La recommandation de Timo
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Y: The Last Man, Lucifer, The Sandman, … : les adaptations du défunt label Vertigo se font de plus en plus nombreuses malgré la disparition de ce dernier. Face à ce constat, on ne peut pas passer à côté du succès monstre des comics du DC Black Label comme Batman: White Knight, Batman: Damned ou le récent Hellblazer: Rise and Fall. Alors que le DC Black Label était annoncé comme le remplaçant de Vertigo, peut-on vraiment dire que ces labels sont si proches que cela ? C’est la question ue nous avons décidé d’analyser aujourd’hui. Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, laissez-nous vous relater l’histoire de ces deux labels.
Vertigo : histoire d’un label défunt
Retournons ensemble au début des années 1990. C’est en 1992, dans une réunion éditoriale, que nait l’idée de créer un tout nouveau label au sein de DC Comics. A la tête de cette idée : Karen Berger.
Karen Berger est alors une éditrice de DC depuis quelques années et avait réussi à attirer quelques auteurs britanniques au sein de l’éditeur majeur de comics qu’est DC, signant des noms désormais ronflants tels que Neil Gaiman, Peter Milligan ou encore Grant Morrison. Berger, avec l’aide de ces auteurs et d’un autre auteur bien connu (Alan Moore) avait d’ores et déjà relancé six séries désormais devenues cultes telles que Hellblazer (Peter Milligan), The Sandman (Neil Gaiman), Doom Patrol (Grant Morrison) et The Saga of the Swamp Thing (Alan Moore), connaissant toutes un grand succès. Ces séries, tout comme Shade, The Changing Man et Animal Man, affichaient un avertissement signalant une lecture destinée à un public adulte. Face à ce succès, Berger proposa de lancer un label pour adultes, qui naquit en 1993. Ce nouveau label de DC Comics est lancé sous le nom de Vertigo et son succès fut tel qu’il aura duré pas moins de 25 ans.
Vertigo tiendra son succès de son principe de base : des histoires destinées à un public plus mature, avec une façon plus sophistiquée de les raconter. Le label sera aussi connu à ses débuts pour son design uniforme pour le différencier des titres DC habituels, avec également des couvertures dessinées par le même artiste. Au niveau du format, il est aussi à noter que Vertigo est le label qui a popularisé les trade paperbacks, c’est-à-dire la collection des numéros de comics (habituellement publiés en format kiosque chapitre par chapitre) en un seul tome softcover. Les trade paperbacks représentaient même la majorité des ventes de Vertigo et c’est face à ce succès que DC (et les autres éditeurs également) décidèrent de publier leurs comics sous ce format de manière régulière, et ce depuis le début des années 2000 désormais.
L’avantage de Vertigo était aussi de pouvoir raconter des histoires totalement indépendantes de DC et, avec la montée des comics indépendants (Image Comics avait par exemple été créé un an plus tôt), beaucoup de comics indépendants du label Vertigo furent un succès critique et commercial. En 25 ans, pas moins de 8 comics ont reçu un prix aux Eisner Awards, à savoir Preacher de Garth Ennis et Steve Dillon (Meilleure suite de série en 1999), 100 Bullets de Brian Azzarello et Eduardo Risso (Meilleure histoire en 2001 puis Meilleure suite de série en 2002 et 2004), Fables de Bill Willingham et Mark Buckingham (Meilleure nouvelle série en 2003, Meilleure histoire en 2003, 2005 et 2006, Meilleure anthologie et Meilleure histoire courte en 2007), The Sandman: Endless Nights de Neil Gaiman (Meilleure anthologie en 2004), Y: The Last Man de Brian K. Vaughan et Pia Guerra (Meilleure suite de série en 2008), American Vampire de Scott Snyder et Rafael Alburquerque (Meilleure nouvelle série en 2011), Daytripper de Fabio Moon et Gabriel Ba (Meilleure mini-série en 2011), et le dernier en date à avoir remporté un prix, The Wake de Scott Snyder et Sean Murphy (Meilleure mini-série en 2014).
Beaucoup d’autres titres furent aussi des succès sans nécessairement obtenir de prix. On peut notamment citer Transmetropolitan de Warren Ellis, The Invisibles de Grant Morrison ou encore DMZ de Brian Wood. Plusieurs sous-labels furent également lancés au fil des ans avec généralement peu de succès par contre, nommés entre autres Vertigo Voices ou Vertigo Vérité.
Aujourd’hui, même si désormais terminé, le label Vertigo continue à vivre à travers ses nombreuses adaptations. iZombie et Preacher ont eu des adaptations télévisées ces dernières années tandis que des films V for Vendetta, The Losers ou plus récemment The Kitchen sont également issus de Vertigo. Actuellement, on compte parmi les adaptations de Vertigo la récente série Y: The Last Man sur FX on Hulu et les séries Lucifer et Sweet Tooth de Netflix et celles-ci seront rejointes par une série The Sandman sur Netflix également, et une mini-série DMZ sur HBO Max.
DC Black Label : le successeur de Vertigo ?
En 2018, DC Comics décident de réarranger toute leur ligne éditoriale et suppriment le label Vertigo ainsi que d’autres labels. Dans cette nouvelle mouture éditoriale, les publications de DC ont vocation à être rangées par tranche d’âge sous trois noms : DC Kids (< 12 ans), DC Universe (13-17 ans) et DC Black Label (> 17 ans). Visant la même audience que Vertigo, le DC Black Label s’annonce alors comme le successeur naturel de Vertigo.
