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OLD BUT GOLD: Kings in Disguise

Les pépites du passé

La recommandation de Timo

Le mois de décembre est souvent synonyme de fêtes de fin d’année et, pour ce mois particulier, je ne peux que vous recommander The Marvel Nightmare Art of Peach MomokoQue ce soit pour l’offrir à quelqu’un ou se l’offrir soi-même, cet ouvrage qui regroupe de multiples dessins de la dessinatrice Peach Momoko en mettra plein les yeux !

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Bienvenue dans Old But Gold, votre toute nouvelle chronique qui vous présente en profondeur les oeuvres de l’industrie du comics qui ont été des lauréats d’Eisner et Harvey Awards. Pour cette première saison, nous aborderons les lauréats de 1988 à 1991 et ce premier numéro vous présente Kings in Disguise. Avant toute chose, connaissez-vous ce comics ?


Kings in Disguise : de quoi parle-t-on ?

couverture de Kings in Disguise

Kings in Disguise est une mini-série en six numéros publiée en 1988 par le désormais défunt éditeur Kitchen Sink Press. Depuis la fermeture de l’éditeur en 1999, le comics a été réédité en un seul tome par W. W. Norton Books. Chez nous, le comics a été publié en version française sous le titre Les rois vagabonds par Vertige Graphic en plusieurs éditions, dont la dernière en date en 2019, que vous pouvez retrouver en fin d’article.

A l’origine, Kings in Disguise devait être une pièce de théâtre, ou tout du moins l’idée originale, intitulée On the Ropes, devait en être une. Ayant plusieurs connaissances chez Kitchen Sink Press, l’auteur du comics se laisse convaincre d’en faire une adaptation en roman graphique, mais propose à la place d’en faire une mini-série préquelle de la pièce de théâtre. Kings in Disguise est alors née.

Alors que On the Ropes incluait le personnage de Freddie Bloch, un activiste communiste dont il était dit qu’il avait participé à la grève de l’usine Ford en 1936, Kings in Disguise raconte les années qui ont précédé pour Freddie, personnage central de la mini-série. Freddie Bloch est en l’occurence un jeune garçon juif de 13 ans aux Etats-Unis, dans la ville fictive de Marian en Californie en 1933. La vie de Freddie prend un tournant lorsque son père les abandonne lui et son frère.

Son grand frère subvient alors aux besoins de la famille avec des petits boulots mais se fait finalement emprisonné après un braquage, laissant le jeune Freddie livré à lui-même. En l’absence de revenus suffisants, Freddie ne peut plus payer le loyer et se retrouve à la rue. Pensant que son père est peut-être parti à Detroit pour trouver un travail dans l’industrie automobile, Freddie décide de se diriger dans cette direction et commence à vivre comme un vagabond.

Sur son chemin, Freddie fera rapidement la rencontre de Sam, un autre vagabond plus âgé qui se fait surnommé le “Roi d’Espagne” et le prend sous son aile. Sam décide d’aider Freddie à retrouver son père et ils arriveront par la suite jusque Detroit, où ils vivront notamment la grève de l’usine Ford.

La suite de Kings in Disguise a ensuite été publiée également en roman graphique en plus de la pièce de théâtre originelle, même s’il aura fallu attendre 2013 pour voir On the Ropes être publiée chez W. W. Norton. Même si Kings in Disguise n’est pas un des comics les plus longs de l’histoire, avec à peine six numéros, il n’en reste pas moins l’un des mieux notés, notamment classé par Stephen Weiner comme l’un des 101 meilleurs romans graphiques de l’histoire dans son livre de 2005.


Les artistes derrière Kings in Disguise


Kings in Disguise est une création de James “Jim” Vance, un auteur américain né en 1953 et qui, à l’âge de 35 ans, s’essaya à un script de pièce de théâtre. Vous l’aurez deviné, il s’agit de On the Ropes, qui donnera naissance à Kings in Disguise un an plus tard, sa toute première expérience dans l’industrie du comics.

Après ce franc succès, Vance ne fut pas l’un des auteurs les plus prolifiques, mais il eut quelques comics publiés à son nom, majoritairement chez des éditeurs indépendants, comme Mr Hero the Newmatic Man chez Techno Comix, et les one-shots de franchises Predator: Homeworld et Aliens: Survival chez Dark Horse Comics. Il écrira aussi un petit arc narratif sur Batman: Legends of the Dark Knight, sa seule oeuvre chez un éditeur majeur. Au final, il publiera son dernier roman graphique, comme pour boucler la boucle, en 2013 avec la suite de Kings in Disguise, On the Ropes. Jim Vance est malheureusement décédé quatre ans plus tard d’un cancer à l’âge de 64 ans.

Bien qu’une création à l’origine de Jim Vance, le comics Kings in Disguise a été fait en collaboration avec l’artiste Dan E. Burr. L’Américain né en 1951 a débuté l’illustration de comics au milieu des années 1980 chez des éditeurs indépendants de taille modeste comme Kitchen Sink Press, Eclipse Comics et Dark Horse Comics. Tout comme Vance, le succès viendra pour Burr en 1988 avec la publication de Kings in Disguise.

