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Bienvenue pour ce nouveau numéro de Know Your Classics ! Aujourd’hui, c’est une oeuvre bien particulière que nous allons aborder, dont l’impact sur l’industrie du divertissement est tel qu’il ne se limite pas aux comics. Nous parlons aujourd’hui de L’Incal, et si son titre est en français, c’est qu’il y a bien une raison.
L’Incal : de quoi parle-t-on ?
L’Incal est une série de romans graphiques qui, pour une fois dans cette chronique, aura marqué l’industrie du comics en traversant l’Atlantique dans l’autre sens. En effet, le comics a vu le jour pour la première fois de manière sérialisée dans le magazine français de bande dessinée de science-fiction Métal hurlant de l’éditeur Les Humanoïdes Associés, entre 1980 et 1985. En parallèle, la série était aussi publiée en 6 tomes reliés publiés entre 1981 et 1988.
Face à son succès en France, la série se retrouve publiée en anglais dans le magazine similaire Heavy Metal, magazine devenu culte et qui débutait par la publication de traductions de Métal hurlant. L’Incal atterrit ensuite chez Epic Comics, une division de Marvel Comics, et se retrouve publié en trois tomes reliés en 1988, sous le titre The Incal. Les Humanoïdes Associés se lancera en 1999 dans la publication de comics sur le marché américain sous le nom Humanoids et réédite ses propres propriétés intellectuelles. L’Incal est alors réédité chez Humanoids à partir de 2001 en version anglaise.
A l’origine, L’Incal est aussi le moyen de réutiliser les concepts et designs non utilisés de l’adaptation du roman pilier de la littérature de science-fiction Dune, une adaptation initiale qui n’a pas pu voir le jour dans les années 1970. La série de bandes dessinées dépeint un monde futuriste rempli de mégalopoles gouvernées par des “Technopères”, des villes avec des gratte-ciels aux hauteurs vertigineuses et avec une forte distinction de classes sociales. Le monde de L’Incal regroupe une panoplie de concepts de science-fiction, allant des aliens aux apparences d’animaux, à la conquête spatiale avec des vaisseaux géants, en passant par une technologie ultra-poussés incluant androïdes et voitures volantes.
Le personnage principal est John Difool, un détective privé qui se retrouve mêlé à l’apparition d’un artefact cosmique mystérieux, l’Incal de lumière, que plusieurs factions tentent de récupérer en pourchassant Difool. John Difool et son fidèle compagnon Deepo se retrouvent à faire équipe avec plusieurs personnages à travers la série, tels que Animah et sa soeur Tanatah, Solune, le Métabaron et Kill Tête-de-Chien. Difool et compagnie se mettent à protéger l’Incal de lumière et à tenter d’arrêter l’influence de l’Incal noir, ainsi que les actions des Technopères et leur fabrication d’un Oeuf Noir mangeur de soleils.
Cette histoire épique a une réputation sans précédent et a sa place dans Know Your Classics car a effectivement eu un impact monstre, non seulement sur l’industrie du comics, mais celle du divertissement de manière générale.
Les artistes derrière L’Incal
L’Incal est un comics créé et écrit par Alejandro Jodorowsky. Celui-ci est un personnage haut en couleur du monde artistique dans son ensemble, ayant vécu en France et au Mexique pendant bon nombre de ses années formatrices, durant lesquelles il s’intéressa de plus en plus au mouvement surréaliste, au point d’ensuite créer son propre mouvement, le Mouvement Panique. Véritable touche-à-tout, il réalise son premier court-métrage durant ses années à Paris après avoir suivi une formation de mime sous Marcel Marceau et a même publié ses propres comics strips, Anibal 5, en 1966.
C’est en 1970, à l’âge de 41 ans, que Jodorowsky commence à se faire un nom, tout d’abord dans la réalisation de longs-métrages, en réalisant El Topo en 1970 puis The Holy Mountain en 1973. Il sera engagé à la réalisation d’une adaptation du roman Dune en 1974, un film qui aurait du voir Salvador Dali et Orson Welles au casting ou encore Pink Floyd pour la bande originale, mais qui ne vit finalement pas le jour. A la suite de cet échec du à un changement de possession des droits d’adaptations entre studios (qui mena au film de 1984 par David Lynch), Jodorowsky réalise à la place le film français Poo Lom l’Eléphant en 1980. Il réalisera par la suite d’autres films, dont ses deux plus récents sont des films autobiographiques, sortis en 2013 et 2016.
