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Pour ce 30e numéro de Power Girls, et pour conclure la saison 3, il était enfin temps de se pencher sur le personnage dont le nom a inspiré la chronique : Power Girl. Mais ce personnage est-il une power girl par excellence ? Et qui est cette version alternative si particulière ? Il est temps de décrypter tout cela.
Qui est Power Girl ?
Le personnage de Power Girl fut créé en 1976 par Gerry Conway, Ric Estrada et Wally Wood et fit sa première apparition dans le All-Star Comics #58. Répondant au nom de Kara Zor-L, elle est une jeune fille venant de la planète Krypton, à l’instar de son cousin Kal-L alias Superman. Dotée de pouvoirs extraordinaires grâce à son exposition au soleil, incluant vol, force surhumaine, super-vitesse, souffle glacial, vision à travers les objets et rayons laser provenant des yeux, Kara est l’une des héroïnes les plus puissantes de la terre.
Si cette description vous est familière et vous fait penser à un autre personnage, rien de plus normal, car Kara Zor-L / Power Girl est une version alternative de Kara Zor-El alias Supergirl. La différence majeure se situe dans le fait que Power Girl vient de la Terre-2, terre qui, à l’origine, abritait les versions des années 40 des personnages de DC Comics. Après le crossover Crisis on Infinite Earths, la Terre-2 se retrouve détruite et le Superman de cette terre est alors effacé de la réalité. Kara, quant à elle, se retrouve coincée sur la nouvelle Terre-1 sans aucun lien avec son ancienne existence et ignorant totalement ses origines. On lui raconte qu’elle est la descendante du sorcier Atlante Arion et qu’elle a été congelée pendant des millénaires pour justifier sa perte de mémoire due à Crisis on Infinite Earths. Ce n’est effectivement que plus tard qu’elle apprendra ses origines, à la fois par rapport tà Krypton et la Terre-2.
Power Girl évoluera ainsi au final pendant bien plus longtemps sur la même terre que Supergirl que sur une terre différente. Elle rejoindra même la Justice League mais sera surtout connue comme membre d’une autre équipe, relancée par la suite : la Justice Society of America. Elle deviendra même leader d’un groupe spin-off de celle-ci, la JSA All-Star. Power Girl aura aussi surtout un rôle prépondérant dans l’évènement qui sert de suite à Crisis on Infinite Earths, Infinite Crisis, et participera à d’autres évènements majeurs qui suivront les années suivantes, tels que Final Crisis et Blackest Night, avant de subir un reboot comme tous les autres personnages DC avec l’arrivée des New 52.
Depuis les New 52, l’histoire de Power Girl a continué à évoluer, en étant tout d’abord une héroïne de la Terre-2 coincée sur la Terre-1 avant que celle-ci ne continue finalement ses aventures sur la terre qui l’a accueillie à bras ouverts. Mais qu’est-ce qui fait de ce personnage une femme si particulière, au-delà de ses origines ?
Power Girl et sa féminité
Power Girl est non seulement une version alternative de Supergirl, mais elle est une version qui apparait plus âgée et plus mature que son alter ego de la Terre-1. Power Girl a démontré par beaucoup de ses actions qu’elle est une femme forte, un modèle, là où Supergirl apparait en contraste comme la jeune fille en quête d’identité et en pleine évolution.
Power Girl apparait ainsi directement comme une véritable leader. Membre éminente et fondatrice de la nouvelle Justice Society of America, c’est elle qui est choisie pour devenir la nouvelle leader de l’équipe au départ de Mister Terrific. Aussi, elle est une leader qui a et applique des idées pour faire évoluer le statu quo. Lorsque la JSA décide de créer deux équipes distinctes, c’est Power Girl qui se porte volontaire pour mener l’une des deux équipes et décide d’en faire une équipe composée exclusivement des jeune membres de la JSA dans le but de leur offrir plus de responsabilités et de leur permettre de grandir en-dehors de l’ombre de leurs ainés.
En plus de représenter les valeurs de la maison kryptonienne El, symbolisée essentiellement par l‘espoir, Kara Zor-El est aussi une femme qui pousse l’indépendance et l’égalité de la gent féminine avec leurs homologues masculins bien plus loin que le fait Supergirl. Dès le départ, Kara prend le surnom de Karen Starr et est indépendante, qui plus est dans un secteur habituellement fort masculin vu qu’elle est programmatrice informatique. Elle ira même jusqu’à créer sa propre entreprise, phénomène assez rare pour une femme dans les comics et plutôt fréquent pour les personnages masculins.
