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Bienvenue dans un nouveau numéro de Know Your Classics ! Aujourd’hui, préparez-vous à un sacré morceau car c’est Miracleman qui nous attend ! Si vous ne voyez pas de quoi il s’agit, commençons par remettre les points sur les I.
Miracleman : de quoi parle-t-on ?
Miracleman est l’un de ces comics à l’histoire tumultueuse, oscillant entre changements d’éditeurs et de propriétaires, changements de nom et d’auteurs, mais tentons de résumer cela au mieux. A l’origine, le comics s’intitulait Marvelman et remonte à 1954 au Royaume-Uni, où l’éditeur L. Miller & Son Comics rééditait des comics importés des Etats-Unis, dont leur plus grosse vente était Captain Marvel de Fawcett Comics.
Cependant, l’annulation des comics Captain Marvel par Fawcett Comics à la suite d’un procès de DC Comics (longue histoire qui n’est pas celle du jour et qui mènera bien plus tard au personnage de Shazam) fait perdre à L. Miller & Son leur plus grosse vente. Déterminés à ne pas perdre leur plus gros titre, la maison d’édition engage Mick Anglo pour réimaginer des personnages et les titres changent alors de personnages et de nom pour devenir Marvelman. L’interdiction d’importation des comics américains au Royaume-Uni en 1959 mènera toutefois progressivement à la baisse des ventes de L. Miller & Son, qui furent obligés de déclarer faillite en 1964, mettant fin à Marvelman par la même occasion.
Ce n’est que des années plus tard que le personnage de Marvelman aura droit à un revival dans les pages du magazine britannique Warrior, magazine devenu culte pour le nombre d’histoires qui en sont nées. Marvelman était l’une d’entre elles et, entre 1982 et 1985, les histoires Marvelman ont leur petit succès critique mais le magazine Warrior était publié à perte depuis ses débuts par Dez Skinn. Warrior dut finalement prendre fin après 26 numéros mais les histoires de Marvelman continuèrent en trouvant une nouvelle maison : Eclipse Comics.
Voulant éviter tout problème de license avec Marvel Comics, Eclipse Comics renomma le titre Miracleman dès 1985 et continua la publication, qui devint culte, jusqu’à sa faillite en 1993. Après avoir réédité les chapitres précédemment publiés dans Warrior, Eclipse continua l’histoire, publiant jusqu’à un total de 22 numéros, qui furent progressivement réédités en 4 tomes brochés.
L’histoire du revival suit le journaliste Mike Moran qui, en 1982, a totalement oublié qu’il pouvait se transformer en Miracleman, le super-héros le plus puissant sur terre, incapable de se souvenir de son passé ni du mot magique lui permettant de se transformer. Une mission comme journaliste lui fera dire par hasard son mot magique, faisant réapparaitre Miracleman et ses souvenirs par la même occasion. S’en suit la découverte de son ancien allié Kid Miracleman devenu un vilain et l’une des histoires de super-héros les plus épiques jamais écrites en si peu de numéros.
Arrêtée avant sa fin en 1993, l’histoire a vu ses droits être rachetés par Marvel Comics en 2009 qui, après des rééditions des 4 tomes brochés en 2014 et 2015, permit à celle-ci de continuer en 2022, publiant un tome omnibus de la série au passage. En version française, les histoires de Miracleman sont publiées chez Panini Comics, qui ont publié les 4 tomes originaux en 2014 et 2015 et leur édition omnibus en 2023.
Les créateurs derrière Miracleman
Si Marvelman fut à l’origine créé par Mick Anglo, c’est bien le revival du personnage qui a eu le plus de succès. De nombreux artistes se sont succédés sur le titre Miracleman de Warrior puis Eclipse Comics mais ceux-ci étaient toujours sélectionnés par l’auteur du comics, suivant les scripts de celui qui aura été le mastermind de ce classique : Alan Moore.
Si vous connaissez un peu les comics, ce nom ne vous sera sans doute pas inconnu, d’autant plus si vous lisez notre autre chronique Old But Gold, dans laquelle ont déjà été abordées ses oeuvres Watchmen et Batman: The Killing Joke. Débutant l’écriture de comics dans son Angleterre natale à la fin des années 1970, Moore commence à se faire connaitre au début des années 1980 en écrivant pour le magazine 2000 AD, qui publiera plusieurs de ses histoires comme D.R and Quinch et The Ballad of Halo Jones mais surtout, en 1982, ses contributions sur la série Future Shocks. C’est en 1982 effectivement que la carrière de Moore prend un tournant, accumulant les histoires chez 2000 AD mais commençant aussi à publier des histoires chez Marvel UK, repopularisant le personnage de Captain Britain, et devenant l’un des premiers auteurs du magazine Warrior, dans lequel il publiera donc Miracleman mais aussi The Bojeffries Saga et le cultissime V for Vendetta.
