La nouvelle édition à avoir dans sa bibliothèque !
Urban Comics sortent ce mois-ci des éditions de luxe de trois de leurs comics DC ! S’il y en a un à ajouter sa bibliothèque, sans aucune doute, c’est l’iconique Watchmen d’Alan Moore et Dave Gibbons !
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Bonjour à vous geeks et super-fans, et bienvenue dans le second numéro du Divan des Héros! L’épisode précédent était consacré à l’homme d’acier, probablement le personnage le plus emblématique de l’univers super-héroïque. Mais ayant ainsi traité une icône de DC Comics, nous allons à présent nous atteler à explorer la psyché d’un autre “symbole” du patriotisme américain, emblème de la maison Marvel: CAPTAIN AMERICA.
Le personnage fût créé en 1940 par le dessinateur Jack Kirby et le scénariste Joe Simon. A cette époque, Simon et Kirby sont recrutés par la société Timely Comics, qui possède notamment Namor le prince de l’Atlantide, et l’androïde la Torche Humaine (à ne pas confondre avec le membre des 4 Fantastiques Johnny Storm). La société est certes florissante, mais loin d’égaler le succès de DC Comics avec Superman. Malgré leurs nombreux essais, aucune des créations des deux auteurs ne sort du lot.
Cependant, les tensions internationales qui annonce l’arrivée prochaine d’une guerre, ainsi que le statut des juifs en Allemagne, inquiètent Kirby, Simon et Martin Goodman (propriétaire de Timely Comics), car ils sont tous les trois d’origine juive. La situation les pousse à vouloir créer un nouveau super-héros patriotique pour Timely, sachant que plusieurs personnages de ce genre existent déjà (comme The Shield) et qu’ils sont très populaires.
Ainsi, après plusieurs mois de recherche et de développement, Captain “Cap” America voit le jour, et apparaît pour la première fois dans Captain America Comics #1, le 20 décembre 1940. Dès ce premier numéro, les personnages de Bucky (son acolyte) et Crâne Rouge (son Némésis) sont présents et seront récurrents jusqu’à aujourd’hui. Le succès est immédiat, si bien que ce premier numéro se vendra à des millions d’exemplaires. Seulement John Goldwater, l’éditeur de MLJ Comics et propriétaire du personnage “The Shield”, accuse les deux auteurs de plagiat, notamment vis à vis du bouclier triangulaire de Captain America, qui selon lui serait totalement inspiré de celui de son personnage. La réponse de Goodman est sans appel: le personnage portera un bouclier rond dans les épisodes à venir.
Simon et Kirby dessineront les dix premiers numéros du comics, se faisant aider par plusieurs artistes pour l’encrage et des scénaristes aussi, notamment un certain Stan Lee. Cependant, à la suite d’un désaccord financier entre les deux auteurs et Goodman, ils partent travailler chez National Comics, où ils dessineront d’autres héros.
Après une période à vide d’après guerre, où les super-héros sont passés de mode, Stan Lee et Jack Kirby ressuscitent le personnage en novembre 1963 dans les pages du quatrième numéro de la série Avengers, lorsque l’équipe des Vengeurs le retrouve dans les glaces de l’Arctique. Timely Comics a entre temps changé de nom, se nommant désormais Marvel Comics.
Après bon nombre de recherche, j’ai trouvé peu de recherches et d’études sur la psychologie de Captain America, alors que c’est un personnage qui à 76 ans d’existence. Cependant, bien qu’ayant été créé en temps de guerre pour être la personnification des valeurs d’un pays, il se révèle bien plus complexe qu’il n’y parait. Car avant de devenir Captain America, il y avait Steve Rogers.
Steve Rogers est né le 4 juillet 1917 (jour de la fête de l’indépendance américaine) dans le quartier du Lower East Side à New York. Ses parents, Sarah et Joseph Rogers, étaient des immigrés irlandais pauvres, dont les familles avaient fui la grande famine irlandaise du milieu du XIXème siècle, comme des millions d’autres. Son père, alcoolique, est mort quand il était enfant, laissant sa mère seule pour l’élever et subvenir à ses besoins. Elle mourra d’une pneumonie lorsqu’il sera diplômé de sa dernière année de lycée. Steve est un enfant frêle et fragile, mais il a un don pour le dessin et l’imagination, étant passionné par les univers fantastiques. C’est un artiste. C’est une des raisons pour lesquelles les brutes de son quartier s’acharnaient contre lui, même s’il était souvent protégé par son ami d’enfance Arnold “Arnie” Roth. Malgré tous ces malheurs, Steve héritera de son grand père idéaliste un sens aigu de la justice et de la compassion, qui lui racontait des histoires du Chemin de fer clandestin, ou d’autres combats contre l’oppression.
