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Juillet rime souvent avec la grande messe des annonces de films et séries adaptés de comics, la San Diego Comic-Con. Malheureusement, pour la première fois en trente ans, la SDCC est annulée dans le cadre des règles de non propagation du coronavirus.
La SDCC est aussi l’occasion de récompenser les auteurs, artistes et oeuvres de l’industrie du comics lors de la cérémonie des Eisner Awards. Même si la tenue de la cérémonie semble compromise avec l’annulation de la convention, nous avons pensé qu’il était le moment opportun pour faire le lien entre les artistes, auteurs et oeuvres primées et la quantité d’adaptations qui en ont découlé. Nous vous proposons ainsi durant les trois prochains mois de passer en revue une sélection d‘auteurs (aujourd’hui même), mais aussi d’artistes (juin) et d’oeuvres (juillet) primées aux Eisner Awards, afin d’apprendre quels grands noms se cachent derrière l’industrie du comics.
Alan Moore : la légende aux multiples prix
Pour commencer cette liste des auteurs les plus marquants parmi les lauréats d’Eisner Awards, nous ne pouvions que commencer par le détenteur d’un record phénoménal.
Rentré dans la légende, en partie grâce à cette performance qui n’est au final que le reflet de son talent, l’auteur britannique Alan Moore a décroché le prix du meilleur auteur aux Eisner Awards à pas moins de neuf reprises. Loin devant ses dauphins, Moore a ainsi brigué le prestigieux titre lors des deux premières éditions en 1988 et 1989, puis trois années consécutives entre 1995 et 1997, avant de le décrocher à nouveau en 2000, 2001, 2004 et 2006. C’est simple : avec neuf réalisations en 18 ans, Moore obtenait jusqu’en 2006 le prix une année sur deux en moyenne.
Le talent de Moore est aussi démontré par ses prix obtenus via ses séries de comics, étant l’un des quatre seuls auteurs à obtenir un prix dans chacune des trois catégories de séries (nouvelle série, série existante, série limitée), ramenant à la maison quatre titres sur ces catégories avec la meilleure série limitée lors de la première édition pour Watchmen et 15 ans plus tard (2003) pour The League of Extraordinary Gentlemen Volume II, mais aussi la meilleure nouvelle série en 2000 pour Top 10 et la meilleure série existante l’année suivante pour la même oeuvre.
Neil Gaiman : puissance 4
Autre auteur de légende, autre place dans cette liste : Neil Gaiman.
Après Alan Moore, l’auteur britannique est le deuxième à avoir remporté le plus de fois le prix du meilleur auteur. De plus, la performance de Neil Gaiman est à ce jour inégalée, vu qu’il est le seul à avoir obtenu le prix quatre années consécutives, entre 1991 et 1994. Gaiman et Moore dominaient tellement l’obtention du prix du meilleur auteur qu’il faudra attendre 1998 pour voir quelqu’un d’autre l’emporter, dix ans après le lancement du prix.
A noter que ces années victorieuses furent malheureusement les seules pour Gaiman, n’ayant plus obtenu le prix depuis, mais en profitant pour gagner au passage le prix de la meilleure série existante trois années consécutives (de 1991 à 1993) pour le cultissime Sandman.
Brian K. Vaughan : légende en devenir ?
On a parlé de légendes du comics, dites-vous que l’auteur suivant en sera certainement une dans les décennies à venir. Du haut de ses 43 ans à peine, Brian K. Vaughan a déjà marqué l’industrie de la bande dessinée américaine de son talent.
BKV a effectivement déjà obtenu à 4 reprises l’Eisner Award du meilleur auteur, une première fois en 2005 et puis trois fois sur la dernière décennie (2013, 2014 et 2017). Sa victoire en 2005 marqua d’ailleurs la première fois qu’Alan Moore n’obtenait pas le prix deux fois consécutives, voyant la légende privée du prix en 2005 alors qu’il l’obtenait en 2004 et 2006.