A la fin des années 1980, Alan Moore fait le saut vers le marché américain des comics et est engagé par DC Comics, où il rééditera V for Vendetta, revisitera le personnage de Swamp Thing et connaitra le succès avec la mini-série Watchmen. Il écrira ensuite encore Batman: The Killing Joke chez DC, avant que celui-ci ne s’oriente vers davantage de liberté créative, menant à la création d’autres oeuvres primées telles que A Small Killing, From Hell, Lost Girls ou encore d’autres comics produits sous son propre label America’s Best Comics comme Promethea et The League of Extraordinary Gentlemen. Il a entre temps arrêté l’écriture de comics depuis 2019.
Quel impact a eu Miracleman ?
Rien que par son histoire de publication, vous aurez déjà compris – du moins en partie – pourquoi Miracleman est un vrai classique, voire même est devenu culte. Né de la mort d’une franchise, Marvelman voit le jour dans les années 1950 par pur profit mais c’est finalement son revival dans les années 1980, né d’une pure passion, qui aura le plus de succès. Miracleman connait la faillite de Warrior, puis celle d’Eclipse Comics et est pourtant encore publié de nos jours. Cela n’arrive pas à tous les comics : Miracleman est devenu tellement culte que, 30 ans après sa fin inachevée, la série a repris pour terminer son histoire.
Cet impact sur la culture est dû à son histoire, précurseur du mouvement révisionniste des super-héros, remettant les super-héros au goût du jour et les adaptant à un public plus mature. Si des oeuvres majeures telles que The Dark Knight Returns de Frank Miller et le propre Watchmen d’Alan Moore sont souvent citées parmi celles qui ont véritablement lancé cette tendance à la fin des années 1980, l’émergence de Miracleman au début de cette même décennie y est certainement pour quelque chose. Il n’est d’ailleurs tout simplement pas anodin que Miracleman et Watchmen aient leur auteur en commun !
L’histoire en elle-même est aussi l’une des plus osées pour une histoire de super-héros, voyant Alan Moore délibérément terminer son histoire après 16 numéros sans pour autant terminer la série. En créant un monde et une histoire soigneusement travaillés depuis le début des années 1980, Moore termine 10 ans plus tard en voyant Miracleman prendre le contrôle de la terre et créer une dictature bienveillante, une utopie sur terre proche de la plus happy des happy ends. Cette histoire, inspirée d’un analogue de Shazam et ayant au final sa propre histoire empreinte d’éléments réalistes rendant l’histoire crédible si elle devait se dérouler dans notre monde, aura pour effet d’inspirer bien des histoires par la suite, telles que Kingdom Come et Superman: Red Son, pour ne citer que celles-ci.
Miracleman, en-dehors des pages, c’est aussi l’histoire de l’apprenti qui devient maitre et de la passation de pouvoir. Alan Moore était devenu ami quelques années plus tôt avec Neil Gaiman, l’aidant à se former en l’incroyable scénariste qu’on connait aujourd’hui (comme expliqué dans le numéro d’Old But Gold sur The Sandman). Lorsqu’il dut passer Miracleman à un autre auteur, il ne vit que Gaiman, qui entreprit à son tour de créer une histoire épique après la conclusion utopique de Moore. Alan Moore s’est d’ailleurs tellement retiré de la série que, lors de la vente des droits à Marvel, celui-ci a demandé à ne pas être crédité, d’où les comics originaux faisant désormais référence à l’Auteur Original.
Au final, Miracleman est l’histoire d’un comics qui ne meurt jamais, qui a survécu à travers le temps malgré les faillites et changements de propriétaires, qui a vu son histoire perdurer au point de subir un deuxième revival ces dernières années, qui a vu le lancement de non pas une mais deux légendes de l’industrie du comics et qui est la preuve vivante qu’une oeuvre peut avoir beaucoup plus de succès quand la passion est à l’origine à la place de volontés financières. En fin de compte, le titre de la série était peut-être visionnaire, car Miracleman fut véritablement un petit miracle.
Vous avez raté les derniers numéros de Know Your Classics ? Pas de panique ! Retrouvez-les ci-dessous :
- Gotham by Gaslight
- Guardians of the Galaxy par Jim Valentino
- Animal Mân
- Batman: Son of the Demon
- Hawkworld
- New Warriors
Chaque mois, nous produisons aussi six autres chroniques variées : Old But Gold, qui présente des comics primés aux Eisner et Harvey Awards (le mois dernier : The Sandman) ; Comics Out, qui présente des comics LGBTQ+ (le mois dernier : DC Bombshells) ; Power Girls, qui se centre sur les personnages féminins des comics (le dernier numéro : Jean Grey) ; The Dark Side, qui présente les vilains des comics (le dernier numéro : Ultron) ; Agent Double, qui présente des acteurs/actrices ayant joué au moins deux rôles de comics (le dernier numéro : Hugo Weaving) ; et le Top 5, qui présente un sujet différent chaque mois, comme le TOP 5 des films de comics qui mériteraient un reboot le mois dernier.
Et si vous aimez notre contenu original, ne manquez pas nos séries d’articles UDC Original comme Les Armures d’Iron Man dans le MCU, la série qui compte déjà deux saisons PubliStory, et la toute nouvelle Into the Writer-Verse.
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