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Notre chronique Comics Out est de retour avec, aujourd’hui, un sacré morceau. Peut-être le connaissez-vous déjà ou peut-être le découvrirez-vous à travers la chronique, Heartstopper est devenu en peu de temps un pilier de la représentation LGBTQ+ en comics. C’est simple : c’est l’un des comics qui nous a donné l’idée de changer le thème de la chronique en ce début de saison 4, abandonnant les personnages LGBTQ+ pour se centrer sur des comics. Le jour de Heartstopper est arrivé pour Comics Out, et cela commence tout de suite.
Qu’est-ce que Heartstopper ?
Heartstopper est une série de romans graphiques qui a débuté en 2016 et est toujours en cours de publication. La série commença sous forme de webcomics et rencontra un franc succès avant d’être auto-publiée grâce à une campagne de crowdfunding sur Kickstarter. Le comics obtint ensuite un contrat d’édition et est publié depuis 2019 au sein du groupe Hachette Children. Quatre tomes ont été publiés jusqu’à présent, avec un cinquième prévu pour le mois prochain et un sixième et dernier à l’avenir. Les tomes sont aussi disponibles en version française, publiés par la branche française de Hachette.
Les comics Heartstopper sont à la fois écrits et dessinés par la Britannique Alice Oseman. L’autrice née en 1994 était encore étudiante en littérature à l’Université de Durham en Angleterre quand elle obtient un contrat d’édition avec HarperCollins en 2014, connaissant le succès avec son premier roman, Solitaire (L’année solitaire en version française). Rapidement, elle dit être “tombée amoureuse” de deux personnages secondaires de cette histoire, qu’elle approfondira dans deux nouvelles, Nick & Charlie et This Winter (Cet hiver en VF) durant l’année 2015, puis dans le webcomics Heartstopper, qu’elle publie au départ sur le site Tumblr, marquant sa première expérience dans un format de roman graphique. Oseman est aussi l’autrice des romans Radio Silence, I Was Born for This et Loveless, publiés par la suite.
Heartstopper reste toutefois l’oeuvre qui l’occupe le plus depuis son succès phénoménal. On peut effectivement parler de succès phénoménal car la série de romans graphiques a été adaptée dans une série sur Netflix, mettant en vedette Kit Connor et Joe Locke dans les rôles principaux et lancée en 2022 sur la plateforme de streaming leader du marché. L’audience et la critique furent tellement bonnes que – chose rare – Netflix renouvella directement la série pour deux saisons supplémentaires. La saison 2 est sortie en août de cette année et la saison 3 est en cours de production.
Si nous en parlons aujourd’hui, c’est naturellement car Heartstopper est acclamé par la critique pour sa représentation LGBTQ+. Même si le comics n’a jamais remporté de prix spécifique pour cela, son adaptation sur Netflix a remporté cette année le GLAAD Media Award pour le meilleur programme dans la catégorie “Kids & Family”. La série de romans graphiques fut récompensée par de multiples autres prix tels que des Goodreads Awards et un British Book Award. Le tome 4 fut notamment nominé cette année pour l’Eisner Award de la meilleure publication pour adolescents. Mais que raconte cette histoire ?
Heartstopper : la romance homosexuelle de Nick et Charlie, et bien plus
Heartstopper raconte l’histoire de deux jeunes garçons allant à l’école à la Truham Grammar School. D’un côté, on retrouve Charlie Spring, un étudiant ayant récemment fait son coming out en tant qu’homosexuel. Celui-ci est au départ dans une relation cachée avec Ben Hope, un garçon homosexuel qui s’affiche publiquement comme hétérosexuel et profite de Charlie pour avoir une relation homosexuelle, rendant la relation entre les deux extrêmement toxique.
De l’autre côté, Heartstopper suit Nick Nelson, un étudiant de l’année supérieure et qui fait partie de l’équipe de rugby de l’école. Au début de la nouvelle année scolaire, dans un cours qu’on appelle form class au Royaume-Uni, regroupant des élèves de deux années différentes pour que les plus âgés servent de mentors aux plus jeunes, Nick se retrouve associé au jeune Charlie, et le courant passe immédiatement entre les deux étudiants.
Les deux garçons se rapprochent tellement que Charlie tombe éperdument amoureux de Nick, remettant ainsi en question sa relation toxique avec Ben, avec qui il décide d’arrêter la relation. Ben devient violent, mais Nick arrive pour protéger Charlie. Nick se lie d’une amitié de plus en plus forte avec Charlie, le poussant à rejoindre l’équipe de rugby et fréquentant de plus en plus le groupe d’amis de Charlie plutôt que le groupe de l’équipe de rugby.
