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CRISIS OF INFINITE REBOOTS: Secret Wars

From crossover to reboot

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Guerres Secrètes et intestines 

Quand les éditeurs ne s’y retrouvent plus dans leur écurie, que les héros multiplient les avatars et que les Terres sont plus nombreuses que les grains de sable sur une plage des Bahamas, un seul être est appelé à la rescousse.

Depuis la face Bleue de la Lune, il voit tout. Observe chacun de nos Galaads. Il est l’Observateur Taciturne qui…

 

Yop, ça roule ma poule ? Moi c’est Uatu le mateur et j’adore tes nouveaux collants. Vachement plus sexy que ceux pré-Infinity Gauntlet mais pas aussi chamarrés que ceux que tu portais post-Annihilation bébé. Bon, paraît qu’il y’a du ménage qui a eu lieu dans l’Univers ? C’est moi qu’on appelle à l’aide ? J’astique mon crâne divin et je suis à toi. 

 

 

Waw, merci Uatu, je ne savais vraiment pas comment introduire notre second numéro de Crisis of Infinite Reboots. Ce mois-ci, nous allons aborder Secret Wars (2015) considéré comme étant le plus gros reboot opéré par Marvel. La continuité est un élément fondamental dans le développement du chemin que suit un personnage, de sa “voix” et de ses histoires à venir. Cependant, la continuité limite irrémédiablement autant qu’elle n’offre de possibilités narratives. Ce paradoxe s’explique simplement par le fait qu’elle agit également comme une boite limitant le champs des histoires à cause des règles tacites qu’elle a installées.

Contrairement à sa cousine, DC Comics, la Maison des Idées entretient une tout autre politique avec les chamboulements qui touche ses univers. Plutôt que d’opérer changements drastiques qui nullifient définitivement tout ce qui a pré-existé pour un/des héros, Marvel opte pour des événements qui vont apporter une interprétation nouvelle d’un/des personnages. Il s’agira plutôt de l’action d’un auteur, qui décide d’adapter ou de moderniser un personnage, et annoncera que sa nouvelle continuité est la version moderne du personnage et de son univers.

 

 

 

Mec, tu as déjà essayé de suivre l’ordre de lecture de Captain America !? Il y’a sept séries qui portent le titre ! SEPT ! JE LES AI COMPTEES MOI-MÊME ! Moi j’l’aimais bien dans son costume de Super-Patriot, le cuir noir lui sied tellement bien… 

 

 

Tu mets le doigt dans sur le problème de Marvel, coquin de Uatu. Le soucis avec les relaunches de Marvel, c’est qu’ils ne marchent qu’un temps. Il est extrêmement compliqué pour les lecteurs de s’y retrouver dans le Grand Bazar des comic books de la Maison des Idées où les mains basses de certains univers par quelques auteurs perdent le lecteur. Au bout d’un certain nombre de numéros, ces derniers repartaient pour un nouveau #1 qui chamboulait les ordres de lecture. Un exemple de cette torture est à trouver dans la nouvelle adaptation de Howard the Duck. En 2015 sortait le 5eme titre à porter ce nom ; la série a duré 5 numéros. En 2016, Howard the Duck revenait pour onze numéros avec le même titre, les mêmes auteurs… et un nouveau #1. Dès lors, comment s’y retrouver ?

This is the end, my only friend, the end.

En 2014 est annoncé l’event qui mettra un coup de balai dans l’Univers Marvel et résoudra tous ces problèmes de continuité. Dirigé de main de maître par Jonathan Hickman et Esad Ribic, Secret Wars sort dans les kiosques américains en mai 2015.

 

Le concept de Secret Wars est relativement simple : il s’agit de la fin l’Univers Marvel tel qu’on le connait. Tout ce qui a été publié, chaque histoire, alternative ou non, ayant fait intervenir un personnage vont entrer en collision directe. Tous nos héros vont se réunir et se battre contre l’entropie inévitable qui les touche et vont échouer. Il s’agit de l’event le plus conséquent jamais publié par Marvel

S’il fallait le comparer à un autre reboot, en terme de répercussions, il faudrait remonter en 1985 et piocher Crisis on  Infinite Earths, de sa rivale DC Comics. Dans cette histoire, l’Anti-Monitor mène ses troupes de dimensions en dimensions afin de détruire les Univers de DC Comics et de s’alimenter de leurs énergies perdues. Son double bienveillant, le Monitor, réunira une assemblée de héros de différentes Terres afin de stopper son avancée, mais même les plus puissants des surhommes ne peuvent rien face à la vague d’antimatière qui fond sur eux. Des mondes vont vivre, des mondes vont mourir…

 

Oh non tout recommence !

Les forces bouillonnant en moi me… mettent en garde !

La fin est proche, fuyez !

Fuy… Oh hi Mark ! 

 

 

 

Hey Pariah, ramène pas ta vieille cape dans ma chronique, c’est moi c’mois-ci et crois moi bien que les oiseaux de mauvaise augure de ton genre, j’en ai soupé pas plus tard que lors de Secret War, le premier event du nom avec l’autre crétin de Beyonder et son look de playboy des années ’80. Sérieux quoi. Au fait, tu la trouves comment ma nouvelle toge ? 

 

 

 

 

Uatu marque un point. Non pas grâce à sa magnifique toge, mais bien par sa perspicacité. C’est dans les vieilles casseroles qu’on fait les meilleures recettes dans les caisses de chez Marvel. Entre 1984 et 1985 sortait Secret War, une mini-série en 12 numéros qui est à ce jour considérée comme le premier cross-over de la maison d’édition. De nombreux héros et vilains furent transportés sur Battleworld par un être cosmique appelé The Beyonder.

