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Il était grand, il était beau, il sentait bon le cigare chaud… ton mercenaire. Mais au final, comme bon nombre de ses petits camarades, il est resté bien au frais à la cave des studios. Pour ce septième numéro, Lost Projects s’arrête au bord de la route pour s’asseoir aux cotés du Main Man, histoire de faire toute la lumière sur la bête et ses mirages. Ladies and gentlemen, Lobo !
Lobo est un personnage un peu à part dans la galaxie DC Comics. A la fois alien haut en couleur, mercenaire badass et chasseur de primes ultra-violent, on peut l’appréhender comme une réponse tardive et parodique à certaines figures mythiques de Marvel, tel que Wolverine ou Cable. Imaginé par le dessinateur Keith Giffen en 1983, Lobo explose vraiment durant les années 90 où son côté arrogant, égocentrique et primal s’accommode parfaitement aux canons du Dark Age des comics (Spawn, Punisher, New Mutants…). Dernier survivant de la planète Czárnia qu’il a lui-même éradiqué, il arpente l’univers en qualité de bounty hunter, acceptant toutes les missions qui lui tombe sous le nez. Inutile de dire qu’avec un tel background, le Khundian (« celui qui dévore vos entrailles et aime ça ») avait de quoi attiser les convoitises des studios.
Après avoir essuyé les plâtres du projet Justice League Mortal, Warner Bros. est à la recherche de nouvelles têtes d’affiche pour contrer la montée en puissance de ses rivaux de la Fox et Marvel Studios. En septembre 2009, les producteurs annoncent en grande pompe l’arrivée du très bankable Guy Ritchie pour diriger l’adaptation live de Lobo, en lieu et place de Doug Liman (Bourne Identity, Mr. And Mrs Smith), dont le nom avait fuité dans la presse. C’est le producteur Joel Silver (Matrix, Lethal Weapon, Predator) qui se positionne le premier sur ce projet qu’il juge ambitieux dans sa promesse de noirceur et d’autodérision. L’écriture du script est attribuée à Don Payne, scénariste régulier sur The Simpsons.
Très vite un synopsis est relayé par Variety pour faire monter la hype : Lobo, anti-héros indestructible à la peau bleu, grand de sept pieds de haut et monstrueusement musclé ère sur Terre au volant de sa moto pimpée, à la recherche de quatre aliens en cavale. Il fera équipe avec une teenager issue d’une petite bourgade pour stopper les créatures. Tout un programme.
La pré-production de Lobo débute donc au début de l’année 2010, et les premières rumeurs témoigne d’une volonté de Ritchie d’apporter le ton décalé et irrévérencieux qui avait fait le succès de Lock, Stock and Two Smoking Barrels et Snatch. D’emblée, le studio réclame au scénariste de calibrer son travail pour que le film obtienne un PG-13 et s’assurer ainsi de limiter la casse en cas d’échec commercial. Curieuse idée pour un projet articulé autour du personnage le plus violent et vulgaire de l’écurie DC Comics et première difficulté de taille.
Les réécritures du script s’enchainent et les premières rumeurs casting arrivent dans la foulée. Conscient que Lobo pourrait bien être the next big thing à Hollywood, certains acteurs se positionnent ouvertement, comme en témoigne cette déclaration de l’excellent Jeffrey Dean Morgan (Watchmen, The Walking Dead) pour le magazine Collider :
« Vous savez qu’ils sont en train de faire Lobo en ce moment ? Ça pourrait être cool. Lobo pourrait être vraiment cool. Je ne pense pas que je suis aussi costaud que Lobo mais s’ils pouvaient transplanter le corps de Mickey Rourke sur ma tête ce serait parfait. A chaque fois que j’entends une rumeur de ce type je fonce m’acheter des bouquins et je jette un œil sur des sites comme le vôtre. On verra bien. Les studios ont vraiment l’air de graviter autour de ce type de projet d’adaptation fun et intelligent. Les comics c’est vraiment le truc du moment. »
Autre acteur à être pressenti pour intégrer le cast de Lobo, le terrifiant Clancy Brown (Kurgan dans Highlander) qui prêterait ses traits à un ennemi potentiel du Main Man. Les discussions vont également bon train pour savoir si le look des personnages principaux sera conçu en maquillage « physique » à la manière du Hellboy de Guillermo Del Toro ou alors en pure motion-capture, Gollum style. Pour ce faire, Joel Silver embauche Legacy Effects , le tout nouveau studio FX fondé par Alan Scott après la disparition de Stan Winston, responsable des effets visuels de 2012, Avatar et des futurs hits Marvel (Avengers, Iron Man 3, Captain America: Civil War).
Autant dire que tout commence à se mettre place pour faire de Lobo, l’un des des hits de l’été 2011. Mais le succès colossal et inattendu de Sherlock Holmes va rebattre les cartes chez Warner. Seulement quelques mois après son lancement, Joel Silver déclare à propos du projet: « Finalement, je ne pense pas que ça se fera dans l’immédiat. Le studio nous demande avec Guy de nous focaliser sur le développement d’un nouveau Sherlock Holmes. Donc je pense que nous allons partir dans cette voie. Sherlock nous a rapporté plus de 500M$ dans le monde et représente désormais une franchise forte à développer. »
Ce virage à 180° des producteurs aura raison de la participation de Guy Ritchie mais pas du projet tout entier. La volonté nouvelle de Warner d’élaborer un univers cinématographique DC à partir du projet de reboot de Superman (le futur Man of Steel), met Lobo en stand-by mais le maintien en vie.
Fort d’un matériel préparatoire qui tient la route, le bébé est confié en 2015 au réalisateur Brad Peyton (Journey 2: The Mysterious Island) qui pense immédiatement au très bankable Dwayne Johnson dans la peau du Khundian. Après une légère refonte du script, Silver est emballé. Mais ce ne sera malheureusement pas le cas des décideurs, échaudés par les échecs successifs d’autres adaptations du catalogue DC comme The Losers, Jonah Hex ou Green Lantern. Par ailleurs le budget colossal alloué au projet Batman vs Superman annule toute possibilité pour la production de Lobo de décoller. Peyton ira se consoler sur son San Andreas en prenant soin d’emporter The Rock dans ses valises.
Aux dernières nouvelles, Lobo est toujours sur les tablettes de DC films avec Peyton aux manettes. Les succès surprises de personnages moins connu du grand public tel que Ant-Man ou Guardians of The Galaxy encourage le réalisateur canadien dans ce sens :
« Je pense que Lobo arrivera au moment où les décideurs prendront réellement conscience de son incroyable potentiel. Et je pense que ce moment est proche. Je croise les doigts pour qu’il se réalise prochainement »
Nous aussi Braddie, nous aussi.
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