La recommandation de Timo
Pour ce mois de septembre, je vous propose de vous jeter sur Night Eaters. Ce comics est la nouvelle collaboration entre l’autrice Marjorie Liu et la dessinatrice Sana Takeda, les créatrices du banger qu’est Monstress. En plus, mes partenaires de BDfugue vous offrent un ex-libris si vous l’achetez via ce lien. Cool, non ?
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Bonjour à tous! Avec l’arrivée du printemps, le Divan des Héros fête le retour du vert avec une méchante de l’univers DC Comics aussi belle que létale: POISON IVY.
Créée par le scénariste Robert Kanigher et le dessinateur Sheldon Moldoff, Pamela Lillian Isley, alias Poison Ivy, est une super-vilaine appartenant à l’univers de DC Comics, apparue pour la première fois dans le comics Batman #181 en 1966. A cette époque, le mouvement féministe était en pleine ébullition, et la maison d’édition DC décida que Batman avait besoin d’un autre méchant féminin, surtout depuis que Catwoman avait gagné la sympathie du public. La nouvelle méchante fut dotée d’un thème végétal, et s’inspira en partie de la nouvelle de 1844 de Nathaniel Hawthorne, La fille de Rappacini. Comme le personnage de la nouvelle de Hawthorne, Poison Ivy fut représentée comme une sublime tentatrice obsédée par les plantes vénéneuses, être immunisée contre leurs toxines, et les utilisant pour à la fois séduire et empoisonner les autres.
Au niveau du physique du personnage, Kanigher et Moldoff se sont inspirés de la très célèbre modèle photo Bettie Page, allant jusqu’à donner à Ivy sa coupe de cheveux et ses tics de langage du sud des Etats-Unis (ce qui ne sera pas conservé lorsque les origines d’Ivy révéleront qu’elle est de Seattle). A l’origine du costume, on avait un maillot de bain une pièce couvert de feuille, mais au fil des années l’évolution de sa tenue a amené les dessinateurs à lui donner une allure plus végétale, recouvrant peu à peu son corps de végétaux, en guise de vêtement. Sa peau devint verte, ses cheveux par contre furent dès l’origine d’un roux très vif, comme les feuilles à l’automne.
Au niveau de l’inspiration plus onirique, on pourrait évidemment faire des parrallèles entre le personnage et certains personnages de la mythologie: la déesse primordiale Gaïa dans la mythologie grecque, qui est l’incarnation de la terre et de tout ce qui est vivant, en particulier le monde végétal, les Sirènes qui attiraient les marins en les séduisant et provoquaient leur perte, ou encore Skadi, déesse nordique de la nature, belle et solitaire qui défend tout ce qui vit. Il y a aussi Méduse, l’une des Gorgones, qui après avoir été maudite par Athéna pour avoir couché avec Poséidon dans le temple de la déesse, pouvait pétrifier les hommes d’un simple regard. Les inspirations peuvent être multiples, mais à part Gaia, Poison Ivy tire seulement certains traits de différents personnages mythologiques. Le trait principal du personnage est son lien aux plantes, qui influe sur son comportement car elle est très anti-sociale et solitaire, préférant la compagnie des plantes à celles de l’humanité.
Dans son origin story actuelle, Pamela Isley grandit dans une riche famille et étudie la botanique et la biochimie avancée à l’université. Un de ses professeurs, le Dr. Jason Woodrue, connu sous le nom de Alec Holland (Swamp Thing), la séduit et ensemble, ils débutent des expérimentations dont Pamela est le cobaye. Woodrue lui injecta de nombreux poisons et des toxines causant à Isley des transformations chimiques et physiques, capable désormais d’entrer en symbiose avec les plantes et les commander. Elle faillit mourir à deux reprises à cause de ces poisons. Ces expériences lui font aussi perdre la raison et elle se met ainsi à traiter les plantes comme sa progéniture. Alors que Woodrue s’enfuit, Pamela se retrouve à l’hôpital pendant six mois, souffre de la trahison de Woodrue et finit par le haïr. Elle en devient psychologiquement instable et sujette à des sautes d’humeur : tantôt douce et gentille, tantôt violente et cruelle. Elle finit par quitter l’école et Seattle pour se retrouver à Gotham City.