Elle est aussi quelqu’un qui ne tombe pas dans l’obsession. A en croire les histoires qu’on lit souvent, il semble que bon nombre de héros et héroïnes vivent, mangent et dorment pour leur activité super-héroïque. Or, Power Girl décide à un moment de se retirer de ses activités pour sa santé mentale, en étant consciente qu’elle devait entretenir plus de relations en-dehors de ses activités super-héroïques. D’ailleurs, après les évènements de Lazarus Planet et l’augmentation de ses propres pouvoirs, elle décida d’ouvrir un bureau de conseils pour les super-héros pour les aider à faire taire leurs démons intérieurs et à s’améliorer à travers des conseils thérapeutiques.
Il est aussi important de signaler que Power Girl est en accord avec les valeurs de la famille El mais n’en porte pas l’emblème. Ayant été élevée dans sa capsule en direction de la terre et n’ayant ainsi pas connu Krypton, et n’ayant pas non plus énormément travaillé avec Superman une fois arrivée sur terre, Power Girl n’affiche aucune affiliation et croit en ses propres convictions avant toute chose.
Power Girl et l’évolution de son image
Justement, l’absence d’emblème : parlons-en. Il serait impossible de parler de l’image de Power Girl sans évoquer le point le plus évident et le plus controversé de son apparence. En lieu et place d’emblème, Power Girl arbore en réalité… rien. Son costume, depuis le départ, et encore actuellement, arbore en effet un grand trou au niveau de la poitrine, mettant ainsi en avant par la même occasion une poitrine proéminente, et surtout inhabituellement plus grande que les standards des super-héroïnes.
Cet aspect du personnage a toujours été fortement controversé, notamment lorsqu’on apprend que cet aspect physique du personnage était au départ… une blague. L’artiste qui dessinait le personnage à ses débuts, Wally Wood, était convaincu que les éditeurs ne prêtaient pas attention à ce qu’il faisait. Il décida alors d’augmenter la taille de la poitrine de Power Girl un peu plus à chaque numéro, et cela dura près de huit numéros avant que les éditeurs le remarquèrent. Pourtant, selon Gerry Conway, l’auteur des débuts du personnage, il n’y avait au départ rien de sexy à créer cette ouverture dans le costume de Power Girl, qui ne pouvait pas arborer le “S” de Superman/Supergirl, et dont Conway préférait ne rien mettre car un emblème avec un “P” paraissait ridicule selon lui.
Blague ou non selon ses créateurs, la poitrine proéminente et l’ouverture dans le costume de Power Girl sont restées, au point d’être une véritable caractéristique du personnage. Cela n’aura toutefois pas empêché certains éditeurs de forcer les dessinateurs à “fermer” le trou dans le costume, avançant cet aspect du personnage comme trop sexiste. S’en est suivie une longue variation de costumes avant de finalement revenir au costume de départ, devenu iconique en quelque sorte.
Nous ne pouvions pas ne pas en parler, mais il est vrai qu’il est au final assez dommage de résumer l’image que renvoie Power Girl à ses attributs féminins. Fort heureusement, le personnage de Power Girl et les moeurs ont bien évolué, permettant de se pencher davantage sur la personnalité du personnage. Cela n’empêche pas une pique concernant son costume d’arriver de temps à autre, même au sein des histoires. Power Girl se défend sans doute de la meilleure des manières en justifiant que cette ouverture dans son costume “montre ce que je suis : une femme, en bonne santé. Si les hommes veulent se dégrader à fixer mes seins, c’est leur problème, je ne vais pas m’excuser de les avoir.”
C’est peut-être cette phrase qu’il faudrait retenir quand on pense à son costume au final. Est-ce qu’il ne s’agit pas de l’expression ultime de la confiance en elle qu’a Power Girl ? Et puis, pourquoi s’attarderait-on sur son physique quand Kara a absolument tout pour servir de modèle à n’importe quelle femme ? Une leader intelligente, puissante, innovatrice, avec des valeurs fortes et actant sans propagande pour une égalité des sexes, des générations et des origines de chacun : pourquoi pensez-vous que nous avons nommé notre chronique d’après son nom ?
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