Par la suite, Burr travailla aussi comme artiste régulier sur d’autres séries de Kitchen Sink comme les comics d’horreur Death Rattle et Grateful Dead Comix ou encore sur la série de Paradox Press The Big Book Of. Bien plus tard, en 2012, il collabore avec l’auteur Michael Goodwin pour illustrer le livre de non-fiction d’Abrams Books Economix: How Our Economy Works (and Doesn’t Work) in Words and Pictures, qui fut un véritable best-seller et acclamé par la critique. En 2013, il connait à nouveau un succès critique avec On the Ropes, à nouveau en binôme avec Jim Vance. Dan E. Burr ne semble plus être actif depuis 2015 et est aujourd’hui âgé de 72 ans.


Le palmarès


Kings in Disguise a remporté deux Eisner Awards lors de sa première participation en 1989. En l’occurence, la mini-série a remporté l’Eisner Award de la meilleure nouvelle série, succédant à Concrete de Paul Chadwick, et remportant plus de voix que Animal Man de Grant Morrison et Chas Truog, Excalibur de Chris Claremont et Alan Davis, The Maze Agency de Mike W. Barr et Adam Hughes, ou encore V for Vendetta de Alan Moore et David Lloyd.

Kings in Disguise remporte aussi l’Eisner Award du meilleur numéro ou one-shot pour le Kings in Disguise #1, coiffant au poteau le Twist #2 de chez Kitchen Sink ainsi que trois publications DC : des numéros d’Animal Man de Grant Morrison et Chas Truog et Swamp Thing de Rick Veitch, et surtout le one-shot Batman: The Killing Joke de Alan Moore et Brian Bolland. En plus de ces deux prix, le comics a aussi valu à Jim Vance d’être nominé comme meilleur auteur et Dan E. Burr comme meilleur artiste cette même année.

A l’instar des Eisner, Kings in Disguise a aussi remporté le Harvey Award de la meilleure nouvelle série en 1989, succédant là aussi à Concrete de Paul Chadwick. et battant là aussi Animal Man et The Maze Agency ainsi que Aliens de Mark Verheiden et Mark Nelson et The Sandman de Neil Gaiman, Sam Kieth et Mark Dringenberg.


Pourquoi Kings in Disguise est un classique ?


Outre ces nombreux prix, qu’est-ce qui fait que cette mini-série fut tant acclamée, au point d’être considérée comme l’un des 100 meilleurs comics de l’histoire par l’auteur Stephen Weiner ou même d’être mise en avant par des pointures de l’industrie comme Alan Moore, Art Spiegelman, Harvey Kurtzman et Will Eisner ?

Ce qui fati ressortir Kings in Disguise du lot est l’humanité qui s’en dégage. Il s’agit d’une histoire tout ce qu’il y a de plus humaine, sans fantastique et inspirée de la réalité, mais qui explore le côté souvent oublié de l’histoire, ceux qui vivent dans la pauvreté et ne sont que rarement les personnages principaux des histoires ou de l’Histoire. Comme le dit si justement Alan Moore dans la préface du livre, l’industrie du divertissement s’attarde rarement sur une histoire où un pauvre reste pauvre, et pourtant c’est ce que Kings in Disguise réalise.

Au-delà d’être une histoire humaine, c’est aussi surtout une histoire magnifiquement contée, dépeignant la misère constante d’une vie de vagabond, là où le personnage vit tel un funambule sur la ligne entre la vie et la mort. Les personnages sont dépeints avec une justesse affolante.

James Vance écrit avec un naturel, d’une voix honnête qui n’affiche pas sa recherche comme un étendard et avec un regard attentionné sur les nuances de la nature humaine.

Alan Moore dans la préface de Kings in Disguise

L’émotion passe aussi par le trait fin de Dan E. Burr, qui dessine ici en noir et blanc. L’utilisation du monochrome est toutefois faite avec une réalisation surprenante, utilisant parfois une technique de négatif. Typiquement, un éclairage à la bougie dans le noir voit la case remplie de noir avec les personnages en blanc et le jeu de lumière qui s’accompagne. Le tout est fait avec une efficacité éblouissante.

Au final, Kings in Disguise est une histoire émouvante et inattendue, qui fait pénétrer le lecteur dans la vie que personne ne souhaiterait vivre : celle d’un sans-abri. Pourtant, le scénario renforcé par les dessins nous emmènent dans un récit sur de véritables relations humaines et honnêtes que tout un chacun voudrait avoir dans sa vie. Le comics n’a pas gagné autant de prix pour rien, mais pour comprendre davantage pourquoi Kings in Disguise est un classique, nous vous conseillons de le lire.

Vous pouvez vous le procurer sous le lien ci-dessous, via notre partenaire BDfugue :

Les rois vagabonds par James Vance et Dan Burr (Vertige Graphic)

Chaque mois, nous produisons aussi six autres chroniques variées : Know Your Classics, qui présente des comics qui ont marqué l’industrie du comic book (premier numéro encore à paraitre : Spider-Man par Todd McFarlane) ; Comics Out, qui présente des comics LGBTQ+ (dernier numéro sur un personnage : Northstar) ; Power Girls, qui se centre sur les personnages féminins des comics (le mois dernier : Power Girl)The Dark Side, qui présente les vilains des comics (le mois dernier : Magneto) ; Agent Double, qui présente des acteurs/actrices ayant joué au moins deux rôles de comics (le mois dernier : Marwan Kenzari) ; et le Top 5, qui présente un sujet différent chaque mois, comme le TOP 5 des annonces de la San Diego Comic-Con le mois dernier.

Et si vous aimez notre contenu original, ne manquez pas nos séries d’articles UDC Original comme Les Armures d’Iron Man dans le MCU, la série qui compte déjà deux saisons PubliStory, et la toute prochaine Into the Writer-Verse.

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