Juste après l’apparition du Batman à Gotham, Poison Ivy prend la ville en otage en menaçant de libérer un poison dans l’air de la ville si une rançon ne lui est pas versée. Elle est arrêtée par Batman et enfermée dans l’asile d’Arkham. Dès lors, elle devient obsédée par Batman, seul être qu’elle ne peut contrôler ou influencer.
Quelques années après, elle quitte Gotham pour aller vivre sur une île déserte des Caraïbes. Elle transforme cette île en un second Éden. Elle est heureuse pour la première fois de sa vie, mais son bonheur est de courte durée. Une compagnie américaine décide de tester ses armes sur son île qui est alors anéantie. Pamela Isley retourne alors à Gotham pour se venger et punir les responsables. Après avoir été arrêtée une fois de plus par Batman, elle prend la résolution de ne quitter la ville que le jour où les plantes échapperont à la menace des hommes et consacre depuis sa vie à « purifier » Gotham City.
Dans ses premières apparitions, Poison Ivy utilisait seulement la séduction et la manipulation via les phéromones pour mener sa vendetta dans Gotham. Ce n’est que plus tard qu’elle obtint un contrôle plus important, notamment vis à vis de la croissance des plantes. Après sa mort présumée des mains de Hush et sa résurrection, le contrôle d’Ivy sur le monde végétal a considérablement augmenté, lui permettant par exemple de faire croître des plantes gigantesques instantanément. Elle peut aussi désormais entendre à travers les plantes, pour retrouver quelqu’un par exemple, ou espionner. Un exemple de ses pouvoirs est, récemment, Ivy a pu transférer sa conscience dans un ensemble végétal, afin de créer un avatar d’elle-même qu’elle pouvait contrôler! Les pouvoirs du personnage n’ont pas cessé d’augmenter depuis sa création, et ils sont étroitement liés à sa personnalité. Car ce qui est intéressant avec ce personnage, c’est que malgré ses activités criminelles, Poison Ivy ne peut être considérée comme une réelle méchante, comme le Joker. Elle fait partie dans tout cet ensemble de personnages qui oscillent sur la ligne entre le bien et le mal, devenant parfois repentant, glissant à d’autres occasions sur la pente du crime.
Un point essentiel du caractère du personnage est son aliénation supposée: en effet, la plupart des lecteurs ou des personnages de l’univers de Batman pensent que les expériences que Pamela Isley a subies entre les mains du Dr Woodrue l’ont rendue folle, car elle se considère comme la mère du monde végétal, ou tout du moins comme le “Messie” de la nature. Je parle de Messie car dans certaines analyses du personnage, on trouve cette comparaison entre l’oeuvre biblique et la méchante de DC Comics. Et c’est une comparaison valable au sens que si l’on considère la nature comme un dieu unique, effectivement Poison Ivy en serait un avatar, une représentation, tel Jésus pour Dieu. Aparté faites, Ivy n’est pas folle: avant sa transformation, Pamela était une jeune botaniste talentueuse qui aimait profondément les plantes, et les étudiait avec passion. Elle était très timide et peu habile en société, se réfugiant souvent dans l’étude du monde végétal qu’elle trouvait moins cruel que le monde de l’homme. Sa transformation n’a fait qu’exacerber ses traits, lui donnant plus d’assurance mais la faisant devenir de réfractaire au monde des hommes. Elle n’est pas folle, elle a seulement fini par penser que sa place était bien entre les hommes et le monde végétal, pour défendre les plantes de la cruauté de l’homme.
