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S’il y a bien un personnage qui vend encore aujourd’hui des tonnes d’exemplaires, c’est bien Batman. Le Chevalier noir a bénéficié de nombreux grands classiques en plus de 85 ans d’existence et c’est un de ces classiques que nous allons aborder aujourd’hui dans Know Your Classics. Connaissez-vous Batman: Son of the Demon ?
Batman: Son of the Demon : de quoi parle-t-on ?
Batman: Son of the Demon est un roman graphique publié par DC Comics pour la première fois en 1987. Réédité à plusieurs reprises en format broché ou relié, le roman graphique a plus récemment été réédité au sein d’une compilation intitulée Batman: Birth of the Demon, incluant aussi le roman graphique éponyme et un troisième nommé Batman: Bride of the Demon.
En version française, face à son succès, Batman: Son of the Demon a été traduit rapidement et voit ainsi le jour dès 1987 sous le titre Batman : Le Fils du Démon chez Comics USA, un éditeur francophone désormais défunt. Il faut ensuite attendre la récupération des droits de DC Comics par un nouvel éditeur, Urban Comics, pour voir le roman graphique être réédité en VF. L’oeuvre est en effet actuellement disponible dans le tome nommé La Saga de Ra’s al Ghul, qui correspond à la compilation susmentionnée Batman: Birth of the Demon.
Vous l’aurez donc compris entre les lignes, l’histoire de ce roman graphique compte comme protagonistes principaux l’un des super-héros les plus populaires de DC, Batman, ainsi que l’un de ses pires ennemis, Ra’s al Ghul. Le vilain se retrouve à aider Batman dans sa recherche du meurtrier d’un scientifique de Gotham mais les deux hommes se rendent vite compte qu’ils sont à la recherche du même homme : un certain Qayin, un terroriste qui avait dans le passé assassiné Melisande, la femme de Ra’s al Ghul et mère de sa fille Talia al Ghul.
Batman se retrouve ainsi à aider Ra’s al Ghul dans la poursuite de Qayin et renoue des liens avec Talia al Ghul par la même occasion. Les deux amants finissent même par prendre le temps de nouer une véritable relation, chose qu’ils n’avaient jamais eu l’occasion de faire au préalable. A la suite des coutumes ancestrales de la famille al Ghul – où seul l’accord de la femme est nécessaire – le couple se retrouve même marié tandis que Talia tombe enceinte peu de temps après. A la suite du changement de comportement de Batman, devenu trop protecteur envers Talia et réfléchissant moins bien qu’avant, Talia fait croire au Chevalier noir qu’elle a fait une fausse couche et le couple décide d’annuler leur mariage.
Oeuvre ayant eu pas mal d’impact, Batman: Son of the Demon connut déjà le succès à l’époque, au point d’être nominé dans la catégorie du meilleur roman graphique à la fois aux Eisner Awards et aux Harvey Awards en 1988. L’oeuvre ne remportera cependant pas de prix, dans une année où Watchmen d’Alan Moore et Dave Gibbons a obtenu le prix lors des deux cérémonies, comme nous vous l’expliquions dans le numéro d’Old But Gold dédié à cette autre oeuvre culte de DC Comics.
Les créateurs derrière Batman: Son of the Demon
Batman: Son of the Demon est écrit par Mike W. Barr. Auteur américain de comics, Barr a débuté sa carrière chez DC Comics en 1974, à l’âge de 22 ans. Même s’il débute en écrivant directement dans le cultissime Detective Comics, Barr sera ensuite cantonné à des articles et réponses aux lecteurs pendant quelques années avant de devenir un auteur régulier au début des années 1980.
Au cours des années 1980, Mike W. Barr créera et écrira pour DC les séries Batman and the Outsiders et Outsiders – dont on vous parlait dans un numéro de Comics Out en janvier dernier – et écrira l’histoire “Batman: Year Two” dans les pages de Detective Comics. En-dehors de Batman, Barr est aussi connu pour avoir écrit Camelot 3000, la première maxi-série prestige de DC Comics, qui ouvrit la porte à d’autres oeuvres dans ce format, comme Watchmen. C’est donc ensuite en 1987 que Mike W. Barr écrit le roman graphique Batman: Son of the Demon, qui nous intéresse aujourd’hui.
Après Son of the Demon, Mike W. Barr écrira d’autres comics pour DC, tels que le Elseworld Batman: In Darkest Knight mais aussi ses propres oeuvres indépendantes comme Maze Agency chez Comico et Mantra chez Malibu Comics.