A son lancement, le DC Black Label a pour but de publier des histoires sur les personnages DC pour un public mature sous format de mini-séries ou de one-shots, réédités ensuite en format prestige. C’est ainsi que la toute première mini-série voit le jour avec Batman: Damned de Brian Azzarello et Lee Bermejo.
Les personnages de la Trinité DC ne seront pas en reste au sein du Black Label. Superman bénéficiera ainsi de la mini-série Superman: Earth One de Frank Miller et John Romita Jr en 2019 et de l’actuelle Superman vs. Lobo de Tim Seeley, Sarah Beattie et Mirka Andolfo, tandis que Wonder Woman sera en vedette de l’excellent Wonder Woman: Dead Earth de Daniel Warren Johnson et de la prochaine Wonder Woman Historia: The Amazons de Kelly Sue DeConnick et Phil Jimenez, ou encore la série très attendue Wonder Woman: Diana’s Daughter, qui verra le retour de Greg Rucka sur le personnage. En plus de Damned, Batman sera certainement le personnage le plus mis en avant avec Batman: Last Knight on Earth, Batman: Three Jokers, Batman/Catwoman, Batman: Reptilian et d’autres séries à venir telles que Batman: The Imposter, Batman: One Dark Knight et Batman/Joker: Deadly Duo.
Bien qu’initialement centré sur les personnages de DC, le Black Label commença aussi en 2020 à inclure des séries totalement indépendantes avec le retour de Sweet Tooth dans Sweet Tooth: The Return de Jeff Lemire. The Nice House on the Lake de James Tynion IV et Alvaro Martinez Bueno a également connu un franc succès critique. Le Black Label a enfin aussi commencé à produire des sous-labels pour donner plus de liberté à certains auteurs. Le talent brut de Sean Murphy peut ainsi s’exprimer au sein de ce qui est surnommé le Murphyverse, c’est-à-dire le monde du comics best-seller Batman: White Knight que Murphy a d’ores et déjà continué avec Batman: Curse of the White Knight et Batman White Knight Presents: Harley Quinn. Dans un tout autre style, le Black Label s’est ouvert à l’horreur en créant Hill House Comics, label dirigé par Joe Hill, qui a déjà pondu des hits tels que Plunge et Basketful of Heads.
Quel label est le meilleur ?
Nous en arrivons à la question fatidique : quel label est le meilleur entre Vertigo et le DC Black Label ? Vous n’aimerez peut-être pas la réponse, mais il serait malheureusement trop subjectif d’y répondre.
En effet, comparer le DC Black Label, qui va seulement fêter ses trois ans, à Vertigo, un label de 25 ans, n’est tout simplement pas comparable. Le Black Label est encore trop jeune que pour se faire réellement une idée de l’impact culturel qu’il a ou aura, contrairement à Vertigo pour lequel nous avons plus de recul et, surtout, une conclusion. Nous savons par contre déjà s’accorder sur un point : le DC Black Label n’est pas le successeur de Vertigo.
Il est vrai que lorsque Vertigo fut clôturé par DC Comics, beaucoup de fans du label ne comprenaient pas qu’un label ayant généré tant de comics primés prenne fin de manière volontaire. Surprise cependant : l’annonce de la fin de Vertigo était accompagnée de celle de l’arrivée du Black Label, destiné à la même tranche d’âge. Faisant A + B, il était facile de faire l’amalgame et la promotion du Black Label tendait aussi dans le sens d’un simple rebranding de Vertigo. Le Black Label était effectivement annoncé pour inclure des histoires plus sombres, plus adultes et en-dehors de l’univers DC : des termes qui auraient aussi pu correspondre à Vertigo mais qui évoquent ici un produit différent.
Alors que Vertigo mettait beaucoup plus l’accent sur des créations totalement indépendantes (Sweet Tooth, Y: The Last Man, Transmetropolitan, …), le DC Black Label n’a sorti que de très peu de séries du même acabit jusqu’à présent dans ce qui est – nous le rappelons – une histoire encore relativement jeune. A l’inverse, le Black Label a au final une ligne éditoriale bien différente de Vertigo et va se centrer sur des histoires en dehors de l’univers DC, certes, mais des univers alternatifs avec les mêmes personnages, en attestent ses plus grands hits (Batman: White Knight, Wonder Woman: Dead Earth, Joker: Killer Smile, …). Ce genre d’histoires ne seraient pas spécialement rentrées dans la ligne éditoriale de Vertigo si le label existait encore.
Par contre, là où les deux labels se rejoignent est sa forme. Le Black Label, comme dit plus haut, reprend le concept de Vertigo d’aborder des histoires destinées à un public mature. Mais le Black Label reprend aussi le concept de format. Alors que Vertigo avait lancé le succès des trade paperbacks, le Black Label mise beaucoup sur ses formats prestige, qui finissent en tête des ventes de tomes tous éditeurs confondus à la fin de l’année.
En résumé, il est impossible de faire un choix objectif pour dire qu’un label est mieux que l’autre. Mais peut-être avez-vous votre préférence ? Vous êtes plutôt Vertigo ou Black Label ? Dites-le nous dans les commentaires !
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