La recommandation de Timo
Pour ce mois de novembre, je vous propose d’ajouter à votre collection le troisième volet du Mythe de l’Ossuaire, l’univers partagé d’horreur rurale par excellence ! Ce nouvel opus, toujours par Jeff Lemire et Andrea Sorrentino, s’intitule Les Résidents et c’est toujours aussi bon !
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DC REBIRTH : L’Amour, l’Espoir et l’Histoire en héritage
Suite aux événements décrits dans Flashpoint, DC Comics s’est offert un lifting complet en septembre 2011. Intitulé DC’s New 52, le reboot a attiré un paquet de nouveaux lecteurs et a permis à DC de tenir Marvel à distance du top 10 des meilleurs ventes de titres mensuels. Cependant, de nombreux lecteurs de longue date ne se retrouvaient pas dans cette nouvelle version de leur univers préféré et très vite, un véritable schisme s’est créé donnant naissance à de nombreuses dissensions au sein de la communauté des lecteurs.
JE VOUS COMPRENDS, LECTEURS CHERIS. RAREMENT JE N’AI EU AUTANT ENVIE DE VOIR DISPARAITRE UNE LIGNE TEMPORELLE ! NEW 52 N’A EU DE CESSE DE REMODELER LES ORIGINES DE NOS HEROS PREFERES AU POINT QUE DE NOMBREUSES INCOHERENCES IRREVERSIBLES VIRENT LE JOUR. IL ETAIT TEMPS DE REMETTRE DE L’ORDRE LÀ DEDANS. ALLEZ, CIAO LES Z’HEROS
Tu y vas un peu fort, vil Pariah. Malgré tous ses défauts, DC’s New 52 a eu le mérite d’endiguer la récession qui touchait l’industrie des comics ; ses effets s’en ressentent jusqu’à aujourd’hui. D’excellentes lignes narratives sont nées durant cette période, de nouveaux auteurs se sont illustrés et certains concepts et idées issus de là sont désormais canoniques.
Cependant, les ventes commençaient à pâtir des choix éditoriaux et de la piètre qualité de la dernière année de publication de la ligne New 52. La transhumance du lectorat vers de plus vertes contrées était en marche. Il était temps pour DC Comics de retourner le sablier et d’accoucher d’un nouveau tour de passe-passe qui remettrait un bon coup de vieux dans les récits de nos héros.
Cette variant cover de Rebirth #1 illustre la logique à l’oeuvre chez DC.
En mai 2016 débarque DC Universe: Rebirth #1 dans les étales des comic-book stores et c’est le reboot que tous les lecteurs attendaient. En 80 pages, Geoff Johns et Gary Franck mettent le doigt sur tout ce qui fait défaut à la ligne éditoriale actuelle de DC Comics: l’espoir, l’optimisme et le patrimoine. Chaque ligne de dialogue, chaque case et situation de ce one-shot est délibéré et il est passionnant de les décrypter afin de les interpréter et découvrir le message, en filigrane, de Geoff Johns.
Le narrateur principal de Rebirth, Wally West, nous balade dans tous les recoins de l’univers DC en perdition. Choisir Kid Flash n’a rien d’innocent: ce dernier est un pont entre l’Ancien et le Nouveau DC, entre les héros déchus, disparus et les chemins de perdition dans lesquels s’est perdu la maison d’édition. Wally s’adresse au lecteur et relève une grande absence :
“Certains héros étaient des légendes, ils ne sont plus que des novices”, nous annonce-t-il. “Les liens qui les unissaient sont amoindris, effacés. Des héritages entiers ont été détruits”.
Au fil de Rebirth, Wally s’adresse autant au lecteur qu’aux huiles de la maison d’édition, dans un discours meta réflexif d’une incroyable profondeur.“Ma vie était plus belle que je ne l’aurais imaginé. Mais elle m’a été arrachée… Quelqu’un nous a volé 10 années.”
La grande surprise de DC Universe: Rebirth #1 n’est pas uniquement la prévalence de l’optimisme et l’espoir, non. Ce qui est surprenant, c’est que Johns et ses compères traitent la perte de ces sentiments et valeurs comme s’il s’agissait d’une tragédie, d’un crime, d’un vol. Si l’on pousse un peu plus l’analyse et que l’on lit entre les lignes, les coupables sont identifiés par Johns Nous les découvrirons dans le prochain point de cette chronique.
DC Comics s’est perdu en chemin et a abandonné ce qui faisait la grandeur de ses héros. Le retour de Wally West, longtemps disparu, sera le point de départ d’une réaction en cascade qui affectera tout l’univers DC.
BON SANG WALLY ! TU NE POUVAIS PAS RESTER LÀ OÙ [SPOILER] T’AVAIT EXILE !? MAINTENANT JE VAIS DEVOIR ASSISTER À LA DISPARITION DE TOUT CE QUE FLASHPOINT ET NEW 52 ONT ENGENDRE ! SUPER, MERCI, AUTANT ME RENVOYER AU VIETNAM TANT QUE TU Y ES.