En plus de cette performance, Brian K. Vaughan, est l’auteur ayant été le plus primé pour ses séries avec 8 prix au total. Il détient ainsi non seulement le record du plus grand nombre d’Eisner Awards pour la meilleure série existante, l’obtenant en 2008 pour Y: The Last Man et à quatre reprises en 5 ans de temps (2013, 2014, 2015 et 2017) pour Saga, mais il est aussi le seul auteur à avoir eu 3 de ses séries primées d’un Eisner Award pour la meilleure nouvelle série (Ex Machina en 2005, Saga en 2013 et Paper Girls en 2017).
Actuellement, Vaughan fait une pause bien méritée après la fin de Paper Girls et de la première moitié de Saga. Il écrit encore mais plutôt des one-shots et webcomics en ce moment mais une chose est sure : le retour de Brian K. Vaughan sur le devant de la scène fera mal, et il ne saurait tarder.
Les références des années 2000
En-dessous de ce podium Moore-Gaiman-Vaughan au nombre de prix du meilleur auteur, on en retrouve ensuite d’autres qui l’ont obtenu plus d’une fois. C’est notamment le cas de deux auteurs, qui sont entre temps devenu des références dans les années 2000 et 2010 depuis l’obtention du fameux prix.
Premièrement, nous retrouvons Brian Michael Bendis, auteur ayant travaillé pour Marvel de nombreuses années (dont les années où il fut primé), avant de passer chez DC Comics il y a quelques années.
Au total, Brian Michael Bendis a obtenu à deux reprises le sésame du meilleur auteur, de surcroît deux années d’affilée (2002 et 2003) tout en obtenant une fois le prix pour la meilleure série existante en 2003 (Daredevil) et une fois le prix de la meilleure nouvelle série en 2001 (Powers).
Deuxièmement, à côté de Bendis, nous pouvons aussi ranger Ed Brubaker dans cette catégorie. L’auteur américain s’est surtout fait connaitre pour ses arcs narratifs à succès chez Marvel et DC et pour ses séries indépendantes.
Au décompte final, Brubaker fait même mieux que Bendis vu qu’il a obtenu l’Eisner Award du meilleur auteur à trois reprises (2007, 2008 et 2010). Il a aussi obtenu le prix de la meilleure nouvelle série lors de son premier sacre en 2007 pour Criminal avant d’obtenir à deux reprises le prix de la meilleure série limitée : en 2012 pour Criminal: The Last of the Innocent, puis en 2016 pour The Fade Out.
Kurt Busiek : la consécration fin des années 90
Un autre auteur lauréat de l’Eisner Award du meilleur auteur est Kurt Busiek, et ce prix aura été la consécration pour l’auteur américain.
Kurt Busiek obtient son premier prix Eisner en 1994 pour Marvels, lauréat du prix de la meilleure série limitée. Il devient ensuite l’un des quatre auteurs (notamment avec Alan Moore) à avoir été primé dans chacune des trois catégories principales de séries, obtenant les années suivantes le prix de la meilleure nouvelle série (1996) pour Astro City, puis le prix de la meilleure série existante (1997 et 1998) pour la même série. C’est l’année suivante, en 1999, que Busiek obtiendra enfin le prix du meilleur auteur avant de ne plus jamais obtenir de prix dans ces catégories depuis lors.
Les talents snobés au prix du meilleur auteur
Nous avons jusqu’à présent parlé des auteurs lauréats du prix du meilleur auteur, des auteurs au talent reconnu mondialement tels qu’Alan Moore, Neil Gaiman ou Brian K. Vaughan. Mais malheureusement, il ne peut y avoir qu’un gagnant par an et certains talents de renom n’ont jamais eu la chance de l’obtenir.
C’est notamment le cas de l’auteur américain Frank Miller. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, Miller n’a jamais obtenu l’Eisner Award du meilleur auteur pour récompenser son scénario seul. A côté, Miller a tout de même obtenu à plusieurs reprises le prix du Meilleur auteur/dessinateur, vu que Miller est aussi dessinateur. Le prix du meilleur auteur lui aura quant à lui glissé entre les doigts à de multiples reprises.
A noter que Frank Miller est aussi le détenteur du record du plus grand nombre d’Eisner Awards dans la catégorie “Meilleure série limitée” vu qu’il a obtenu le sésame à quatre reprises : en 1991 pour Give Me Liberty, en 1995 pour Sin City: A Dame to Kill for, en 1996 pour Sin City: The Big Fat Kill et en 1999 pour 300.
