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Pour le dernier numéro de la saison, Old But Gold devait frapper fort. C’est ainsi qu’aujourd’hui, nous allons parler de religion, de sexe et de violence gratuite, le tout avec un clown tout mignon. Connaissez-vous Ed the happy Clown ?


Ed the Happy Clown : de quoi parle-t-on ?


L’histoire de Ed the Happy Clown est une histoire qui débuta dans les pages du minicomic Yummy Fur (un format plus petit qu’un comics standard et auto-publié par son créateur). Ed the Happy Clown commence en l’occurence de manière sérialisée et aux côtés d’autres histoires dans le deuxième numéro de Yummy Fur en 1983. La série continua sous forme de minicomic avant d’être rééditée puis continuée par Vortex Comics à partir de 1986. Ed the Happy Clown fut au final publiée à travers 18 numéros de Yummy Fur chez Vortex entre 1986 et 1990, moment où l”histoire fut abruptement arrêtée par l’auteur pour s’orienter vers d’autres styles d’écriture. Ed the Happy Clown reçut une réelle fin mais son créateur en fut largement insatisfait.

Avant de prendre fin, une réédition de l’histoire fut publiée par Vortex sous la forme du roman graphique Ed the Happy Clown: A Yummy Fur Book mais celle-ci était donc incomplète. En 1992, Vortex publia ensuite une nouvelle édition incluant cette fois-ci la fin, mais révisant celle-ci, voyant l’auteur laisser tomber plus de 80 pages et écrire 17 nouvelles pages pour créer une fin qui lui convenait mieux. Cette réédition fut nommée Ed the Happy Clown: The Definitive Ed Book. L’oeuvre changea ensuite d’éditeur pour passer chez Drawn & Quarterly, qui publia la version de The Definitive Ed Book sous la forme d’une mini-série de 9 numéros en 2005 et 2006 après l’abandon de l’auteur de réviser complètement son oeuvre, la laissant intacte. Celle-ci fut ensuite rééditée chez Drawn & Quarterly en roman graphique en 2012.

En version française, il aura fallu le temps, sans doute à cause de son contenu, avant de voir le comics être publié chez nous. C’est finalement l’éditeur Cornélius qui publie Ed the Happy Clown sous forme de roman graphique en 2014. L’histoire, en effet, a souvent été dépeinte pour adultes et suit l’histoire d’Ed, un clown pour enfants avec une tête démesurée et à qui arrive une succession d’atrocités.

L’histoire, difficilement résumée car écrite de manière déstructurée, inclut plusieurs personnages liés entre eux tels qu’une vampire cherchant à prendre sa revanche sur son compagnon l’ayant assassinée, un concierge dont la main a été coupée et qui prend cela pour une marque de Dieu ou encore… dans l’un des rôles principaux… un Ronald Reagan miniature venant d’une autre dimension dont la tête se retrouve greffée au pénis d’Ed.


Le créateur derrière Ed the Happy Clown


Ed the Happy Clown est une création de Chester Brown, un cartooniste canadien qui a écrit et dessiné l’intégralité du comics. Passionné de dessin et de super-héros dès le plus jeune âge, Brown déménage à New York après ses études secondaires à seulement 18 ans mais ses recherches d’emploi dans le secteur s’avéreront infructueuses, recevant des refus de Marvel Comics et DC Comics. Il s’intéressera alors de plus en plus à la scène des comics alternatifs à son retour au Canada et se lance dans l’auto-publication de son propre comics en 1983, à l’âge de 23 ans, donnant ainsi naissance à Yummy Fur.

Pendant plus de sept ans, tant en auto-publié qu’après chez Vortex Comics, Chester Brown travaillera uniquement sur Yummy Fur, dans lequel figurait plusieurs histoires au sein desquelles cohabitaient à la fois l’histoire sérialisée Ed the Happy Clown, son premier succès, et des adaptations littérales des Evangiles selon Marc et Matthieu. Après 1990, Brown changea radicalement de style et se tourna vers des récits autobiographiques, écrivant notamment le roman graphique The Playboy dans les pages de Yummy Fur avant de signer chez Drawn & Quarterly en 1992. Yummy Fur prit fin en 1994 après que les histoires de Brown aient pris un autre tournant, ne reflétant plus le contenu de Yummy Fur.