Nick Nelson se pose toutefois de plus en plus de questions, car ne cesse de penser à Charlie et commence à ressentir des sentiments qu’il n’avait jamais eu envers un homme. Nick se découvre bisexuel et décide d’assumer ses sentiments envers Charlie. Les deux jeunes hommes sont amoureux et se mettent ainsi en couple d’une manière totalement naturelle avant de poursuivre leur relation au fil des tomes.
Si Heartstopper est acclamé pour sa représentation LGBTQ+, ce n’est pas uniquement pour la relation entre Nick et Charlie. La série de romans graphiques compte aussi une large représentation ethnique et d’orientations sexuelles et identités de genre à travers ses personnages secondaires, telles que Elle Argent, une jeune fille transgenre qui faisait auparavant partie du groupe d’amis de Charlie au lycée Truham avant sa transition et fréquente désormais la Higgs Girls School située juste à côté de Truham ; Tara Jones et Darcy Olsson, un couple de lesbiennes devenant amies avec Elle à Higgs ; ou encore Aled Last, un demisexuel qui est adapté dans le personnage d’Isaac Henderson dans la série Netflix.
En quoi Heartstopper est une bonne représentation de la communauté LGBTQ+ ?
Il est difficile de rester objectif pour ce qui concerne Heartstopper. Le comics – et par extension, sa série Netflix, qui est extrêmement fidèle au comics – est tout simplement l’une des meilleures représentations LGBTQ+, au point qu’on pourrait se demander si les comics suivants de la chronique lui arriveront à la cheville.
Si on se concentre sur l’histoire principale, l’histoire d’amour entre Nick et Charlie, il y a déjà quelque chose de remarquable dans Heartstopper et qu’il n’y a que rarement dans d’autres comics, voire d’autres oeuvres traitant de relations LGBTQ+ : la positivité. Certes, des aspects négatifs sont abordés car ils font malheureusement partie de la vie, comme les relations toxiques et le lynchage homophobe, mais la relation entre les deux jeunes hommes coule tellement de source que n’importe qui qui lirait le comics ou regarderait la série ne pourrait pas s’empêcher de dire : cette relation est normale.
Heartstopper aborde cette histoire d’amour avec un naturel presque inédit, sans en faire des caisses sur le fait qu’il s’agit de deux garçons et non un garçon et une fille. Les thèmes de l’homosexualité, de la bisexualité, du coming out et du questionnement interne sur l’orientation sexuelle sont abordés en filigrane et d’une manière tellement juste, que le comics pourrait tout simplement servir d’exemple à tout un chacun. Les messages que renvoie ce comics sont d’une puissance et d’une positivité sans nom, et qui devraient pourtant être naturels pour tout un chacun : s’écouter, ne pas avoir peur d’être soi-même, accepter ses sentiments et la personne qu’on est et/ou qu’on devient, s’aimer soi-même et se permettre d’aimer la personne qu’on veut.
Le comics jongle avec brio entre deux stades bien différents de l’acceptation de soi, avec d’un côté Charlie qui s’assume pleinement comme homosexuel, et de l’autre Nick qui se découvre et passe par toutes les étapes de questionnement et d’anxiété par lesquelles Charlie est déjà passé. Le questionnement de Nick est sans doute l’une des meilleures descriptions de la bisexualité à exister dans une histoire fictive et pourrait servir de road map à chacun qui se découvrirait bisexuel. De même, la scène du coming out de Nick auprès de sa mère est sans doute l’un des moments les plus émouvants de toute la série de livres (ou de la série TV) et devrait être montrée comme exemple à chaque parent afin d’appréhender le coming out de son enfant de manière positive.
On l’a dit plus haut, Heartstopper, ce n’est pas que la relation homosexuelle entre Nick et Charlie. Le comics aborde aussi la question d’identité de genre via le personnage d’Elle Argent, une jeune fille transgenre, et son meilleur ami Tao Xu, qui se découvre des sentiments pour elle. C’est aussi l’une des rares oeuvres à aborder le thème du spectre de l’asexualité et aromantisme, avec le cas très précis d’Aled qui est demisexuel, introduisant ainsi certainement le concept à beaucoup de lecteurs, qui consiste en l’absence d’attirance sexuelle de base et de l’apparition progressive de celle-ci envers l’être aimé une fois qu’un lien assez fort et étroit ait été créé.
En bref, ce n’est pas étonnant que Heartstopper connaisse un si grand succès. Même au-delà de sa représentation LGBTQ+, il s’agit d’une magnifique oeuvre qui transmet des messages intrinsèques remplis de positivité et a le pouvoir de donner le sourire à celui ou celle qui la lit ou regarde. On l’a déjà dit, mais on le répète en guise de conclusion, Heartstopper est sans doute l’une des meilleures représentations LGBTQ+ qui existe. Point final.
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