La recommandation de Timo
Pour ce mois de septembre, je vous propose de vous jeter sur Night Eaters. Ce comics est la nouvelle collaboration entre l’autrice Marjorie Liu et la dessinatrice Sana Takeda, les créatrices du banger qu’est Monstress. En plus, mes partenaires de BDfugue vous offrent un ex-libris si vous l’achetez via ce lien. Cool, non ?
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Spider-Man est sans nul doute le personnage le plus emblématique de l’écurie Marvel. Drôle, inventif et clément, quel (grand) adolescent n’a jamais rêvé être aussi vaillant que notre héros en spandex rouge et noir. Après plus de 50 années de bons et loyaux services dans les voisinages de New-York, de Battleworld et de l’Enfer, les scénaristes successifs ont tâché de révolutionner le personnage de Peter Parker avec (ou peu de) succès.
Hep, hep, hep là ! Peter Parker c’est le p’tit chanceux qui s’glisse sous les draps en satins de Mary Jane, hum ? Attends, voir que j’me l’emballe celle-là, deux coups de poignet et vas-y que j’l’emballe dans ma toile moi aussi la rouquine.
Euh… Pariah ? C’est bien toi ? Je m’attendais à ce genre de réflexion graveleuse de la part de Uatu mais certainement pas venant de toi. Tu ne te sens pas bien ? C’est la lecture de “S’accepter en 10 leçons : croyez-moi, je suis un canard en costard qui parle” par Howard T.D. qui te rend si confiant ? Je savais bien que je ne devais pas faire confiance à ce colvert.
Non… Non… Ce n’est pas de sa faute ! C’est lui, enfin moi, enfin le vrai lui qui a échangé nos consciences ! Il n’en pouvait plus de dépenser son argent en soin capillaire et postiche de vieille dame. Tel Zohan, il n’avait d’yeux que pour mes cheveux. Prends garde Uatu, je sais ce qui se cache sous ta toge à présent !
Sérieux les mecs, vous me plombez à nouveau ma chronique. Je vous lance un DVD dans le salon pour vous occuper. Freaky Friday ça vous va ? Je retourne à l’écriture de mon papier du mois dédié à…
An Amazing End for our Friendly Neighborhood Spider-Man.
Nous en parlions avant d’être grossièrement coupé par ces deux togés toqués, Spider-Man a souvent été l’objet de diverses et multiples revitalisations aux succès inégaux. Qu’il s’agisse de son pacte avec Mephisto, du mariage de Doc Ock et Aunt May ou encore de la fois où ses parents sont revenus de parmi les morts sous la forme d’androïdes, Spider-Man a -il faut l’avouer- vécu des aventures controversées et controversantes. Mais rien ne laissait présager la division quasi nette entre les fans de la franchise avant la sortie de The Amazing Spider-Man #700.
Aux commandes, Dan Slott, auteur on ne peut plus attaché au personnage de l’Araignée. Il détient la seconde place du podium des auteurs les plus longtemps attitrés à Marvel Comics. Depuis 1999, ce bon vieux Dan roule sa bosse sur les séries de l’écurie et s’est spécialisé dans l’univers du Tisseur il y a maintenant une décennie. Chargé d’orchestrer l’événement de l’année 2012, à savoir les 50 ans de Spider-Man, ce dernier a malicieusement préparé son coup et a enterré -en trois numéros seulement- une histoire vieille de cent numéros ainsi que le sort de son héros.
Dans The Amazing Spider-Man #600, les lecteurs apprenaient que Doctor Octopus était mourant. Il succombait peu à peu aux blessures subies au cours de sa néfaste carrière aux services du mal. Plus amer qu’auparavant, ce dernier a échafaudé des plans plus machiavéliques les uns que les autres, bien décidé à sauver sa peau. On se souviendra des récits “Origin of the Species” et tout particulièrement de “Ends of the Earth”, lorsqu’il a balayé plus de sept millions de vies dans le simple but d’être reconnu comme véritable super-vilain aux yeux de l’Histoire. Ses exactions lui ont valu un dernier séjour dans la super-prison Raft, laissé pour mort dans un respirateur artificiel.
Cependant, c’est dans “Dying Wish” que notre vieux calamar sortira le grand jeu. Dans The Amazing Spider-Man #698, Otto Octavius appelle une dernière fois son meilleur ennemi… par son véritable nom. Répondant à son appel, notre héros se rend au chevet de son partenaire de castagne. Le spectateur assiste à une double révélation qui lui laissera la mâchoire béante pour de nombreuses aventures à venir : Doc Ock a échangé sa conscience contre celle de Spidey et Peter Parker, coincé dans le corps d’Otto, vient de clamp-ser dans un dernier râle méphitique.
Peter Parker est mort, vive Peter Parker !