A partir de 1994, Chester Brown entreprit pour la première fois une histoire planifiée au sein d’un nouveau titre, Underwater, mais il y mit fin sans le terminer en 1998. Ceci coïncida avec un autre changement d’intérêt pour Brown, qui écrit la biographie Louis Riel, sur le leader de la résistance métis du même nom, une oeuvre qui deviendra un best-seller.

Chester Brown revint ensuite à de l’autobiographie avec Paying for It en 2011 et à de l’anthologie d’adaptations bibliques avec Mary Wept Over the Feet of Jesus en 2016, deux oeuvres largement critiquées pour sa banalisation de la postitution, la seconde étant une adaptation d’histoires de la Bible dont Brown pensait qu’elles promouvaient la prostitution. Celle-ci reste sa dernière oeuvre en date à ce jour.


Le palmarès


Ed the Happy Clown n’est pas l’oeuvre la plus primée de l’histoire, même si le comics qui l’incluait, Yummy Fur, fut nominé à de nombreuses reprises pour des Eisner et Harvey Awards.

La première réédition en roman graphique, Ed the Happy Clown: A Yummy Fur Book a tout de même remporté un prix, récompensée comme le meilleur roman graphique aux Harvey Awards de 1990, devançant Epicurus the Sage de William Messner-Loebs et Sam Kieth, Gregory de Mark Hempel, Secret of San Saba de Jack Jackson et l’acclamé Arkham Asylum de Grant Morrison et Dave McKean. Ed the Happy Clown, et plus globalement Yummy Fur, ont aussi valu à Chester Brown d’être élu meilleur cartooniste lors de cette même cérémonie.

Ed the Happy Clown a aussi remporté le prix du meilleur roman graphique aux Comic Art Awards au Royaume-Uni et le Prix Urbunden du meilleur album étranger en Suède.


Pourquoi Ed the Happy Clown est-il un classique ?


Même si moins connu du grand public, Ed the Happy Clown eut son petit succès et est vu par beaucoup comme un classique des années 1980 dans le paysage des comics. L’histoire est surtout vue comme l’un des hauts points de la culture des comics alternatifs, ces comics indépendants qui atteignaient leur nouvelle apogée dans cette décennie, proposant une alternative aux comics mainstream de super-héros. Ainsi, à l’instar d’autres comics déjà abordés dans la chronique comme Love and Rockets ou Eightball, Ed the Happy Clown est vu comme l’un des plus grands classiques de cette époque et de cette scène.

Dans une époque où beaucoup d’éditeurs avaient peur de déplaire à la Comics Code Authority, Ed the Happy Clown compile presque tout ce qui n’était pas autorisé. Même encore aujourd’hui, le comics est conseillé pour public adulte de par son contenu, regroupant horreur corporelle, violence extrême, humour noir et nudité parfois très crue, comme par exemple un homme éjaculant dans ses mains après s’être masturbé. Le comics est aussi une belle compilation de blasphèmes et sacrilèges envers la religion chrétienne, se moquant ouvertement de celle-ci, inventant notamment l’histoire d’un Saint-Justin adultère.

Malgré ces thèmes qui pourraient en rebuter plus d’un, le comics est tout simplement un chef-d’oeuvre dans son domaine, dépeignant une histoire complètement surréaliste, sombre et défaitiste, totalement dénuée de happy end pour qui que ce soit. Par ses images chocs, Ed the Happy Clown dépeint aussi l’absurdité et la cruauté du monde qui nous entoure, avec notamment un protagoniste rejeté pour son physique différent, un égoïsme exacerbé présent chez beaucoup de personnages ou encore de nombreuses réflexions volontairement racistes. Si le roman graphique ne figurerait certainement pas dans notre chronique Comics Out, celui-ci est toutefois une pépite d’humour noir comme il en existe peu.

Et c’est bien comme cela qu’il faut comprendre cette oeuvre, comme de l’humour, tantôt noir, tantôt absurde, tantôt gore, mais de l’humour avant tout : Ed the Happy Clown n’est certainement pas l’oeuvre à prendre au premier degré. Il ne vous reste plus qu’à découvrir ce classique méconnu chez nous par vous-même et peut-être pourrez-vous aussi vous donner un genre en sortant des anecdotes du grand classique littéraire Ed the Happy Clown en soirée mondaine… ou bien gardez-le pour vous, les autres ne sont pas prêts.

Ed the Happy Clown par Chester Brown (Cornelius)

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