Alors que la seconde guerre mondiale fait rage en Europe, le jeune Steve ne souhaite qu’une chose: pouvoir combattre le nazisme en Europe en s’enrôlant dans l’armée. Seulement les médecins militaires le trouvant trop malingre, ils le réforment. Cela ne fait qu’accentuer la détermination de Rogers, qui essaye de se faire enrôler à plusieurs endroits en changeant d’identité. Cette persévérance lui vaut d’être remarqué par un général, qui lui propose de participer à une expérience: le PROJET RENAISSANCE. Il devient un sujet d’expérience, et reçoit une injection d’un “Serum du Super Soldat”, créé par le Dr Abraham Erskine (qui est en réalité le Dr Josef Reinstein, un éminent scientifique allemand ayant fui la dictature d’Hitler). Cette injection, combinée à une irradiation de “Vita-Rayon”, est censée transformer un homme normal en super soldat.
L’expérience est un succès, et Rogers en sort transformé. L’expérience a développé ses facultés physiques jusqu’au maximum du potentiel humain: il a désormais une force surhumaine, pouvant soulever jusqu’à 500 kg. Il possède une agilité, des réflexes et une vitesse surhumaine, bien au dessus de n’importe quel athlète olympique. Ses sens ont été améliorés, lui permettant même d’esquiver des balles. Il possède une régénération accrue, lui permettant de se remettre de blessures graves très rapidement, même s’il n’est pas du niveau du facteur auto-régénérant de Wolverine. Mais le sérum n’a pas amélioré que ses capacités physiques: ses facultés cognitives sont elles aussi surhumaines. Il se rappelle de tout ce qu’il a vu, entendu et vécu sans effort, il réfléchit plus vite et résout des problèmes en un temps record. Ses traits de caractères ont eux aussi été augmentés, c’est pour cela qu’Erskine ne cherchait pas un soldat parfait, mais un homme bon et altruiste, connaissant la valeur de la force. Son sens du devoir, son courage, sa loyauté, son patriotisme, sa détermination, tout cela a été exacerbé.
Un fait intéressant sur ce personnage est qu’avant l’éclatement de la seconde guerre mondiale, Steve Rogers est un étudiant aux beaux-arts, spécialisé dans l’illustration, ainsi qu’un auteur et un dessinateur de bande dessinée. Il est donc l’un des rares super-héros de bande dessinée à avoir été lui-même un auteur de bande dessinée. Un clin d’œil original et amusant de la part de Simon et Kirby.
Comme nous l’avons vu plus haut, Captain America fût créé à une époque troublée, où l’Amérique voyait un équilibre mondial instable, et avait besoin d’un emblème, d’une représentation de l’idéal américain. Il est la personnification des valeurs américaines de l’époque: honneur, loyauté et courage.
L’honneur est sans doute le trait principal du personnage: qu’importe la situation, il se comporte toujours honorablement. Cela est dû, tout comme son sens aigu de la justice, à son enfance, où il a vu son père devenir un homme méprisable à cause de l’alcool et du désespoir. Ce trait de caractère définit l’homme qui l’est, prenant toujours la défense des faibles et des opprimés, s’opposant aux oppresseurs d’où qu’ils viennent. Rogers le dit d’ailleurs à Erskine, juste avant de participer à l’expérience dans Captain America: The First Avenger, lorsqu’il lui demande s’il souhaite tuer des Nazis: “Je ne souhaite tuer personne. je haï les brutes. D’où qu’elles viennent.” Cette phrase à elle seule résume le personnage: c’est un homme bon, tout simplement, comme le pensait Erskine. Il est un combattant hors-pair, mais il cherche toujours à résoudre une situation en évitant que quelqu’un soit blessé, même lorsqu’il est acculé.
Dans l’arc Civil War de 2006, Steve Rogers s’oppose à la loi de recensement des surhumains car il sait les conséquences et les pertes que cela aura sur la communauté des super-héros. A chaque fois qu’il s’oppose à Stark (qui est pour la loi), il essaie de lui faire comprendre son point de vue, mais celui-ci est persuadé que cette fois, c’est Captain America qui se trompe. Lorsqu’une bataille géante entre les deux camps de héros éclate dans le centre de New York, Rogers finit par avoir le dessus sur Stark, mais sera arreté par les citoyens, se rendant compte que les héros ne se battent plus pour le peuple. Cela le plongera dans un profond désarroi, et il prend encore une fois la décision la plus honorable: il se rendra aux autorités de son plein gré. Son attitude lui vaut d’ailleurs d’être un modèle pour bon nombre de héros, toutes générations confondues. Ils voient en lui le meilleur d’entre eux, quelqu’un capable de prendre des décisions difficiles dans des situations cruciales, et faisant toujours ce qui est juste.
