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REVIEW SANS SPOILER: Black Lightning, la première saison

Une première saison qui a su faire passer ses enjeux moraux !

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Black Lightning — “Equinox: The Book of Fate” — Image BLK107b_0378b.jpg — Pictured: Cress Williams as Black Lightning — Photo: Mark Hill/The CW — © 2018 The CW Network, LLC. All rights reserved.

« Black Lightning ne redéfinit pas le genre des super-héros, il fait un excellent travail pour ancrer ses personnages dans un monde réaliste, où le poids des décisions est plus important que dans les autres shows DC ». C’est par ces mots que le site d’information IGN a dernièrement vanté les mérites de la nouvelle série DC alors que celle-ci ne s’était dévoilée que sur deux épisodes. Nous étions le 15 janvier, et comme vous l’aurez imaginé, la saison est passée vite… Très vite !

Comme le veut la tradition, alors que notre review sans spoiler va vous être dévoilée, nous aimerions faire appel au sens critique de chacun ! Car si les accords et points de vue sont nombreux, les discordances peuvent apporter à la discussion ! Le cinéma est une source d’échange, et ça n’est pas l’univers porteur de la télévision qui changera une vision établie, bien au contraire. Car le petit format est aujourd’hui matière à de nouveaux challenges variant le plaisir coupable à l’exercice d’autodérision. Mais pas que…

 

Le 11 mai 2017, la CW prend la décision de commander une première saison pour Black Lightning, un héros de comics connu par les plus érudits mais jamais cité dans les autres shows de la chaîne de télévision. Assez naturellement, plusieurs questions se posent sans que l’inquiétude ne prenne le pas sur le reste, la confiance étant accordée à la CW, elle qui a toujours insufflé à ses séries DC une aura novatrice (à défaut d’une constance parfois remise légitimement en doute). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Black Lightning a parfaitement respecté la coutume, son cahier des charges étant globalement rempli. Explications.

 

 

A la tête de la nouvelle série de la CW, Greg Berlanti, Salim Akil et Mara Brock se répartissent les tâches. Alors que le premier décide comme à l’accoutumée de superviser la production, les deux suivants (mari et femme dans la vie) se donnent pour mission de donner une véritable identité scénaristique au projet en développement tout en lui offrant une légitimité dans son contenu. Des méchants issus de comics sont alors choisis, une organisation meurtrière également, sans en oublier ses partisans et réfractaires. Freeland, ville dangereuse et imprévisible, attend le retour de son Black Lightning disparu depuis neuf ans, et s’avère vite être le centre névralgique de la série puisqu’il faudra attendre le dernier épisode pour qu’un affrontement se déroule en dehors du terrain de jeu de Jefferson Pierce. Les bases sont posées, et les premiers coups d’éclat arrivent de tous les abords. Posée avec une justesse qui lui est propre, l’intrigue de la série captive et offre à réfléchir sur des thématiques fortes à savoir la corruption, le racisme, la délinquance, le respect à l’équité et à, quelque part, une notion prépondérante de droit à la succession. Aux yeux avertis des sériephiles de s’approprier chaque idéal ou figure de style qui peut lui importer, car les possibilités sont nombreuses.

 

Black Lightning a la particularité de viser juste lorsque la majeure partie de ces « idéaux » est citée ou mise en place. A Freeland, comme dans certaines communes américaines (mais pas que), le racisme fait la part belle aux mouvements contestataires qui profitent aux politiques, eux qui n’hésitent plus à défendre un policier ayant froidement abattu un « black » au comportement mouvementé. Il y a d’ailleurs fort à parier que la série DC a volontairement pris le parti de raconter en premier lieu les mésaventures d’une famille afro-américaine dans une société raciste, avant qu’une notion de « justice masquée » ne justifie certains mécontentements. Car il ne faut pas oublier qu’à l’origine, DC Comics envisageait de créer à l’écran Black Bomber, un raciste blanc se transformant en super héros noir lorsqu’il se retrouvait sous pression. Jugé éthiquement malavisé, le concept fût abandonné et les directives simplifiées ! Interviewé lors de la promotion de la série, Cress Williams (Jefferson Pierce) a cité que Black Lightning était « une série historique dans tous les sens du terme. » Et que l’on aime ou non le show, il convient de signaler qu’il avait raison.

 

C’est donc avec une certaine ambition d’un côté, mais aussi avec de réelles attentes de l’autre, que les premiers épisodes sont analysés avec minutie et attentisme. Il en ressort un tas d’éléments parfois poussifs qui donnent en quelque sorte raison au raisonnable. Sans grande prise de risque à ses débuts, Black Lightning force le ton lorsque les enjeux familiaux sont mis sur les devants de la scène, la réflexion amenant à l’étude sur le comportement de soi. D’abord impulsif et très têtu (à l’image de son conflit avec son cador Gambi), Jefferson Pierce se mue par la suite en homme de caractère aux motivations précises. Sa famille l’aidant très souvent à faire les bons choix, il ne lui restera plus qu’à s’entourer des bonnes personnes pour essayer de mener à bien ses missions tout en respectant les motivations de chacun.

 

 

Si les quelques révélations entourant la famille Pierce s’avèrent être globalement intéressantes, Black Lightning gagne en férocité lorsque ses vilains entrent dans la partie. Et il serait compliqué d’être déçu de ce point de vue car ils sont finalement aussi nombreux que variés ! D’un point de vue personnel, Lala et Tobias Whale figurent parmi les plus travaillés, que l’on remette ou non un jeu d’acteurs parfois limite. Car oui, on ne va pas se mentir, il y a du kitsch, pas mal de kitsch. Entre certaines scènes de combat mal chorégraphiées, des costumes parfois un peu trop tape à l’œil et des scènes de romance assez gonflantes dont on se serait bien passé, Black Lightning ne vise toujours pas juste. L’art de la persuasion ne peut pas coller avec tout le monde, et il en faudra toujours pour tous les goûts et toutes les couleurs.

 

Quoi qu’il en soit, et pour finir là-dessus, la petite dernière de la CW est une réussite aussi et surtout grâce à son jeu d’acteur particulièrement convaincant. Alors que Cress Williams (Jefferson Pierce) oscille entre la fermeté et la sensibilité avec une aisance assez surprenante, Marvin « Krondon » Jones III est décisif quant à l’image alambiquée que doit donner son personnage Tobias Whale à l’écran. Nafessa Williams (Anissa Pierce) et China Anne McClain (Jennifer Pierce) sont également des révélations de cette première saison et impressionnent alors qu’elles sont livrées à tout un panel d’émotions pas forcément facile à gérer. James Remar (Peter Gambi) est impeccable, tout comme le sont quelques seconds rôles qui mériteraient clairement une place plus importante dans la suite de l’intrigue (Tattooed Man, avez-vous dit ?) Nous sommes clairement sur la même longue d’onde !

 

Renouvelée pour une saison 2 en avril dernier, Black Lightning doit encore prouver pas mal de choses afin de se faire une place de choix dans les incontournables de la CW. Si les choses semblent aller dans le bon sens, il convient dorénavant de varier les plaisirs en gardant cette prise de risque dont les auteurs et créateurs ont fait preuve afin de montrer que l’engagement peut être état d’esprit et réalité. Les dès sont lancés, mais la partie est loin d’être terminée !

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