs étaient multiples. Le nom du personnage est traduit de “Übermensch” dans Ainsi parlait Zarathoustra de F. Nietzsche, et Kal-El (son nom kryptonien) signifie en hébreu “tout ce que Dieu est.” De plus, l’histoire du personnage est une parabole évidente de l’immigration d’européens vers l’Amérique lors de la seconde guerre mondiale: un enfant fuyant un monde lointain en proie au chaos et à la destruction, cherchant une “terre promise” et arrivant dans une Amérique pleine de paix et de promesses, adopté par un couple offrant amour et protection. Il est aussi possible de faire un parallèle entre les parents de superman mettant leur nouveau né dans une fusée pour le sauver d’un destin funeste, et le mythe de Moïse, déposé dans un panier flottant sur l’eau pour fuir l’oppression de son peuple. Il est vrai que les sources d’inspirations et les parallèles entre le personnage et la mythologie sont très nombreux: Atlas portant le monde sur ses épaules, Hercule et ses 12 travaux, l’omniscience et l’omnipotence d’Odin, etc… Il est évident que sur de nombreux points, Superman est considéré comme la personnification de Dieu. Mais revenons à la psyché du personnage.
En 1938, l’homme d’acier n’avait pas toutes les capacités qu’on lui connait aujourd’hui: il était invulnérable, avec une super-vitesse et une super-intelligence, et pouvait sauter au dessus d’immeubles n’excédant pas 200 mètres de hauteur. Ce n’est que par la suite, au fil de ses aventures, qu’il obtint tous ses pouvoirs, et que son univers s’étoffa en lieux et personnages: Métropolis, Lois Lane, Krypton, Supergirl, etc… Son code moral était alors assez tranché: le monde est blanc ou noir, soit vous êtes innocent, soit vous êtes un criminel qu’il faut arrêter. Cependant rappelons qu’à ses débuts, Superman évoluait dans un monde “normal”, il n’affrontait que des criminels normaux et n’avait pas encore de super-méchant à sa hauteur. ce n’est que quelques années plus tard qu’apparut son Némésis: Lex Luthor.
Basiquement, on peut voir en Superman une personnification des vertus humaines les plus honorables: il est l’incarnation de l’espoir et de la justice, il est incorruptible et inflexible, il est courageux, altruiste, honnête, miséricordieux et plein de compassion pour son prochain. Il défend toujours ceux qui ne peuvent se défendre eux même, toujours prêt à se sacrifier pour sauver une vie. Bien qu’il ne soit pas de ce monde, il incarne ce qu’il a de meilleur en lui. Lorsqu’il découvrit ses origines, son père biologique Jor-El lui annonca pourquoi il l’avait envoyé sur Terre: pour être un phare dans la nuit, guidant l’humanité sur le bon chemin au travers des épreuves qu’elle subirait. Il est un monument, un gardien, une source d’inspiration pour des milliers de gens qui trouvent en lui une force du bien, les poussant à faire de leur mieux chaque jour. Mais Superman est un personnage bien plus complexe que cette image de parangon de la justice.
Le point le plus important de la personnalité de ce personnage est son amour de l’humanité: il préfère valoriser les points positifs de l’homme, comme la capacité à s’entraider et à éprouver l’amour, l’espoir ou encore la compassion, plutôt que de se concentrer sur ce qui fait la faiblesse de la race humaine. Il voit toujours le meilleur en chacun de nous, pour la simple raison que l’alien qu’il est, a grandi sur Terre, en tant que Clark Kent. Et même si c’est son identité secrète, la question de l’alter ego est redondante: Superman n’est pas l’alter ego de Clark Kent, ni l’inverse. Ce sont deux facettes d’une même personne, car il est autant un fils de Krypton qu’un enfant de la Terre. Cette capacité à toujours voir l’espoir et le meilleur chez les gens est sa plus grande force, et en même temps sa plus grande faiblesse. Par exemple, dans le film d’animation Justice League: Doom sorti en 2012, un groupe de super-méchant nommé la Legion fo Doom, neutralise les membres de la Justice League l’un après l’autre. Pour Superman, le méchant Metallo se déguise en un ancien reporter du Daily Planet et menace de se jeter du haut d’un building. L’homme d’acier arrive, cherche à le raisonner, et le méchant réussit à lui faire baisser sa garde à cause de sa volonté de toujours aider son prochain. Metallo finit par lui tirer dessus avec une balle en Kryptonite pure, le laissant au bord de la mort avant que la ligue n’intervienne. Sa compassion est donc une arme à double tranchant.