Le courage est un autre trait important de Captain America: il ne recule jamais devant le danger ou la difficulté, il est prêt à risquer sa vie pour les autres. C’est toujours le premier à se lancer dans une bataille, le premier sur la ligne de front, inspirant les autres à faire de leur mieux. Par sa présence, il apporte courage et détermination dans des situations où tout semble perdu.
Mais cela signifie aussi avoir le cran de prendre des décisions difficiles: Dans Avengers: Age of Ultron, Rogers est aidé par les jumeaux Maximoff lorsqu’ils arrêtent un train lancé à pleine vitesse dans Séoul. Une fois la crise passée, les Maximoff, qui se sont retournés contre Ultron, demandent à Rogers si le corps synthétique qu’Ultron convoite est hors de sa portée. il leur répond que Iron Man s’en occupe mais ils le mettent en garde contre l’attitude bornée et dangereuse de Stark. Alors que rien ne l’y oblige, Captain America leur fait confiance et les emmène à la rencontre de Stark, qui essaie de télécharger J.A.R.V.I.S à l’intérieur du corps de synthèse. On voit ici un exemple flagrant d’une décision difficile que Cap a pris, se fiant à son intuition: il a le cran de mettre en doute les motivations de l’un de ses équipiers, tout en faisant confiance à des opposants. (la scène commence à 3min30)
Il incarne cette valeur de l’Amérique: quelque soit les obstacles, il faut croire en soi et persévérer, quoiqu’il advienne. En effet, rappelons que les Etats-Unis subirent en 1929 l’une des plus grave crises de leur existence, avec l’effondrement de leur économie et la famine qui s’est abattue sur la population. Dix ans plus tard, ils étaient redevenus l’une des plus grosses puissances mondiales. Cette crise à d’ailleurs façonné l’enfance du personnage, grandissant dans un Brooklyn meurtri par la crise. Tout les jours, le jeune Steve Rogers voyait la misère dans les rues, la violence augmentée à mesure que le désespoir s’installait. Il est surement probable que ses convictions furent éveillées à ce moment précis de sa vie, car l’homme est façonné par les crises qu’il traverse tout au long de sa vie.
Captain America est un modèle de loyauté, et fait preuve d’un sens du dévouement étonnant. Son credo est celui de tout bon soldat: On ne laisse personne derrière, et on doit se battre pour protéger ceux qu’on aime. Lorsqu’il fût enrôlé dans l’armée américaine, il s’engagea comme simple soldat, mais devint rapidement un symbole pour ses camarades. Dans le film Captain America: The First Avenger, lorsqu’il apprend que de nombreux soldats sont retenus dans un camp ennemi, il va les délivrer tout seul, ne voulant laisser personne derrière.
Lorsqu’il perdra son ami Bucky Barnes lors d’une mission, Rogers ne s’en remettra jamais vraiment, se reprochant la mort de son ami. Dans Captain America: The Winter Soldier, Cap apprend que son ami n’est pas mort dans sa chute, mais que l’HYDRA, l’organisation fanatique de son Némésis Crâne Rouge, l’a récupéré, lui effaçant la mémoire et le transformant en un assassin d’élite: Le Soldat de l’Hiver. Ce dernier essaie de le tuer à plusieurs reprises, car Cap est en train de découvrir que l’HYDRA a infiltré le SHIELD à tout les niveaux, utilisant cette organisation pour imposer leur fanatisme au monde. Bien que Bucky ne le reconnaisse pas et veuille le tuer, Steve ne souhaite pas le tuer mais veut le protéger, le ramener à la raison en le faisant se souvenir de lui. Bien que son ami ne soit plus là, Cap reste fidèle à lui jusqu’au bout, même après que Bucky le passe à tabac. Durant leur enfance et avant que ce dernier parte à la guerre, Bucky et Steve étaient très proches, les meilleurs amis du monde. Bucky le protégeait des brutes contre lesquelles Steve s’opposait par conviction, et il l’a soutenu lors de la mort de sa mère. Steve ne pouvait se résoudre à tuer son ami, même lorsqu’il était devenu un danger. Une loyauté sans bornes dont peu de personnes sont capables.
