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Ce mois-ci, pour son premier numéro, Power Girls met à l’honneur la première et toujours très célèbre super-héroïne made in DC, j’ai nommé Wonder Woman.
Qui est Wonder Woman ?
Tout droit sortie de l’imagination de William Moulton Martson, un psychologue américain lassé de ne devoir lire que des histoires de super-héros masculins, Wonder Woman voit le jour en 1941 dans All Star Comics #8. Accompagné du dessinateur Harry G. Peter, lequel donnera vie à l’héroïne jusqu’en 1958, William Moulton Martson crée dans un premier temps Suprema the Wonder Woman, personnage librement inspiré de Margaret Sanget, à qui l’on doit le planning familial, et qui deviendra par la suite Wonder Woman.
Derrière Wonder Woman se cache en réalité la Princesse Diana, membre d’une tribu d’Amazones issues de la mythologie grecque et installées sur l’île de Themiscyra (également connue sous le nom de Paradise Island) après avoir été vaincues par Hercule. Ambassadrice amazone dans la société moderne, Wonder Woman possède plusieurs pouvoirs reçus en cadeaux des dieux grecs tels qu’un lasso magique et des bracelets capables d’arrêter les balles. Son histoire débute lorsqu’elle recueille Steve Trevor, un pilote de l’armée américaine dont l’avion s’est abimé à proximité de Paradise Island. Ce dernier n’ayant pas le droit de demeurer dans le refuge des Amazones, la fille de la reine Hippolyta quitte donc l’île aux côtés de Steve Trevor, à bord de son avion invisible, direction les Etats-Unis, « dernière citadelle de la démocratie ». Là, celle qui se fait dès lors appeler Diana Prince devient secrétaire de Steve Trevor et commence également à combattre le crime aux côtés de la Justice League of America. Ses principaux ennemis sont alors Cheetah, Arès ou Doomsday.
Au fil des ans, Wonder Woman deviendra un véritable pilier de la Justice League, souvent même considéré comme l’un des pans de la Trinité de DC, aux côtés de Batman et Superman. Ses aventures solo prendront d’autant plus d’ampleur ces dernières années, lorsqu’elle devient elle-même la déesse de la guerre ou prend un tout autre rôle au sein de la JLA.
Outre quelques tentatives d’adaptations notamment sur petit écran entre 1975 et 1979 avec Lynda Carter, ou bien en téléfilm et en version animée qui, soyons honnêtes, n’ont pas marqué les esprits, c’est surtout au cinéma que Wonder Woman s’est finalement imposée. Depuis 2013, l’actrice israélienne Gal Gadot incarne le visage de Wonder Woman dans le DC Extended Universe. Après un premier long métrage solo sorti en 2017 salué par la critique, et une participation au film choral Justice League la même année, le deuxième volet des aventures de la jeune amazone, Wonder Woman 1984 sortira ce mois-ci.
La féminité de Wonder Woman
Dans une interview donnée en 1943 pour The American Scholar, William Moulton Martson, qui ne cachait pas ses sympathies féministes et son admiration pour le mouvement des suffragettes, précise au sujet de son personnage :
« Wonder Woman a été conçue dans le but de promouvoir au sein de la jeunesse un modèle de féminité forte, libre et courageuse, pour lutter contre l’idée que les femmes sont inférieures aux hommes et pour inspirer aux jeunes filles la confiance en elles et la réussite dans les sports, les activités et les métiers monopolisés par les hommes ».
Avant de rajouter un peu plus loin dans la même entrevue :
« Même les filles ne voudront pas être des filles tant que nos archétypes féminins manqueront de force, de vigueur et de puissance. Comme elles ne veulent pas être des filles, elles ne veulent pas être tendres, soumises, pacifiques comme le sont les femmes bonnes. Les grandes qualités des femmes ont été méprisées à cause de leur faiblesse. Le remède logique est de créer un personnage féminin avec toute la force de Superman plus l’allure d’une femme bonne et belle ».
En effet, derrière sa plastique irréprochable, largement inspirée de l’archétype de la déesse grecque, en tous cas selon notre imaginaire actuel, Wonder Woman, notamment lors de sa création dans les années ’40 / ’50 a su s’imposer et s’attirer un capital sympathie auprès du public en renvoyant une nouvelle image, une nouvelle représentation de la femme, bien loin des stéréotypes établis dans la société du milieu du XXe siècle.
