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L’importance des préquelles dans la narration actuelle des comics et leurs adaptations

Et vous, quelle était votre histoire ?

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Quel est le point commun entre Wonder Woman 1984 et le futur film The King’s Man ? Qu’entend-on par le terme de “préquelle” et quelle est la différence avec “prélude” ? Ce sont des questions qui méritent d’être posées dans la période actuelle, qui regorge de plus en plus de préquelles, que ce soit sur grand écran ou sur papier. Mais pourquoi ce type de narration est-il devenu si important et quels sont ses avantages ? Répondons à cela ensemble, mais d’abord commençons avec quelques éclaircissements sémantiques.


“Préquelle”, “prélude”, “midquel” : que veulent dire tous ces termes ?


De plus en plus de termes apparaissent pour décrire ces différents phénomènes de narration, qui sont quant à eux de plus en plus réguliers pour relater les histoires de manière originale, tant dans les comics que leurs adaptations. Le point en commun des méthodes : un retour en arrière, pour expliquer le contexte d’une situation passée, des détails sur un évènement ou le background d’un personnage, jusque là inconnus du lecteur ou du spectateur.

De nos jours, et de plus en plus qu’auparavant, la narration n’est plus linéaire. Les scénaristes utilisent ainsi tous les outils dont ils disposent pour faire voyager le lecteur/spectateur sur la ligne du temps et créer des rebondissements dans l’intrigue, permettant ainsi à la ligne du temps de ne pas trop avancer dans le présent tout en apportant plus de substance à l’histoire. Ces retours en arrière peuvent prendre l’aspects de flashbacks, via des rêves, souvenirs de personnages ou même une autre intrigue dans le passé en parallèle de celle présentée dans le présent. Cette méthode est fortement utilisée de nos jours dans les comics, apportant ainsi un tel retour en arrière au sein du même numéro, avec même des maitres en la matière, comme les talentueux Brian K. Vaughan et Jeff Lemire.

Si nous tenons compte d’une intrigue plus large, il est aussi de plus en plus fréquent d’avoir un tel retour dans le temps en-dehors de l’histoire principale. C’est ici ce qui nous anime aujourd’hui, la discussion étant essentiellement axée sur les préquelles. Mais que se cache-t-il derrière ce mot ?

Les aficionados de Star Wars sont assez habitués au terme, le mot “préquelle” fait référence à une partie de l’histoire principale, un véritable épisode à part entière, se déroulant avant le début de ladite histoire comme relaté. Nous rentrerons dans les exemples qui démontrent de l’importance de ces préquelles dans la narration actuelle plus bas dans l’article, mais il est aussi important de les différencier des préludes. Ces derniers sont eux aussi situés dans le passé, avant le début de l’histoire principale, mais ont un caractère souvent plus optionnel, voire anecdotique, et apportent généralement moins de substance qu’un préquelle. La différence entre un préquelle et un prélude va se situer par rapport au moment de la publication : d’un côté, le préquelle est publié après la sortie de l’histoire principale (même si elle se déroule chronologiquement avant, comme par exemple la trilogie préquelle de Star Wars énoncée plus haut) et pourra prendre plusieurs formes (film, série TV, séries de comics, one-shot, etc.) ; le prélude sera quant à lui publié avant la sortie de l’histoire principale et sera beaucoup plus fréquent sous forme littéraire/graphique qu’audiovisuelle, comme c’est par exemple le cas pour les comics préludes publiés par Marvel en vue de la sortie d’un film de Marvel Studios (comme c’est à nouveau le cas pour Black Widow) ou les fameux numéros 0, régulièrement publiés en vue d’un event de comics (comme le récent Empire #0 par exemple).

Enfin, comme dit plus haut, de nouveau termes font régulièrement surface, et il est important de souligner l’existence des midquels (qui n’ont pour l’instant pas d’équivalent dans la langue de Molière). Nous avons les préquelles avant le début de l’histoire principale, les “séquelles” (plus généralement suites en français) après la première partie de l’histoire principale (les fameux films avec un 2 ou un 3 après notamment) et nous avons les midquels. Comme vous l’aurez peut-être deviné en le juxtaposant avec ses cousins, un midquel est un épisode de l’histoire principale qui va sé dérouler entre deux épisodes précédemment narrés. Par exemple, le prochain film Black Widow est un midquel ! En effet, on y suit l’histoire de Black Widow, non pas après les évènements d’Avengers: Endgame (sa dernière apparition en date), ni avant sa première apparition dans le Marvel Cinematic Universe au sein du film Iron Man 2, mais entre les films Captain America: Civil War et Avengers: Infinity War, films dans lesquels elle apparait également.


Les préquelles : comment continuer ou réinventer une franchise au cinéma

The King’s Man Ralph Fiennes and Harris Dickinson 20th Century Fox

Déjà citée plus haut, tout le monde a certainement entendu parler de la trilogie préquelle de la saga Star Wars. Ces préquelles, bien que non adaptés de comics, démontrent bien que le concept est beaucoup utilisé dans le cinéma actuel, et les adaptations de comics n’échappent pas à la règle.

