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CULTURE FLASHBACK: Tank Girl

Back to basics

La recommandation de Timo

Pour ce mois de novembre, je vous propose d’ajouter à votre collection le troisième volet du Mythe de l’Ossuaire, l’univers partagé d’horreur rurale par excellence ! Ce nouvel opus, toujours par Jeff Lemire et Andrea Sorrentino, s’intitule Les Résidents et c’est toujours aussi bon !

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Parce qu’il y a eu une vie avant Suicide Squad et Guardians of the Galaxy, Culture Flashback est de retour pour dépoussiérer quelques fossiles et (re)secouer les cocotiers. Au programme ce mois-ci, un monument déchu et oublié du plus grand nombre : Tank Girl de Rachel Talalay. Let’s rock !

“I’m gonna hit you so hard, your children will be born bruised!” -Rebecca.

Dans la série des objets filmiques joyeusement barrés que nous ont offert les années 90, Tank Girl occupe une place de choix. Adaptation du comics culte des britanniques Alan Martin et Jamie Hewlett, à qui l’on doit l’univers graphique de Gorillaz, le film jouit encore aujourd’hui d’une réputation terrible. Véritable four à sa sortie (4$ millions de recettes pour 25$ millions investis), Tank Girl a mis la critique sans dessus dessous, les investisseurs aux abois et ses têtes d’affiches au placard pendant des années. Alors, 20 ans après, il vaut quoi ce Tank Girl ? Grosse daubasse ou film trop avance sur son époque ?  Les deux mon capitaine !

Prenant place dans un univers futuriste post-apo, le film nous présente l’histoire de Rebecca (Lori Petty), une héroïne complètement givrée à la tête d’une petite armée de survivants en quête de l’ultime ressource : l’eau. En opposition à nos gentils dingos se dresse un bad guy à temps complet, le tyrannique Kesslee (Malcolm McDowell), CEO de la multinationale Water & Power (ça ne s’invente pas) qui s’amuse à casser des verres de flottes toute les 2 minutes et à liquider ses sbires par plaisir.

Ce qui frappe d’emblée quand on se replonge dans l’univers bigarré du film, c’est sa volonté d’y aller à fond. Mais vraiment à fond. Tank Girl regorge d’inventions farfelues faites de bric et de broc, de costumes et décors criards à mi-chemin entre Mad Max et un mauvais clip MTV, d’accessoires en plastoc fluo et de maquillages cracra. En somme, il valide case par case le cahier des charges du futur dystopique à la sauce nineties, le coté cartoon en plus.

Cette idée de distant future  que l’on retrouve dans bon nombre de productions de l’époque (Strange Days, Total Recall)  renvoie à la fascination exercée par les codes de la contre-culture après une décennie où le mainstream à pris son essor. Ainsi Tank Girl peut se lire comme une sorte de manifeste grunge et indé (les morceaux de Hole, Bikini Kill ou Devo inondent la B.O) qui n’oublie jamais son matériau d’origine. Et ça, c’est plutôt sympa. En effet, le métrage est parsemé de séquence fixes et animés tirées du comics ou élaborées par Hewlett lui-même qui renforcent son caractère et sa singularité.

Autre excellent point, si ce n’est le meilleur, Tank Girl est peut-être le premier film du genre à mettre les femmes sur le devant de la scène. Les Furiosa, Katniss Everdeen et Jyn Erso d’aujourd’hui doivent indéniablement quelque-chose à Rebecca et Jet Girl (Naomi Watts), l’acolyte lesbienne et timide qui s’émancipe au fil de l’histoire. Voir ce duo de riot girls fluo mettre la misère à toute une armée de gros machos débiles détonnait certainement dans le paysage cinématographique d’une époque où les Stallone, Schwarzy et autres Steven Seagal régnaient en maîtres sur le box-office mondial. Si seulement il n’y avait pas tout le reste…

Mais malheureusement il y a tout le reste.

L’histoire peut s’assimiler grosso-modo à celle d’un album d’Astérix (vilains pas beaux contrôlent 99% du territoire et veulent récupérer la partie restante en dégageant ses occupants), et le jeu des acteurs repousse les limites du WTF.  Si le cabotinage extrême d’un Malcolm McDowell, alors en pleine traversée du désert, peut être acceptable dans la mesure où il colle à la nature de son personnage,  le jeu outré de Lori Petty dans la peau de Tank Girl est à la limite du pétage de câble. Trop vieille pour le rôle,  l’actrice de Point Break en fait des TONNES pour paraître cool et déjantée, affublant son personnage d’une voix criarde et enfantine mettant le spectateur au supplice. Erreur de casting évidente et regrettable qui a  eu pour effet de ruiner le début de carrière de Petty, actrice par ailleurs talentueuse dans des rôles plus appropriés (Orange is the New Black).

Même combat pour le reste du cast, avec une  mention spéciale aux hommes de main de Kesslee aux regards bovins et aux Kangaroo Men qui essayent d’exister derrière leurs maquillages dégueux (pauvre Ice-T). Reste Naomi Watts qui s’en sort miraculeusement au milieu de tout ce bordel, au point de lancer sa carrière exceptionnelle sur ce rôle de Jet Girl. Coté mis en scène ce n’est pas brillant non plus, les faux raccords sont légions et les incohérences de scénar, absolument grotesques. Reste le coté nihiliste de l’ensemble, qui, s’il est assez discutable sous certains aspects (tortures, meurtres et tentatives de viol traités avec légèreté) a le mérite de ne jamais céder aux compromis.

C’est peu dire que les critiques de l’époque sont tombés à bras raccourci sur ce Tank Girl, mettant un violent coup d’arrêt à la carrière de la très sympathique Rachel Talalay, qui reviendra petit à petit sur le devant de la scène avec son travail remarquable sur bon nombre de séries TV (Sherlock, Doctor Who, Flash, Supergirl).  Bardé de bonnes intentions et louable sous bien des aspects, cet objet filmique non identifié qu’est Tank Girl demeure une référence pour les fans de curiosités cinématographiques et/ou un souvenir douloureux que certains préféreront oublier.

Un film qui rend un peu schizo en fait.

TANK GIRL, de Rachel Talalay (1995).  Avec Lori Petty, Ice-T, Noami Watts, Malcolm McDowell.

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