Le projet abandonné de Dune fut surtout une inspiration pour Jodorowsky afin de créer son propre monde de science-fiction et il crée ainsi L’Incal, le comics qui nous intéresse aujourd’hui. Depuis lors, Jodorowsky est aussi un auteur reconnu de comics qui, en-dehors de l’univers de L’Incal justement surnommé le Jodoverse chez Les Humanoïdes Associés, a aussi écrit de nombreux comics en français et en anglais, encore aujourd’hui avec des oeuvres comme Bouncer, Griffes d’ange et Moon Face.
A côté de Jodorowsky, L’Incal fut aussi créé et dessiné par Jean Giraud, aussi connu sous son pseudo Moebius. Véritable légende du monde du comics et encore plus de la bande dessinée franco-belge, l’artiste français débute dans la BD en 1965, à l’âge de 27 ans. A travers de très nombreuses oeuvres, que ce soit sous les pseudonymes de Jean Giraud, Gir ou Moebius, Giraud obtient rapidement la reconnaissance dans le milieu, au point d’être considéré comme l’une des figures avec le plus d’influence dans le monde la BD après Hergé.
Le succès de Moebius a même dépassé l’Atlantique, voyant le Français travailler avec Marvel Comics pendant plusieurs années, dont notamment sur la série de comics multi-primée Silver Surfer écrite par Stan Lee. Jean Giraud a une bibliographie et une liste de récompenses beaucoup trop longues que pour les citer toutes, sachant aussi que l’artiste continua à dessiner jusqu’à ses derniers jours. Jean Giraud est décédé en 2012 après une longue bataille avec un cancer.
Quel impact a eu L’Incal ?
Nous l’avons dit dans la présentation du comics plus haut, L’Incal est une oeuvre qui a eu un énorme impact sur le monde du comics et de la bande dessinée, mais aussi sur le monde artistique dans son ensemble.
D’un point de vue de l’oeuvre en elle-même, nous l’avons dit entre les lignes en présentant ses créateurs, mais L’Incal est le comics qui a propulsé la carrière d’auteur de comics d’Alejandro Jodorowsky ainsi que l’oeuvre qui a aidé à faire connaitre Moebius sur le marché américain, l’amenant à la suite de cela à collaborer avec Stan Lee sur Silver Surfer. Au-delà de ses créateurs, L’Incal est aussi devenu la plus grosse franchise de l’éditeur Les Humanoïdes Associés, au point de pouvoir s’étendre au marché américain.
En réalité, L’Incal n’était que le début et plusieurs suites et histoires dérivées ont vu le jour dans ce qui fut surnommé le Jodoverse. L’Incal, après la fin de sa publication en 1988, fut suivie par la série préquelle Avant l’Incal entre 1988 et 1995, la série séquelle Après l’Incal en 2000 et finalement Final Incal entre 2008 et 2014. L’univers a aussi été agrémenté d’autres histoires écrites par Jodorowsky telles que Les Métabarons, Les Technopères et Megalex.
D’un point de vue de l’industrie du comics de manière générale, L’Incal peut se targuer d’être l’un des rares, si pas le seul à avoir eu non seulement autant de succès mais aussi autant d’impact à la fois sur l’industrie de la bande dessinée franco-belge et sur l’industrie du comic book américain. Du côté des comics notamment, le monde de L’Incal fut une inspiration pour plusieurs comics indépendants à succès par la suite, comme Astro City et Transmetropolitan. L’oeuvre et son duo de créateurs est aussi une inspiration pour beaucoup d’artistes de l’industrie du comics actuellement, comme Darick Robertson (The Boys) ou Mike Allred (Madman), qui reconnaissent que Moebius fut une grande inspiration. L’auteur best-seller Jason Aaron (Southern Bastards, Avengers) est même dithyrambique sur Jodorowsky :
Jodorowsky est notre prophète, le saint-patron de l’imagination. Un homme avec l’esprit d’un dieu, où univers sur univers tournoie et s’éparpille, explose et s’unit, fane et fleurit, le tout en même temps, à chaque instant.
Interview accordée à 13th Dimension
Bien plus que cela, le monde futuriste de L’Incal a inspiré bon nombre d’autres médias, comme les mangas de Hayao Miyazaki ou le manga Akira de Katsuhiro Otomo. L’inspiration est aussi claire dans certaines oeuvres cinématographiques telles que The Matrix et Blade Runner, ou bien sûr le film d’animation culte Heavy Metal, adaptation du magazine du même nom. L’Incal fut même une inspiration telle pour le réalisateur français Luc Besson que celui-ci fut attaqué en justice par Jodorowsky et Moebius pour la similarité évidente entre L’Incal et le film Le cinquième élément…
Il est difficile de quantifier l’impact que L’Incal a eu sur l’industrie du divertissement tant celui-ci s’est installé comme une pierre angulaire de la littérature de science-fiction, de la bande dessinée et du comics. La définition même du grand classique.
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