Un autre point essentiel est que Superman s’inspire du “Übermensch” de Nietzsche qui, pour ceux d’entre vous pour lesquels cette oeuvre est inconnue, peut se résumer ainsi: Ubermensch est un individu indépendant ne laissant ni la religion ni la loi définir son code moral. Il construit ses valeurs grâce à ses expériences de vie. Il ne souhaite ni conquérir ni diriger personne, et est passé maître dans l’art de l’auto-discipline. Nietzsche décrit ce personnage aux travers de nombreuses allégories, que l’on peut résumer ainsi: “La souffrance ne peut être évitée, et devrait être acceptée”. Nous souffrons tous à la fin de la journée, et pouvoir accepter cette souffrance nous permet d’apprendre et d’apprécier la vie que nous menons. Pour lui, Ubermensch est un but, un modèle que l’homme moderne doit essayer d’atteindre pour accéder au bonheur.
Ce qui nous amène au point suivant de la personnalité de Superman: Il a souffert et souffre beaucoup, mais il ne laisse jamais cette souffrance le submerger. Sa capacité à faire face est l’un de ses atouts les plus puissants. Il y a plusieurs causes à cette souffrance. Tout d’abord, comme ses parents l’ont envoyé sur Terre juste avant l’explosion de Krypton, il est (avec sa cousine Kara Zor-El aka Supergirl) le dernier des Kryptoniens. Même s’il a été élevé comme un humain sur Terre, cette perte à toujours été une source d’aliénation pour Clark. En effet, bien que grandissant entouré de sa famille et d’amis, il porte en lui le deuil du destin de son espèce, cherchant des réponses dans cette tragédie, avec l’espoir de retrouver d’autres survivants. De plus, l’un des pouvoirs du personnage est sa super-ouïe, lui permettant d’entendre partout sur la planète. Le point négatif de ce pouvoir est que même s’il le contrôle, Superman entend tout, notamment la souffrance de millions de gens implorant à l’aide. C’est un immense fardeau émotionnel pesant sur lui constamment, et même s’il semble pouvoir sauver tout le monde, ce n’est pas le cas. Chacune de ses actions entraîne inévitablement son lot de victimes, et il doit en plus gérer l’opinion de ceux qui contestent ses décisions sur le sort des gens. Un excellent exemple de sa gestion de ce fardeau est dans l’arc Superman: Grounded paru en 2010. Dans cette histoire, Superman fait face à une grave crise émotionnelle suite à la perte de la Nouvelle Krypton. Il décide alors de traverser les Etats-Unis à pied afin de repenser son combat pour la paix et la justice. Tout cela forme un lourd bagage émotionnel qui pourrait submerger facilement l’homme d’acier. Mais ce n’est pas le cas. Il accepte ce fardeau, cette peine et apprend à lui faire face. Tout cela influence ses choix et réflexions dans la voie qu’il choisit de suivre. Car il n’y a pas de façon légitime de faire quelque chose, et la notion de “bien” et de “mal” évolue avec le temps et l’opinion publique. Il essaie de faire du mieux qu’il peut à chaque instant, trébuchant souvent en chemin. Superman est un personnage qui évolue avec son temps.