S’accrochant à l’espoir de voir le retour de Pete dans ses collants à la fin du numéro spécial célébrant les 50 ans de Spider-Man, les lecteurs n’en crurent pas leur yeux lorsqu’ils refermèrent leur exemplaire de The Amazing Spider-Man #700. Mon exemplaire porte encore les stigmates de l’acidité de mes doigts suants.
Peter Parker, coincé dans la carcasse pourrissante de Otto, a -dans un dernier élan héroïque- tenté de renverser ce Spidey Wannabe. Cependant, c’est le Superior Spider-Man qui aura le dessus sur notre bon vieux Pete qui décédera dans les bras de son adversaire. Joyeux anniversaire Spider-Man ?
Il faut dire que la révélation n’est pas passez inaperçueet a valu à Dan Slott de nombreuses menaces de mort suite à ce twist peu orthodoxe. Pourtant, d’autres héros avant Spidey avaient déjà passé l’arme à gauche, Peter est d’ailleurs aussi mort à deux ou trois reprises. La différence ici, c’est que Marvel et Dan Slott ont maintenu le même discours : le Spider-Man que vous chérissez tant est mort, voici le Superior Spider-Man.
Evidemment, la Team Premier Degré s’est insurgée et a pris les armes. C’est à croire qu’ils n’ont jamais lu de comics auparavant. Pire, qu’ils n’ont pas lu The Amazing Spider-Man #700 jusqu’au bout.
La rédemption comme expiation
Alors que les prémisses de Superior Spider-Man laissent présager une tournure cynique, désabusée et expéditive où le Tisseur deviendrait un supervilain qui terroriserait -avec succès- l’humanité, il n’en sera rien. Avant même de s’assurer une porte de sortie à ce qui allait devenir la série la plus vendue de Marvel en 2013, Dan Slott avait une vision précise de l’histoire qu’il souhaitait raconter.
Alors qu’il s’est résolu à sa défaite, Peter (le vrai) a bombardé Otto avec des images mentales de ses souvenirs :ses joies, ses peines et les leçons qu’il a tiré des conséquences de ses actes. Otto a peut-être vaincu Spider-Man mais il ne sera plus le même : il est désormais sur la voie de la rédemption.
Doc Ock brillera par ses actes dans les 31 numéros qui suivront ses aventures dans les pattes de l’Araignée. L’objectif de Slott n’était pas de nous convaincre qu’Otto était supérieur à Peter, non. Il s’agit plutôt de transformer un vilain sans scrupules et de lui montrer, qu’à travers ses valeurs, son ancien ennemi était un bien meilleur homme qu’il ne le sera jamais.
Dans le grand climax de Superior Spider-Man, Otto s’est vu confronté aux plans diaboliques de Green Goblin et fera un choix drastique afin de sauver la vie de Anna Maria, sa fiancée, qui s’apprête à se faire renverser par un train. Il laissera la conscience de Peter, cachée dans les tréfonds de son cerveau, prendre le contrôle de son corps pour la sauver. Seul le vrai Peter a assez de courage, d’altruisme et de sens du sacrifice pour sauver Anna et se jeter sans réfléchir devant le train. C’est à ce moment qu’Otto comprendra qu’il ne sera jamais le Spider-Man qu’était Peter et qu’il se sacrifiera pour offrir à Pete une nouvelle vie. Doc Ock a tout perdu mais a trouvé la voie de la rédemption.
Il fut savoureux d’assister à l’évolution de ce vilain à la justice expéditive en un héros qui met son intellect au service du bien. Toutefois, ne vous méprenez pas :sa personnalité et ses actions joueront tout de même sur ce fil qui séparent héros et vilains. Les aventures de ce Superior Spider-Man nous font réfléchir à la place du superhéros et de la mince limite qui les séparent du vigilantisme, du crime et de la dictature.
Superior Spider-Man nous a présenté un personnage complexe, rongé par ses imperfections mais à la morale bien-veillante. Le run fut un roller-coaster d’émotions pour le personnage et le lecteur, un rafraichissement dans le ton et la direction des traditionnelles aventures de Peter et sa clique.
En voilà une bonne chose de faite. J’espère que les gens comprendront cette dernière vanne. Bon, je vais voir comment vont les deux lascars. Uatu ? Pariah ?
Ah t’es là ! Ne t’inquiète pas, nous avons trouvé beaucoup de sagesse et la réponse à notre conflit dans Freaky Friday. Quelle magnifique leçon d’acceptation de soi. Un classique ! J’ai repris possession de mon corps et je vais pouvoir m’en retourner à mes brushings pré-fin du monde. Oiseau de mauvais augure, certes, mais faut qu’je sois présentable. Merci l’ami.
Pas de quoi Pariah. J’espère que Uatu est heureux tel qui est et que, lui aussi, aura su tirer une morale adéquate à cette situation. Faut dire que son chemin vers la rédemption doit ressembler à l’ascension du Mont Ventou à monocylce à l’heure qu’il est. Uatu ? UATU ?! MAIS MAIS T’ES PAS BIEN ?!
Quoi ?
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