La recommandation de Timo
Le mois de décembre est souvent synonyme de fêtes de fin d’année et, pour ce mois particulier, je ne peux que vous recommander The Marvel Nightmare Art of Peach Momoko ! Que ce soit pour l’offrir à quelqu’un ou se l’offrir soi-même, cet ouvrage qui regroupe de multiples dessins de la dessinatrice Peach Momoko en mettra plein les yeux !
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Toutes les grands-mères le savent, une bonne recette est avant tout histoire d’équilibre. Mais cela ne suffit pas toujours pour emporter l’adhésion d’une marmaille un peu ingrate. Culture Flashback vous emmène ce mois-ci sur les traces d’un film oublié au fond du placard, entre le sucre et la pâte à tartiner.
L’histoire de The Shadow débute dans les années 30, et narre les aventures de Lamont Cranston (Alec Baldwin, période womanizer), un playboy millionnaire ayant voyagé dans le monde entier pour trouver sa voie, son nindo comme disent les bros. Installé en Asie centrale en qualité de seigneur de guerre/trafiquant d’opium (sisi), il devient la terreur des locaux. Une nuit il est kidnappé par l’un d’entre eux, un homme de foi qui ressent rapidement le bien et la grandeur en lui. Revenu de son voyage spirituel bardé de techniques psychiques et avec l’envie d’en découdre, il prend l’identité du Shadow pour faire régner la justice dans les rues de New York et se heurte rapidement au terrible Shiwan Khan (John Lone).
Toute ressemblance avec le background d’un super de votre connaissance est totalement fortuite. Le playboy millionnaire ? Check. L’entraînement aux arts du combats et de la dissimulation dans une contrée lointaine ? Check. La sombre figure qui sème le trouble autant chez les criminels que chez les autorités locales ? Check. Vous l’avez compris, c’est du Bat qu’il s’agit. Sauf qu’à bien regarder les dates de publications des comics, The Shadow apparait initialement en 1931 alors que les premières aventures de Batman n’arrivent pas avant 1939. De l’aveu même de Bob Kane, le serial de Walter B. Gibson aurait eu une influence déterminante sur la création de la chauve souris.
Juste retour des choses donc que le film de Russell Mulcahy (Mr Highlander ) s’inscrivent dans le sillage des deux Batman de Tim Burton. Émoustillés par le succès total de ces derniers au début des années 90, les pontes d’Universal décident de faire de The Shadow leur future franchise phare. Budget conséquent et marketing agressif, le film avait tout pour décrocher la timbale du box office de l’été 94. Mais les dieux du dollar sont parfois cruels.
Four critique et commercial à sa sortie, The Shadow rejoint illico presto les limbes visités par Dick Tracy (1990) et The Rocketeer(1991) avant lui. S’offrant malgré tout une jolie carrière en VHS, il devient au fil du temps le secret bien gardé d’une petite communauté de fans qui voient en lui l’inventeur de la recette gagnante de la décennie suivante. Cocktail d’humour et d’action à l’esthétique rétro assez soignée, le film se présente, avec le recul des années, comme un petit condensé de ce que le cinéma mainstream pouvait faire de mieux en terme de spectacle léger et intelligent.
Visuellement spectaculaire, il se paye également le luxe de réunir un casting de fin gourmet. En plus d’un Alec Baldwin qui pète la classe, John Lone incarne un Shiwan Khan puissant et crédible, Penelope Ann Miller est sublime en simili Jean Harlow et Tim Curry et Ian Mckellen ne gâchent rien. Si enjeux du scénario ne sont pas des plus originaux par rapport au tout venant de l’époque, la réflexion en creux sur la figure du vigilante est brillamment construite (David Koepp, la base).
L’exploration des origines de Cranston est bien troussée et son basculement de seigneur de guerre brutal à justicier masqué dans les ruelles fumantes de NYC vaut largement le détour. L’approche old school de Mulcahy de marier le film noir au pop corn movie avec un sérieux d’église est également à saluer, d’autant plus que cette esthétique est contrebalancée par le bon script de Koepp, plein de dialogues drôles et ciselés s’inspirant des screwball comedies de l’âge d’or hollywoodien.
N’ayant pas su monter dans le train de la révolution digitale initié par ILM sur Terminator 2 et Jurassic Park, les SFX du film paraissent quasi instantanément datés aux yeux d’un public qui le délaisse au profit de The Mask, sorti le même été. Pourtant, à bien y regarder, The Shadow apparait 25 ans après comme jolie anomalie du système qui préfigurait la recette Marvel, avec ses ruptures de tons et sa mise en scène fluide et efficace.
Le bon gâteau de mamie en somme, à savourer au chaud sans balayer les miettes.
THE SHADOW de Russell Mulcahy (1994). Avec Alec Baldwin, Penelope Ann Miller, John Lone, Ian Mckellen.
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