On la qualifie souvent d’éco-terroriste ou d’anarchiste, mais encore une fois cette interprétation dépend énormément du point de vue que l’on décide d’avoir. Ivy a souvent en effet prise à parti des compagnies corrompues, polluantes, qui mettent le profit au dessus de la santé humaine et de l’environnement. Elle agit toujours pour défendre le monde naturel, et ses choix l’amènent parfois a avoir des activités criminelles, simplement pour défendre ou obtenir quelque chose qui lui permettrait de protéger encore mieux la nature. Pour certains elle sera effectivement une terroriste, mais pour d’autres elle sera simplement une défenseur du monde naturel. Preuve en est de son actualité: depuis la renaissance de l’univers DC, Poison Ivy fait partie de l’équipe des Birds of Prey, au côté de Catwoman, Batgirl, Black Canary et Harley Queen. C’est Black Canary qui a insisté pour la faire entrer dans l’équipe, les autres membres étant réticentes à cause de son passé d’activiste terroriste. Même si elle a utilisé plusieurs fois l’équipe à ses propres fins pour attaquer des entreprises véreuses, Ivy a fini par se repentir en partie et lutte désormais avec les autres membres de l’équipe pour protéger Gotham. Cependant, d’après les aveux de J.T.Krul, tout le thème végétal qui entoure le personage d’Ivy a été mis en place pour qu’elle devienne l’éco-terroriste ultime, obsédée par l’idée de protéger le monde naturel à n’importe quel prix. Selon Krul toujours, qui a d’ailleurs été un des auteurs ayant participé au développement de la personnalité d’Ivy, le personnage pourrait se résumer ainsi:
Ce que j’aime tout particulièrement à propos de Poison Ivy est qu’elle oscille régulièrement entre une parangon de mère Nature, et une éco-terroriste psychopathe. Elle se voit comme la main du monde naturel, défendant ceux qui ne peuvent se défendre et croyant profondément en la justesse de sa cause. Menacer, faire chanter, mutiler sont des procédés très extrêmes, mais jamais aussi dramatique que ce que l’humanité a fait subir au monde naturel. Ivy voit toujours ce qu’il y a de beau, de grand, même lorsqu’elle punit ceux qui le méritent.
Selon moi, Poison Ivy est l’un des personnages de l’univers DC qu’on ne peut pas ranger d’un côté ou de l’autre de la loi. Ne servant que ses propres intérêts en voulant protéger à tout prix la nature, Ivy oscille depuis toujours sur cette fine ligne séparant le bien du mal. Devenant terroriste pour détruire des hommes corrompues et avides de pouvoir, qui détruisent l’environnement sans se soucier de polluer ou non, elle n’est pas foncièrement mauvaise et reste relativement incorruptible dans son combat. Elle aida, par le passé, plusieurs fois Batman à arrêter des super-vilains tels que le Joker, Black Mask ou encore l’Epouvantail, et à libérer Gotham de leur emprise. Il ne reste en elle que très peu d’humanité, sa transformation la laissant relativement insensible à l’humanité. Mais son statut particulier fait que lorsqu’elle s’oppose à Batman, ce dernier cherche le plus souvent à l’aider plus que l’arrêter. Connaissant son passé et les événements qui ont fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui, il sait qu’elle n’est dangereuse que si elle est acculée et n’a d’autre choix que d’être agressive pour s’en sortir. Au final, je pense que Poison Ivy est un personnage qui existe depuis longtemps, mais qui a souvent eu un rôle de second plan. Créée à l’origine pour être une nouvelle adversaire de poids pour Batman, elle est devenue une ennemie redoutable du chevalier noir, mais pas pour sa force ou sa cruauté. C’est son parcours, et le fait qu’elle ne soit pas réellement mauvaise, qui la rendent dangereuse au niveau psychologique pour la chauve-souris, car même si ses méthodes sont parfois violentes ou extrémistes, Batman ne peut s’empêcher de vouloir l’arrêter et l’aider sans la blesser. De son côté, Ivy est obsédée par Batman car il est le seul homme à résister à sa manipulation mentale. Une étrange relation s’est donc noué entre les deux au fil des ans. Même si Ivy s’est rachetée et fait désormais partie des Sirènes de Gotham, son amour de la nature et son obsession pour la défendre peuvent la faire replonger dans l’extrémisme écologique. Au final, Poison Ivy cherche simplement la paix, rêvant d’un monde rendu à la nature où l’homme ne serait plus un danger.
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