La recommandation de Timo
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Sorti au terme d’un marathon promotionnel de plus d’un an et demi, Suicide Squad était attendu au tournant. Censé relancer l’Univers cinématographique DC après les semi-échecs de Man of Steel et Batman v Superman: Dawn of Justice, le film s’avançait au fil des semaines avec une chape de plomb de plus en plus lourde à porter. Pourtant, la promesse d’un spectacle tapageur, original et bigarré avait fait feu de tout bois auprès d’une communauté de fans trop heureux de découvrir à l’écran une team d’anti-heros capable de dynamiter les codes du DC movie traditionnel. Verdict ? Un désastre.
Autant il y aller franco, quitte à tirer sur l’ambulance et suivre le consensus de critiques négatives aperçu sur la toile depuis une semaine : Suicide Squad est un scandale. Une aberration filmique. La preuve irréfutable qu’il y a actuellement quelque chose de pourri au royaume d’Hollywood. Et ce pour bon nombre de raisons, à commencer par le traitement infligé aux personnages. Censé représenter un panel éclectique et représentatif de la richesse de l’univers DC, chaque membre du contingent se voit finalement réduit à sa propre fonction, comme un lot de figurines au rabais.
Les producteurs de Warner Bros. visiblement désireux d’orienter le métrage en misant sur le potentiel commercial de ses acteurs stars (Will Smith, Margot Robbie) ont délibérément annihilé les efforts des protagonistes secondaires. Après une présentation clipesque (et vu mille fois) en début de film, les membres de la Task Force X n’existent que pour occuper des places prédéfinies avec, au choix, le badass torturé (Rick Flag), l’idiot du village (Boomerang) ou la brute monolithique (Killer Croc). La palme du ridicule revient toutefois à Amanda Waller (pauvre Viola Davis) dont le regard bovin et les apparitions aléatoires ponctuent le film de grands moments nanardesques.
Quid des personnages principaux ? Deadshot et Harley Quinn, un peu mieux servis en termes de background, essayent tant bien que mal de porter le film à grands renforts de morceaux de bravoure et de punchlines calibrés. Mais le mal est fait. En privilégiant la forme sur le fond, David Ayer a commis l’erreur fatale de dénaturer en profondeur ses icônes. Bien qu’explicitement mentionnés, le caractère sociopathe de Deadshot et la schizophrénie de Harley, si évident dans les comics, se voient ici réduits à peau de chagrin. Et c’est peu dire que le traitement réservé au Joker souffre des mêmes problèmes. En plus d’une interprétation quelque peu nombriliste, Jared Leto n’arrive jamais à surnager dans la peau du clown, la faute à un nombre trop restreint de scènes et une influence quasi nulle sur le récit. Dommage.
Mais le point de rupture du film, celui qui le fait entrer dans la zone de non-droit où se côtoient les Fantastic 4, Daredevil et autres Green Lantern, réside dans les choix artistiques opérés par le studio. Les reshoots de dernière minute, censés apporter un peu de légèreté au film, le plombent littéralement. En plus d’un montage effectué à la truelle, la volonté des décideurs de marier la noirceur de DC avec un humour carambar et des effluves colorées nous ramènerait presque aux grandes heures des Batman de Joël Schumacher. En voulant à tout prix rectifier le tir de Dawn of Justice et se rapprocher de codes Marvel (on pense à Guardians of The Galaxy notamment ), Warner Bros. a fait de Suicide Squad un film schizo, bancal et le pire de tout, déconnecté de son propre univers.
En définitive, c’est donc la tristesse qui domine, celle de voir une mise en scène intéressante gâchée par des coupes intempestives et des personnages pleins de potentiel sacrifiés sur l’autel du ‘cool’. Reste la bande-son, assez bien troussée bien qu’un peu trop illustrative, qui fait le job et sauve les meubles. L’inquiétude est désormais de mise pour la suite du DCEU, qui semble se perdre dans une guerre d’ego face à la concurrence. Gageons que les prochains films sauront relever le niveau et faire oublier cet accident industriel.
Suicide Sqaud est actuellement dans les salles.
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