C’est là où Pariah se trompe ; Geoff Johns et sa cour ont eu l’intelligence de ne pas tirer un trait sur les six dernières années. Au contraire, ils ont décidé d’inclure et d’embrasser toutes les incohérences issus de Flashpoint et de New 52. Toutes ces inconsistances seront décortiquées et serviront les narrations à venir. C’est là que DC Universe : Rebirth #1 est un cas unique. Plutôt que d’opérer une table rase, on invite d’anciens camarades à la tablée : l’héritage de plus de 80 années de comics est restitué, accompagné de l’espoir et de l’amitié
Le but de cette chronique n’étant pas de vous narrer tout le récit d’un event mais plutôt d’en étudier brièvement les rouages, je vous invite à compléter votre lecture avec les titres suivants : DC Universe: Rebirth #1, Wonder Woman: Rebirth #1, Titans: Rebirth #1, The Flash: Rebirth #1 et Watchmen.
Le cas de Reverse-Flash
“Des ténèbres venues d’ailleurs nous ont infecté. Cela fait longtemps maintenant, j’ai l’impression. C’était bien avant le Flashpoint.”
En filigrane, Johns pointe du doigt les responsables de ce vol, de cette infection. Il s’agit d’Alan Moore, Dave Gibbons et Frank Miller. Nos trois lascars sont coupables d’avoir offert au monde deux des plus grands romans graphiques de l’histoire de la littérature et des arts: Watchmen et The Dark Knight Returns. Du moins, Johns condamne l’influence empirique qu’ont eu ces oeuvres magistrales sur la ligne éditoriale de DC Comics.
POUR QUI IL SE PREND CE GEOFF JOHNS !? IL EST MARRANT LUI, ALAN MOORE ET FRANCK MILLER N’ONT JAMAIS DETRUIT L’UNIVERS. ON NE PEUT PAS EN DIRE AUTANT DE LUI ! HEIN !? QUI C’EST QUI A ECRIT FLASHPOINT ET INFINITE CRISIS !? QUI C’EST QUI M’A FAIT VIVRE LES TOURMENTS DE LA FIN DU MONDE ? VOUS SAVEZ COMBIEN CA COUTE UN TICKET POUR CHAQUE PLANETE DETRUITE !?
Sur ce point, Pariah, on ne peut t’en vouloir. Cependant, Geoff Johns a toujours oeuvré pour que les héros renaissent et nous soient retournés meilleurs et pleins d’espoir. Johns ne s’attaque pas personnellement aux oeuvres de Moore et de Miller : il critique la trop grande importance que DC Comics a donné au recyclage de leurs thèmes et esthétique.
“Il y aura une guerre entre l’espoir et la désespérance. L’amour et l’apathie. La foi et l’incrédulité.”
Cette guerre est déjà en marche et la découverte du Pin’s du Comédien dans la Batcave n’est que le début d’une longue succession de révélations. Lorsque Wally West nous a été retourné, il a créé une déchirure entre la réalité New 52 et la Speed Force qui le maintenait prisonnier. Ce faisant, le fameux badge du Comédien s’est téléporté dans la Batcave et nous livre le premier indice quant à l’existence d’un univers parallèle Watchmen. Il revient à Batman et à Flash de porter la lumière sur le plus grand mystère de Rebirth : l’identité de l’entité suffisamment puissante pour se jouer de nos héros.
Alors que Bruce étudie le badge ensanglanté, une force mystérieuse en surgit et le Thomas Wayne de Flashpoint apparait dans la Batcave avant de disparaitre aussitôt. Soudain, Eobard Thawne, le Reverse-Flash original, mort et ressuscité par une force qui “l’a appelé” débarque de la brèche et passe Batman à tabac. Reverse-Flash s’empare du Pin’s et disparait avant de réapparaître, la moitié du corps brûlant d’une flamme bleue incandescente.
J’Y PIGE QUE DALLE ! IL EST MORT, PUIS RESSUSCITE, PUIS IL MEURT À NOUVEAU AUX MAINS DE MANHATTAN PUIS LES WATCHMEN SONT DE LA PARTIE !? MON CERVEAU FOND…
Je te l’accorde bien volontiers, Pariah. D’ailleurs, Reverse-Flash, ce paradoxe vivant est presque impossible à tuer et le lecteur découvrira dans les pages de The Flash que Eobard Thawne n’est finalement pas mort, un éclair de vie l’animera à nouveau et le remettra en lice.
Pour t’aider à accepter ton sort, Pariah, je termine cette chronique en citant les derniers mots de Dr. Manhattan à Ozymandias AKA Adrian Veidt dans Watchmen, avant que le Grand Bleu ne disparaisse littéralement du système solaire :
– “Encore un petit instant Jon… Dis moi, j’ai sagement agi ? Cette fin était ce qu’il fallait ?”
– “Cette fin ? Rien ne finit jamais Adrian, rien.”
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