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REVIEW SANS SPOILER: Batman v Superman: Dawn of Justice

Le verdict d'UDC.com sur la folie du mois!

La recommandation de Timo

Le mois de décembre est souvent synonyme de fêtes de fin d’année et, pour ce mois particulier, je ne peux que vous recommander The Marvel Nightmare Art of Peach MomokoQue ce soit pour l’offrir à quelqu’un ou se l’offrir soi-même, cet ouvrage qui regroupe de multiples dessins de la dessinatrice Peach Momoko en mettra plein les yeux !

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Batman v Superman_fight

Après le semi-échec critique de Man of Steel, Warner Bros. a décidé contre vents et marées de laisser les clefs du futur univers cinématographique DC à Zack Snyder, réalisateur talentueux mais quelque peu contesté. Plutôt desservi par une campagne marketing bulldozer, avec des trailers révélant à peu près tous les moments clés de l’intrigue, Batman v Superman : Dawn of Justice arrive sous nos contrées précédé d’une réputation peu flatteuse et d’une aura écornée. Alors qu’en est-il vraiment ?

En premier lieu, il est important de souligner que le film partait avec un handicap qui en aurait fait s’effondrer plus d’un: un cahier des charges absolument dantesque à assumer. Dawn of Justice devait à la fois faire suite à Man of Steel, acter la renaissance du mythe de Batman au cinéma en le recontextualisant, devenir une introduction idéale au développement de tout l’univers cinématographique DC, se présenter comme une antithèse parfaite aux films estampillés Marvel et satisfaire le grand public désireux de retrouver le frisson de la trilogie Dark Knight tout en amenant son lot de nouveautés.

Autant dire que réussir sur tous les tableaux était, il faut bien l’avouer, mission quasi-impossible. Et c’est dans ce sens que le long métrage trouve d’emblée sa plus grande vertu : il se présente comme un continuel acte de foi, presque conscient de l’impossibilité de satisfaire à ses devoirs mais assez téméraire pour affronter tout cela de front avec un sérieux et une application qui, n’en déplaise à certains, force l’admiration.

L’intrigue de Dawn of Justice prend place, après une introduction d’une élégance folle, à la suite directe de Man of Steel, au moment où Superman (Henry Cavill)  et le Général Zod se livre un duel acharné en plein cœur de Metropolis. Cette scène, nous plonge in medias res dans un espace invisible jusqu’alors : celui du sol, c’est-à-dire du point de vue des témoins. Et quel meilleur témoin que Bruce Wayne (Ben Affleck) qui en l’espace d’une scène se révèle dans toute sa dimension héroïque malgré toute sa sidération face à ce spectacle apocalyptique. D’emblée, cette prise en compte tragique des dégâts causés par des forces qui dépassent l’entendement humain est une idée forte et un affranchissement assez net de ce que l’on a pu voir chez Marvel depuis dix ans : chaque action, combat, rencontre entre ces surhommes est sujet à conséquence et est susceptible d’avoir un prix, souvent très lourd.

De ce postulat de départ, le film élabore son programme : Batman CONTRE Superman. Ne cherchez pas plus loin, tout est dans le titre. Mais au-delà de l’évidence d’une confrontation annoncée,  il est nécessaire de souligner son traitement, dans toutes ses dimensions possibles. C’est tout d’abord un combat symbolique, celui de l’humain contre le divin comme le souligne toute la première partie du film. En cela, la quête aveugle de Bruce Wayne/Batman pour descendre Superman de son piédestal trouve un contrepoint dans les machinations de Lex Luthor (Jesse Eisenberg, en roue libre) qui n’a de cesse de théoriser l’affrontement à grands coups de tirades grandiloquentes.

Alors certes, ce build up souffre des mêmes défauts narratifs que celui de Man of Steel : il se présente comme une succession de scènes brillamment réalisées mais manquant cruellement de liant, de fluidité narrative pour que les enjeux s’imposent de manière claire au spectateur et qu’il y trouve un écho pleinement satisfaisant pour la suite. C’est l’ultime défaut du cinéma de Snyder : cette sensation de pesanteur qui prend un temps fou à envelopper le spectateur pour ensuite le laisser sur le carreau avec le désagréable sentiment de ne pas en avoir assez vu.

Puisque le cinéma est avant tout une question de dosage subtil, autant dire que Dawn of Justice ne fait vraiment pas dans la dentelle. Mais bon sang, quel générosité dans sa réappropriation des icônes ! Tout dans la mise en place du contexte transpire la sincérité et l’amour pour les deux personnages. Outre le fait que Clark Kent/ Superman confirme sa posture de dévot à la fois lumineux et naïf idéalement tracé par Man of Steel, le Batman de Snyder crève littéralement l’écran par sa dimension psychotique, trainant son œdipe de cauchemar en cauchemar tout au long du film. Ce Batman désabusé, en ligne directe avec celui de du Dark Knight Returns de Frank Miller est, sans conteste la plus belle incarnation du chevalier noir sur grand écran et la plus grande réussite du film.

Si le travail d’acting de Henry Cavill et Ben Affleck est relativement louable, c’est bien leurs  corps qui donnent réellement le change aux personnages qu’ils interprètent : des monstres physiques aux faciès un peu limités certes, mais à l’extraordinaire présence scénique. Des personnages de comics en somme. A cela, il faut également souligner la réussite de l’intégration du personnage de Diana Prince/Wonder Woman (Gal Gadot) au récit, qui se présente comme un magnifique aperçu des promesses de développement de l’univers cinématographique DC, bien plus en tout cas que les caméos des autres méta-humains amenés, il faut bien le reconnaître, avec la subtilité d’un tractopelle dans un concours de majorettes.

S’ensuivra bien évidemment l’affrontement physique entre les deux titans, dont le combat, s’il tient toutes ses promesses en matière de pyrotechnie et d’intensité, aboutira à une issue assez surprenante et étonnement intime. Et c’est bien là que se situe la plus grande ligne de division de Dawn of Justice. Comment accepter que la véritable nature de l’affrontement se situe à une autre échelle, bien plus déceptive ? C’est toute l’ambiguïté du film. Reste à chacun de savoir s’il adhère au message ou non. De même que le combat final en forme d’apothéose (avec un Doomsday des grands soirs) achève de nous en mettre pleins les mirettes en apportant son lot de déflagrations, de plans iconiques et de moments de bravoures absolument insensés, la conclusion nous laisse groggy, le regard chancelant et un filet de bave aux lèvres.

A l’image de ce que traversent ses personnages, Dawn of Justice prend avec le recul une tournure d’épreuve, terriblement imparfaite, mais absolument sincère, retorse, audacieuse et unique.  Et allez, osons le dire: il devient un grand film.

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