A côté de Barr, Batman: Son of the Demon est dessiné par Jerry Bingham. Celui-ci est un artiste américain qui commença chez DC Comics en 1978, à l’âge de 24 ans, en dessinant dans un numéro de World’s Finest Comics. Bingham dessina ensuite quelques numéros par-ci par-là sur la fin des années 1970 et début des années 1980, travaillant aussi pour d’autres éditeurs comme Marvel Comics, où il dessinera notamment des numéros de Black Panther et Iron Man.
Bingham commence à avoir de la reconnaissance dans le milieu grâce au roman graphique Beowulf publié chez First Second Books en 1984 et qui lui vaudra d’obtenir un Jack Kirby Award. Batman: Son of the Demon arrive trois ans plus tard et est le deuxième grand succès de Bingham, qui continuera par la suite à dessiner de manière sporadique, collaborant notamment à nouveau avec Mike W. Barr sur Batman: In Darkest Knight.
Quel impact a eu Batman: Son of the Demon ?
Avant même de parler d’un impact culturel, Batman: Son of the Demon fut avant tout un succès critique et commercial. Comme dit plus haut, le roman graphique a bénéficié de nominations dans les deux plus grandes cérémonies de remise de prix de l’industrie du comic book et il est clair que cette bonne réception critique a aidé l’histoire à s’étendre.
Batman: Son of the Demon a obtenu une suite directe citée plus haut, Batman: Bride of the Demon, également écrite par Mike W. Barr avant de voir cet univers s’étendre avec une trilogie d’histoires incluant les romans graphiques Batman: KnightGallery et Batman: Brotherhood of the Bat parus en 1995 et écrits par Doug Moensch ainsi que la mini-série Batman: League of Batmen, également écrite par Doug Moensch mais publiée en 2001.
Pourtant, au départ et encore jusqu’à la publication de League of Batmen en 2001, l’histoire n’était pas sensée être canon – comprenez donc que celle-ci se déroulait sur une terre alternative et était ainsi publiée sous le label Elseworld de DC Comics. Ce n’est qu’en 2006, près de 20 ans après sa publication, que le statut de Batman: Son of the Demon a changé, voyant l’auteur Grant Morrison réutiliser les conséquences de cette histoire, à savoir la naissance d’un enfant à la méconnaissance de Batman.
L’arc narratif “Batman and Son” voit Batman apprendre l’existence de son fils caché avec Talia al Ghul. Le jeune Damian Wayne est révélé comme ayant été élevé par la Ligue des Assassins pour devenir l’héritier de Ra’s al Ghul. Celui-ci, un sidekick pas comme les autres, prendra même de l’importance au fil des ans, au point de devenir le cinquième et actuel Robin. Cette relation père-fils qui est parfois à la limite de l’antagonisme aura généré pléthore d’histoires et sera même la source du prochain film The Brave and the Bold.
Enfin, même si le personnage de Damian Wayne n’aurait jamais existé sans Batman: Son of the Demon, on signalera aussi l’impact que le roman graphique a eu d’un point de vue de son format de publication. Son of the Demon était tout simplement le premier roman graphique centré sur Batman racontant une histoire originale et fort est de constater que le format a plutôt bien fonctionné. Celui-ci a ainsi ouvert les portes à la publication d’autres romans graphiques sur le Chevalier noir au cours des ans, tels que Batman: The Killing Joke, Gotham by Gaslight ou Batman: Arkham Asylum dès les années suivantes.
Si le format a fait ses preuves et est encore aujourd’hui l’un des plus appréciés, il est bon de savoir que celui-ci n’aurait peut-être jamais existé sans le succès de Batman: Son of the Demon, définitivement un classique à avoir dans votre bibliothèque.
Vous avez raté les derniers numéros de Know Your Classics ? Pas de panique ! Retrouvez-les ci-dessous :
- Hawkworld
- New Warriors
- Excalibur
- L’Incal
- Green Arrow: The Longbow Hunters
- Spider-Man par Todd McFarlane
Chaque mois, nous produisons aussi six autres chroniques variées : Old But Gold, qui présente des comics primés aux Eisner et Harvey Awards (le mois dernier : Concrete) ; Comics Out, qui présente des comics LGBTQ+ (le mois dernier : Outsiders) ; Power Girls, qui se centre sur les personnages féminins des comics (le mois dernier : Yelena Belova) ; The Dark Side, qui présente les vilains des comics (le mois dernier : Ra’s al Ghul) ; Agent Double, qui présente des acteurs/actrices ayant joué au moins deux rôles de comics (le mois dernier : Nathan Fillion) ; et le Top 5, qui présente un sujet différent chaque mois, comme le TOP 5 des univers partagés les plus incohérents le mois dernier.
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