Tout comme Frank Miller, Grant Morrison n’a jamais obtenu l’Eisner Award du meilleur auteur. Pourtant, Grant Morrison a été primé à plus d’une reprise aux Eisner Awards, étant l’un des seuls avec Alan Moore, Kurt Busiek et Paul Chadwick à avoir scoré dans chacune des trois catégories principales de séries.
Ainsi, Grant Morrison peut se targuer d’avoir obtenu le prix pour la meilleure nouvelle série en 2006 pour All-Star Superman, celui de la meilleure série limitée en 2006 pour Seven Soldiers et même le prix de la meilleure série existante à deux reprises grâce à All-Star Superman en 2007 et 2009.
La nouvelle génération de talents
Enfin, ces dernières années ont révélé une nouvelle génération de talents via les derniers lauréats en date au prix du meilleur auteur des Eisner Awards.
Nous commencerons avec le tenant du titre, Tom King, qui l’a déjà obtenu à deux reprises et de surcroit deux fois consécutives, c’est-à-dire donc en 2018 et 2019.
L’auteur américain et ex-membre de la CIA a connu la consécration ces dernières années avec ce double prix, au point d’avoir été nommé auteur sur la prestigieuse série Batman par DC Comics. Sera-t-il détrôné lors de la prochaine édition ? Il faut aussi noter que King a obtenu à deux reprises le prix de la meilleure série limitée grâce à The Vision en 2017 et Mister Miracle en 2019, dernière édition en date.
Autre auteur fortement mis sur les devants de la scène ces dernières années : Jason Aaron, lauréat de l’Eisner Award du meilleur auteur en 2016.
L’auteur américain s’est fait connaitre grâce à plusieurs de ses scénarios chez Marvel mais aussi beaucoup de séries indépendantes à succès. Il est actuellement l’auteur de la série Avengers chez Marvel : autant dire qu’il fait partie du top ! En plus du prix du meilleur auteur, Aaron avait aussi obtenu le prix de la meilleure série existante en 2016 grâce à sa série Southern Bastards, la série qui a empêché le Saga de Brian K. Vaughan d’obtenir le prix cinq fois d’affilée.
Autre talent notable : celui de Marjorie Liu. L’auteur est la première femme à obtenir le prix du meilleur auteur en 2018 après 30 ans de domination masculine, et est aussi le premier ex-aequo de l’histoire du prix vu qu’elle l’obtenait cette année-là conjointement avec Tom King.
L’auteur de romans s’est reconvertie en auteur de comic books en 2008 lorsqu’elle commença à travailler pour Marvel Comics. Aujourd’hui, elle est surtout connue grâce à sa propre série publiée chez Image Comics, Monstress, qui lui a aussi valu le prix de la meilleure série existante en 2018.
Enfin, petite exception, nous nous devons aussi de citer Jeff Lemire. Exception car l’auteur canadien n’a pas (encore) obtenu le prix du meilleur auteur, mais cela ne saurait tarder.
Lemire a déjà été primé à deux reprises pour le prix de la meilleure nouvelle série (c’est-à-dire l’un de plus prestigieux prix) grâce à Black Hammer, qui fut un énorme succès en 2017, et lors de la dernière édition en 2019 pour sa série d’horreur Gideon Falls. Avec d’autres séries récemment lancées chez Image telles que Ascender, spin-off de sa série à succès Descender, et Family Tree, voyant l’auteur renouer avec un style similaire à Sweet Tooth, l’un de ses premiers succès, Jeff Lemire sera-t-il le prochain lauréat du prix du meilleur auteur ?
Derrière les légendes que sont Moore, Gaiman et Miller, ou les talents bien rodés que sont Bendis, Brubaker et Busiek, une nouvelle génération de talents réimagine l’industrie du comics aujourd’hui avec des noms tels que King, Lemire et Aaron, une génération qui s’annonce et s’est déjà révélé comme prometteuse avec Vaughan en tête.
Avant d’aborder les artistes le mois prochain, dites-nous en commentaires votre auteur préféré ! Pourquoi cet auteur est votre favori ?
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