Voila pour les valeurs et traits de caractère du personnage, mais j’aimerais aborder un autre point intéressant. Plusieurs études scientifiques ont décrit le personnage de Steve Rogers comme un exemple parfait de dépression, car il démontre cinq des huit symptômes de cette maladie. Il est vrai que la dépression touche chacun de manière différente, mais il est intéressant de se demander comment une maladie touchant un héros masculin aussi charismatique pourrait influer sur les autres héros.
- Humeur triste/ Déprimé: Ayant été endormi dans la glace pendant 70 ans, il doit se réadapter à un monde totalement différent du sien, ce qui veut dire apprendre l’histoire de la période qu’il a raté, ainsi que la pop-culture et l’évolution des technologies. Mais cela veut aussi dire tirer un trait sur son passé, car de tout les gens et amis qu’il a connu, seul l’agent Peggy Carter est toujours en vie. De quoi déprimer même le plus dur à cuire des héros.
- Perte d’intérêt pour les loisirs: Hormis les missions et son rôle au sein du SHIELD, Rogers n’a que peu d’autres activités. Il court et s’entraîne, mais cela est plus pour se maintenir en forme que par plaisir. Dans le second volet de Captain America, Natasha et Steve discutent pendant leur mission pour secourir de bateau du SHIELD “Lémurian Star”. Elle lui demande s’il a recommencé à sortir, et ce dernier lui répond que ses amis de son quartet de chant sont morts. Lorsqu’elle lui demande pourquoi il ne sortirai pas avec une femme, celui-ci lui répond ne pas avoir le temps. Il reste donc totalement focalisé sur son travail en occultant tout le reste.
- Fatigue/ Perte de sommeil: Au début d’Avengers, Nick Fury vient le voir lorsque celui-ci s’entraîne. Il lui demande s’il a des insomnies, ce à quoi Steve répond: “J’ai dormi pendant 70 ans. Je pense avoir mon compte”. L’un des symptômes de la dépression est la perte partielle ou totale de sommeil, amenant une fatigue importante pour le corps et l’esprit du malade. Cependant Steve Rogers ne peut ressentir les effets normaux d’une perte de sommeil à cause du sérum du super soldat. Cet absence de sommeil constante ne l’affecterait donc que partiellement puisque la régénération de son organisme est supérieur à celle d’un humain normal, il ne ressent donc pas la fatigue d’un manque de sommeil.
- Sentiment de culpabilité infondé: Comme on l’a vu précédemment, il est très affecté par la “mort” de Bucky dans le premier volet. Se saoulant seul dans des ruines, il confesse à l’agent Carter que ses actions ont mené à la mort de son meilleur ami. Dans le second volet, lorsqu’il apprend que Bucky est vivant, il est d’abord choqué, puis se sent responsable de ce qu’il lui est arrivé. Il va presque jusqu’à accepter de mourir des mains de son ami, à cause de cette culpabilité non fondée.
- Envie de mort récurrente: Il met souvent délibérément sa vie en danger, car il n’a pas peur de mourir. Il accepte la mort comme le meilleur choix possible, comme dans le second film, lorsqu’il dit à Bucky que ce dernier peut le tuer, car lui ne veut pas le blesser. Ce qui est contradictoire avec une scène quelques minutes plus tard où l’on voit Cap soumettre Bucky sans le blesser. Dans le premier film, il crashe volontairement le bombardier de l’HYDRA dans l’océan, restant à ses commandes Cependant il pouvait très bien sauter avant que l’avion ne s’écrase! Ceci serait donc une des explications possibles à la bravoure du personnage.
Un débat intéressant, qui soulève beaucoup de questions quant à l’authenticité des valeurs du personnage, si la théorie de la dépression du personnage est avérée.
En ce qui concerne ma vision de Captain America, je dirais qu’il représente pour moi plus que les valeurs d’une nation: il est une représentation des héros des mythes antiques tel qu’Achille, Ulysse, Beowulf, Sigurd ou encore Finn MacCool. Il a été créé pour inspirer et rassurer une population sur laquelle l’ombre d’une guerre planait, tout en leur montrant que l’Amérique pouvait venir à bout de tout. Au fil des années, le personnage s’est étoffé, gagnant en nuance et en force de caractère, pour devenir l’emblème d’un pays mais aussi celui de la communauté des super-héros. Il est un modèle, une inspiration montrant aux citoyens le pouvoir qu’ils possèdent en eux, et qu’ils ne doivent jamais cesser de croire en la vérité, la justice et en eux-même.
Merci de m’avoir lu jusqu’au bout, j’espère que vous avez pris autant de plaisir à me lire que moi à écrire cet article. Je vous donne rendez-vous dans un mois pour l’épisode 3, qui sera un peu moins héroïque…
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