Wonder Woman, et derrière elle Diana Prince, allie en une seule et même personne, à la fois féminité et force de caractère. Loin du cliché de la femme au foyer, faible (du moins physiquement, si ce n’est également psychiquement) et soumise à son mari dont dépend la pérennité de la maisonnée, la jeune amazone fait montre d’une grande volonté et d’une grande force de caractère. L’empathie, la foi en l’amour, la compassion sont des qualités qui lui sont régulièrement octroyées. Des qualités bien souvent davantage féminines que masculines, et surtout des qualités humaines, un comble pour quelqu’un dont le père est probablement Zeus. Mais ne serait-ce pas là justement sa force ? Etre plus humaine que les humains eux-mêmes ?
Véritable leader, elle ne rechigne pas non plus à aller au combat, même si elle privilégie toujours en premier lieu la discussion et la diplomatie. L’ancienne princesse de Themyscira a d’ailleurs souvent joué le rôle de diplomate pour son île.
Toutes ces qualités et cette personnalité unique ont valu à Wonder Woman d’une part de devenir membre des Star Sapphires, un groupe exclusivement féminin car, si l’on en croit le scénariste de comics Geoff Johns : « la plupart des hommes ne sont pas dignes de la bague des Star Sapphires, laquelle se nourrit de l’amour » ; et, d’autre part de devenir un membre éminent de la Justice League, au point d’actuellement diriger sa propre section, la Justice League Dark.
L’image de Wonder Woman
Evidemment, de nos jours, l’image et la place de la femme dans la société ont, fort heureusement, évolué. Il suffit de s’arrêter quelques instants sur l’impact de mouvements tels que celui de #metoo ou bien la médiatisation de certains procès pour s’en rendre compte.
De son côté, Wonder Woman a longtemps conservé, et ce bien malgré elle, une connotation un peu désuète, kitsh voire rabaissante, notamment dans son costume de pin-up. Une image correspondant davantage au stéréotype de la femme des années ’40, période de sa création, qu’à celle du XXIe siècle. Il faut dire qu’à la mort de son créateur, en 1947, l’Amazone rentre quelque peu dans le rang en endossant tour à tour les rôles de baby-sitter, mannequin ou secrétaire, bien loin du symbole d’émancipation de la femme initialement imaginé. Il était donc devenu nécessaire de remettre l’héroïne en phase avec son époque en la faisant correspondre aux attentes du public moderne.
Bien que Wonder Woman ait connu un succès quasi incontesté pendant près de 80 ans, l’arrivée de Gal Gadot sous les traits de Diana Prince et de Patty Jenkins à la réalisation du premier long métrage consacré à l’Amazone a permis de dépoussiérer et de moderniser assez radicalement l’image de cette dernière, tout en mettant en avant les qualités et les valeurs qui en font une personne extraordinaire, notamment au travers de scènes de combat.
Cependant, au cours de sa carrière, l’héroïne n’échappe pas aux critiques. Officiellement bisexuelle depuis l’annonce de Greg Rucka en 2016, la jeune femme est souvent attaquée sur sa plastique et ses mensurations jugées trop parfaites (et ce n’est pas Gal Gadot qui dira le contraire !), et donc non représentatives de la femme. Un public féminin qui peine donc à se retrouver dans cette super-héroïne au corps de déesse et à l’armure plus que sexy. Pire encore, il a même été reproché à Wonder Woman « sa parfaite épilation des aisselles » !
Sans tomber dans l’excès (et surtout la stupidité !), il serait en effet intéressant dans les prochaines années de voir une Wonder Woman peut-être un peu moins parfaite en faisant, par exemple, à l’image de Charlize Theron dans Into The Valley Of Ellah, tourner Gal Gadot sans maquillage. Ainsi, elle sera toujours belle, mais davantage naturelle et spontanée.
En conclusion, après trois quarts de siècle d’existence, Wonder Woman a su s’imposer comme un personnage incontournable des comics en général et de DC en particulier, qui n’hésitent pas à écrire sur leur site officiel :
« N’en déplaise aux Lara Croft, Buffy et autres princesses Disney du monde, aucune d’entre elles n’a été immortalisée sur autant de couvertures de magazines, n’a orné tant de t-shirts, ni vendu autant de comics, jouets et figurines que Wonder Woman. »
Figure intergénérationnelle de la lutte féministe, le personnage est devenu au fil du temps une icône de la pop culture au point d’être nommé temporairement en 2016 par l’ONU, ambassadrice honoraire pour l’émancipation des femmes.
En fait, c’est peut-être ça une Power Girl …
1 thought on “POWER GIRLS: Wonder Woman”