La recommandation de Timo
Pour ce mois de septembre, je vous propose de vous jeter sur Night Eaters. Ce comics est la nouvelle collaboration entre l’autrice Marjorie Liu et la dessinatrice Sana Takeda, les créatrices du banger qu’est Monstress. En plus, mes partenaires de BDfugue vous offrent un ex-libris si vous l’achetez via ce lien. Cool, non ?
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10 ans. 18 films. Des milliards de dollars de recettes au box-office mondial. Des centaines d’acteurs, réalisateurs, producteurs, scénaristes, techniciens et artistes pour en arriver à CE moment. Si l’Univers Cinématographique Marvel s’appréhende désormais comme une entité quasi religieuse au sein de la pop culture des années 2010, voici venir sa cathédrale. Plus qu’un film, Avengers: Infinity War avait pour vocation de devenir un monde à lui tout seul, de cristalliser tous les enjeux construits patiemment, film après film, intrigue après intrigue, et de les porter à ébullition dans un barnum de folie. Un tour de manège à 400 millions de $, savamment préparé par Kevin Feige et les frères Russo, censé satisfaire les fans un peu émoussés par une phase 3 parfois bancale tout en réussissant à capitaliser auprès du grand public sur les cendres encore brûlantes de Black Panther, succès fou du début d’année. Tenir toutes les promesses, tout simplement. Et les promesses, Infinity War les tient, haut la main. C’est probablement sa première victoire, avant toutes les autres.
Prenant la suite directe des événements de Thor: Ragnarok, le film s’ouvre avec Thor, Loki et Hulk aux prises avec Thanos (Josh Brolin) dans le vaisseau des derniers survivants asgardiens. D’entrée de jeu, le titan cosmique impose sa présence, sa puissance et les enjeux de sa quête : réunir toutes les pierres d’Infinités. Impossible de s’attarder sur le reste sans rentrer dans la spoiler zone, donc contentez-vous de ça : Infinity War est construit sur un spectaculaire enchaînement de chassés croisés cosmiques et terrestres, impliquant la quasi-totalité des personnages entrevus dans les 18 films précédents. Et c’est peu dire que faire coexister une soixantaine de figures de manière homogène sans perdre le spectateur en route relève du miracle. Miracle donc, le parti-pris de structurer l’ensemble sur différentes équipes de supers réparties à différents point de la galaxie fonctionne plutôt bien malgré quelques mises en retrait un peu dommageables (Captain America, Black Panther, Black Widow), mention spéciale à la team Strange, Stark, Spidey et Star-Lord qui fonctionne du feu de dieu. Mais la grande réussite stylistique d’Infinity War, c’est bien entendu celle de son seul et unique personnage principal : Thanos.
Véritable bloc d’émotions contradictoires, dévoué corps et âme à la réussite de son projet génocidaire qui relève plus d’un dilemme philosophique et moral que d’une vulgaire soif de pouvoir, Thanos est un bad guy d’une envergure folle qui empile les moments marquants comme des briques. Les différentes scènes d’intrigues où il est impliqué, construites autour des rapports complexes avec certains personnages clés (Gamora, Stark) viennent enrichir le propos du film et contrebalancer sa dimension d’orgie pyrotechnique. Thanos se pose instantanément comme le boss du game, l’alpha et l’omega des supers, le saint patron de l’UCM. Sans révéler les tenants d’une situation finale à laquelle personne ne s’attendait, d’une gravité inédite pour la maison des idées, la dernière apparition du titan, tout en mélancolie et en langueur douce-amère, se place easy money dans les plus grands moments du cinéma mainstream de la décennie. Pas exempt de défauts qui pourraient s’avérer rédhibitoires ailleurs (mise en scène très fonctionnelle, tendance lourde à la vanne facile, longueurs), Avengers: Infinity War se présente en définitive comme le film qu’il a toujours prétendu être : un grand spectacle généreux et rassembleur, dense et sincère, le point d’orgue d’une décennie tapageuse, construite sur l’autel du kif. Un bon film certes, mais surtout un immense Marvel.
Avengers: Infinity War, actuellement dans les salles.
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