Si nous parlons de préquelles dans les films adaptés de comics, il est impossible de passer à côté de l’univers X-Men. Alors que la trilogie originale (2000-2006) se situait dans la période actuelle, les producteurs de cet univers adapté de Marvel décident de s’orienter vers des histoires antécédentes à partir de 2009. Le très décrié X-Men Origins: Wolverine voit alors le jour, promettant de découvrir les origines du mutant griffu avant sa première apparition dans X-Men. Hugh Jackman se retrouve au milieu d’un film qui s’avère un flop critique, ce qui poussera la FOX, détentrice des droits à l’époque, à changer de direction… pour d’autres préquelles. Quitte à réintroduire Wolverine, autant appliquer le même traitement à tout le monde. A partir du film suivant, tous les films intitulés X-Men se dérouleront avant la première aventure des mutants en 2000, nous offrant des X-Men: First Class, X-Men: Days of Future Past, X-Men Apocalypse et Dark Phoenix, parmi lesquels il y a du bon et du moins bon.

Du côté du Marvel Cinematic Universe, deux films se sont déroulés chronologiquement avant 2008. Le premier, Captain America: The First Avenger est un peu particulier au niveau de sa notion car celle-ci se rapproche plus d’un prélude du film The Avengers, sorti l’année suivante, que d’un réel préquelle. Ce n’est ensuite pas le cas de Captain Marvel. Le film agit comme véritable préquelle centré sur le personnage éponyme avant son apparition dans Avengers: Endgame, mais relate aussi certaines des premières aventures de Nick Fury et Phil Coulson, du S.H.I.E.L.D. actuel en général ou encore tout simplement de l’Initiative Avengers, apportant un peu de lumière sur une série d’éléments.

Enfin, pour terminer avec les exemples cinématographiques, vous aurez peut-être remarqué que ldeux des films adaptés de comics qui sortent prochainement sont en réalité des préquelles. D’un côté, aspect fortement mis en avant, The King’s Man nous relate les origines de l’organisation secrète Kingsman près de 100 ans avant les deux premiers volets de la saga, Kingsman; The Secret Service et Kingsman: The Golden Circle. A côté de ce nouveau film de Matthew Vaughn, Wonder Woman 1984 est à la fois une suite et un préquelle. Le film continue en effet les aventures de la guerrière amazone, débutées dans son premier film solo, mais sert toujours de préquelle au personnage avant ses apparitions dans Batman v Superman: Dawn of Justice et Justice League. Comme quoi les profils hybrides sont de plus en plus en vogue.


L’utilisation des préquelles dans les comics


Si les préquelles sont (de plus en plus) utilisés au sein des adaptations de comics, ils le sont bien évidemment aussi à la source, dans la version papier. Malgré ce que l’on puisse penser, ce ne sont au final pas DC Comics ou Marvel Comics qui utilisent ce type de narration le plus souvent. Les deux éditeurs majeurs vont plutôt publier des préludes dans la plupart des cas, ou des flashbacks au sein d’un même numéro, voire des comics situés dans un futur lointain (qui sont très à la mode dans leurs univers respectifs).

Ce n’est pas pour autant que les préquelles ne sont pas utilisés par ces géants du comics, et leur utilisation donne d’ailleurs souvent droit à des oeuvres majeures et pivot dans l’histoire du personnage concerné. Chez DC, Batman a eu droit à ce style de narration durant ces dernières années avec l’arc narratif Batman: Zero Year de Scott Snyder, qui relate les débuts de Bruce Wayne en Chevalier Noir, mais le préquelle qui aura le plus marqué l’homme-chauve-souris est certainement le Batman: Year One de Frank Miller, le point de départ de la version moderne de Batman que nous connaissons aujourd’hui.

Dans la même lignée de récits dans le passé, DC a aussi publié d’autres préquelles tels que Green Arrow: Year One d’Andy Diggle ou encore la massive anthologie Before Watchmen, préquelle de l’oeuvre cultissime d’Alan Moore. Chez Marvel, le concept a moins d’impact, la Maison des Idées se focalisant plus sur les préludes (souvent pour les events, les films du Marvel Cinematic Universe, voir les jeux vidéos tels que le prochain Marvel’s Avengers). Il s’agit plutôt de préquelles de séries non situées dans l’univers principal comme ce fut le cas de Marvel Zombies et le préquelle Marvel Zombies: Dead Days.

Nous allons retrouver la narration par préquelle à l’inverse dans beaucoup de séries indépendantes, qui vont souvent étendre l’univers créé avec la série principale. The Walking Dead, comics à succès de Robert Kirkman publié chez Image Comics, a ainsi eu droit à plusieurs one-shots mettant en scène les premières aventures du Gouverneur, Morgan ou encore Michonne, tandis que le monde de Black Hammer de Jeff Lemire chez Dark Horse Comics s’est étendu avec la série préquelle Black Hammer ’45. Ce sera aussi le cas d’autres oeuvres tel que The Cape de Joe Hill, avec son préquelle The Cape 1969 (dont on vous a parlé dans nos conseils de lecture), ou encore l’iconique The League of Extraordinary Gentlemen d’Alan Moore sous le label America’s Best Comics, qui s’étoffera à l’aide de trois romans graphiques à des années clés.


Qu’ils prennent la forme de préquelles, de préludes, de midquels ou de simples flashbacks dans la même histoire, les retours temporels ont la cote dans la narration actuelle. Une telle méthode de narration offre plus de liberté au scénariste et amène à plus d’innovation dans la façon de raconter une histoire. C’est pour ces raisons que les préquelles, d’un point de vue strictement narratif, sont plus qu’intéressants, d’autant plus lorsque nous accrochons à l’univers.

Même si certains studios ou éditeurs profitent peut-être un peu (trop) de ce qui apparait comme la tendance du moment, les préquelles n’ont sans doute pas fini de nous étonner et ne sont certainement pas prêts de s’arrêter.

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