On arrive à l’avant-dernier point: la recherche de la vérité et de la justice par Clark Kent. La vérité est une part importante du personnage de Superman, mais c’est aussi l’un des points où c’est le reporter qui intervient, et non l’homme d’acier. A l’origine du personnage, Clark Kent était seulement l’identité secrète de Superman, qui lui permettait de se fondre parmi la population. Mais comme nous l’avons dit précédemment, Clark est devenu, au fil des années, une part du personnage, au même titre que son alter-ego héroïque. Devenu reporter au Daily Planet à la base pour se tenir informé de ce qui se passe sur la planète et pouvoir intervenir sans éveiller les soupçons, Clark Kent est, dans la nouvelle version comics, reporter car il aime mener l’enquête, découvrir la vérité, aidé par ses investigations des personnes qui ont besoin d’aide mais souvent ignorées. Il n’accepte pas la vérité que les gens lui disent sans réfléchir, il mène l’enquête et forme ses propres conclusions. C’est là aussi un des points de l’Ubermensch de Nietzsche: un homme qui n’est pas dirigé par autrui, qui n’accepte pas aveuglement ce que d’autres personnes ou organisations essaient de lui imposer. Être capable de s’inspirer et d’être influencé par d’autres, tout en essayant de comprendre ces idées et de se les approprier, de ne pas se laisser imposer les choses sans essayer de chercher et de comprendre la notion qui nous est présentée. La clairvoyance entraîne la vérité, et la vérité apporte la justice.
Mais être perspicace et agir sans suivre aveuglement les vérités d’autres, cela est plus facile à dire qu’à faire. Souvent l’homme se complaît à seulement suivre car c’est plus simple. Parce que se fier à son propre jugement demande force et courage, et c’est là le dernier point de cette chronique: Superman a le courage de se battre pour la liberté et la justice, même si cela à un coût (tous ne sont pas forcement d’accord avec ses valeurs). Que cela soit dans le comics ou dans les adaptations cinématographiques, nombreux sont ceux qui ont voulu plier l’homme d’acier à leur volonté, et faire de lui un pion, un faire-valoir. Le gouvernement américain par exemple, qui souhaite imposer à Superman ce qu’il devrait faire et sa façon de le faire au nom des “valeurs de l’Amérique”. Mais il ne suit pas aveuglement les ordres du gouvernement, qui voudrait par exemple qu’il neutralise tel ou tel dictateur. Il mène sa propre enquête, essaie d’obtenir les deux versions d’une même histoire pour mieux la comprendre, et tire ses propres conclusions. Et cette voie est difficile: on lui reproche souvent cette indépendance en l’accusant de ne pas en faire assez pour son pays, comme Luthor ou le général Lane. Au final, c’est cette capacité, ce courage de se fier à son propre jugement pour résoudre des dilemmes moraux qui est la raison pour laquelle Superman fait partie des hommes et n’est pas au dessus d’eux. Chaque homme aspire à se fier à lui même pour résoudre ses problèmes, et en cela il représente un idéal, un but que nous voulons atteindre.
Pour finir, si je devais résumer ce que représente Superman, je dirai qu’à l’instar de Batman, c’est avant tout un symbole, et une promesse. Personnage créé à l’origine comme un chevalier des temps modernes, défendant la veuve et l’orphelin et prônant la vertu, l’homme d’acier est devenu en plus de 80 ans une icône, une source d’inspiration pour des millions de fans, petits et grands. Il nous enseigne que si le mal est présent en ce monde, le bien l’est forcement aussi. Et que l’homme est capable de bonté et de grandeur, possédant en lui le courage nécessaire pour affronter les crises et les surmonter. Même si le personnage existe depuis longtemps, ce n’est pas anodin qu’il soit connu mondialement: Superman c’est nous. Il représente ce qu’il y a de meilleur en l’homme, et le guide à faire de son mieux à chaque instant. Car comme disait Christopher Reeves: “Selon moi, un héros est individu ordinaire qui trouve la force d’endurer et de persévérer en dépit d’obstacles insurmontables”.
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