Secret Wars (2015) n’est pas une suite directe à ce cross-over mais il partage avec son ancêtre de nombreux points communs. L’histoire implique à nouveau Battleworld, rameute un cast plutôt éclectique de héros et vilains et les révélations du Beyonder sont à l’origine des conflits. Cependant, l’échelle de ce nouvel event -et ses ramifications- sont bien plus démesurées et l’histoire débutera avec l’annihilation quasi totale du multiverse, laissant l’Earth-616 et l’Earth-1610 (l’Univers Ultimate) comme seuls survivants.

 

Cette chronique n’a pas pour but de vous raconter l’event/le relaunch/le reboot dans ses moindres détails. Uatu, Pariah et moi-même préférons que le lecteur puisse découvrir lui même ces histoires incroyables que nous traitons ici chaque mois. Nous allons nous intéresser brièvement aux ramifications qu’ont impliqué ce reboot.

Sang béni et pain neuf pour Marvel.

Avant de nous pencher sur les répercussions pour nos héros, il est intéressant de revenir sur la stratégie commerciale de Marvel lors de la sortie de Secret Wars. En 2015, il était virtuellement impossible d’échapper au cross-over : les lecteurs qui souhaitaient passer outre et continuer la lecture de leurs titres préférés n’avaient pas d’autre choix que de lire malgré eux les conséquences de Secret Wars. Au fil des mois, Marvel cherchait à connecter et à faire converger toutes ses lignes narratives vers l’issue fatale de Secret Wars.

Il fallait ajouter à ces tie-in, une douzaine de nouveaux comics qui accompagnaient la mini-série. Ces titres n’étaient pas nécessaires à la compréhension du dessein à l’oeuvre dans Secret Wars, le but étant de donner chair au nouveau Battleworld et de permettre aux auteurs de revisiter d’anciens univers et lignes narratives (Civil War, House of M, Inferno, …).

Le succès commercial ne s’est pas fait attendre et Marvel a occupé le Top 10 des ventes de comics pour les mois à venir.

source : Diamond Comic Distributors

 

Ce succès, Marvel comptait bien le maintenir et préparait ses lecteurs à son All-New, All-Different Marvel. Secret Wars s’achève sur la création d’un nouvel univers partagé, piochant à la fois dans des éléments de l’Earth-616 et du Ultimate Universe.

Pour la première fois dans son illustre histoire, tous les personnages de Marvel retournaient -littéralement- à la case départ. Ce faisant, la maison d’édition a tâché d’introduire plus de diversité dans sa ligne éditoriale.

 

 

C’est trop pour moi, je ne sais plus où tourner les yeux !  Spide-Gwen qui se fait des toiles avec Miles Morales, Kate Bishop qui enfile officiellement le carquois et empale mon coeur, Kitty Pryde qui se lance dans le reverse gender cosplay de Star Lord, lovely. Je peux me remettre à mater depuis le début. 

 

 

 

 

 

Marvel s’est efforcé de créer un nouvel univers plus en phase avec notre siècle et met l’accent sur la diversité, le respect des origines et des personnages : Ta-Nehisi Coates, un des plus célèbres journalistes afro-américains est auteur de Black Panther, Amadeus Cho est désormais Hulk, Spider-Woman est enceinte, etc.

Marvel a assumé un véritable bond dans sa ligne éditoriale et si ces changements choquent, c’est pour un mieux. La nouveauté et la modernité sont toujours désarçonnantes de prime abord. La stagnation est un super pouvoir qui craint. Change is now, change is better. Uatu m’a même annoncé qu’il suivrait la tendance (en vérité, il a toujours apprécié se déguiser en fille) :

 

 

Secret Wars et la pression Disney : le cas des Fantastic Four

Secret Wars était aussi l’occasion pour Marvel de se focaliser sur ses franchises les plus rentables. Ce faisant, on peut lire en filigrane le commentaire de Hickman sur les choix opérés par la maison d’édition dans le monde réel et la place qu’elle réserve à son élite. Ce dernier commente brièvement sur le sort réservé aux FF4 après le fiasco du film de la 20th Century Fox. Même si aucune déclaration officielle ne vient confirmer l’écart de la famille la plus célèbre de la Maison des Idées de sa ligne éditoriale, force est de constater sa disparition au sein des publications mensuelles.

Le paysage de ce nouvel univers Marvel fait clairement la part belle à tous les personnages sous la houlette de Marvel/Disney. Les mutants subissent leur énième extinction au profit des Inhumans, par exemple. Je parle bien des Inhumans que l’on retrouve dans la série Agents of S.H.I.E.L.D. sur ABC, propriété de… Disney.

Secret Wars nous rappelle que tout univers étendu, qu’il soit superhéroique ou non, est aussi le résultat de décennies d’erreurs, de guerres d’égos et de décisions. Les machinations -qu’elles soient diégétiques ou non- ne sont pas une nouveauté dans le paysage des comics et le succès de certaines adaptations semblent écrémer les publications de divers titres.

L’event se conclut sur la décision de Reed Richards de se retirer, lui et sa famille, de ce nouvel Univers Marvel dégagé du rayonnement émotionnel de l’ancien à présent disparu. C’est ici que la réalité rejoint la fiction. Hickman nous fait comprendre que son personnage -premier héros du cru Stan Lee en 1961- ne peut plus faire partie de ce nouvel Univers mais qu’il endosse le rôle tacite d’être la pierre angulaire sur laquelle le succès de tous les héros de la Maison des Idées repose.

Plus de “superhéros” pour un moment (…) et plus de “Mr. Fantastique”. Juste “papa“.
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