La recommandation de Timo
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La nouvelle saison d’Old But Gold débute aujourd’hui ! SI certains classiques sont bien connus du grand public, ce n’est sans doute pas le cas de l’œuvre dont nous allons parler aujourd’hui : Signal to Noise. Mais de quoi s’agit-il ?
Signal to Noise : de quoi parle-t-on ?
Signal to Noise est un roman graphique qui était à l’origine publié de manière sérialisée dans le magazine britannique de musique, mode et culture The Face à partir de 1989. Bien qu’un endroit assez inhabituel pour publier un comics, l’oeuvre attira les regards et fut finalement rééditée sous format de roman graphique chez l’éditeur Victor Goliancz au Royaume-Uni et chez Dark Horse Comics aux Etats-Unis. Depuis 2007, l’oeuvre est publiée au Royaume-Uni chez l’éditeur Bloombury. Le roman graphique n’a été publié en français qu’à partir de 2011, voyant le jour chez Au Diable Vauvert sous le titre Signal / Bruit.
Signal to Noise raconte l’histoire d’un réalisateur de films qui apprend qu’il est atteint d’un cancer en phase terminale. Alors qu’il ne lui reste plus longtemps à vivre, il n’aura pas réussi à donner vie à sa plus grande idée, celle qui devait devenir son plus grand film. Il se met alors à travailler d’arrache-pied sur ce film que personne ne verra jamais, l’histoire d’un village en l’an 999 qui est persuadé que l’an 1000 va démarrer l’Armageddon.
L’histoire de Signal to Noise a eu une vie bien remplie car celle-ci ne s’est pas limitée à son oeuvre originelle sous forme de roman graphique. En 1996, une adaptation de l’oeuvre sous forme d’émission radio a vu le jour à la BBC Radio. En 1999, c’est ensuite une pièce de théâtre qui a été montée à Chicago, adaptée par Marc Rosenbusch et Robert Toombs. Enfin, le roman graphique a même été adapté en court-métrage de 14 minutes, une adaptation sortie en 2002 avec l’acteur Heathcore Williams dans le rôle du réalisateur.
Les créateurs derrière Signal to Noise
Signal to Noise est un roman graphique écrit par Neil Gaiman. Débutant dans le journalisme et la critique de livres dans son Angleterre natale dans le but de créer des contacts et de pouvoir publier ses propres oeuvres par la suite, il tombera amoureux du médium du comic book en découvrant le Swamp Thing d’Alan Moore, un de ses compatriotes.
Neil Gaiman se liera finalement d’amitié avec Moore, qui lui apprendra à écrire des scripts de comics et le parrainera pour reprendre le comics Miracleman d’Eclipse Comics après le départ de Moore. Gaiman fait aussi ses gammes dans les années 1980 en publiant des romans graphiques indépendants avec son collaborateur préféré au dessin, l’artiste Dave McKean, parmi lesquels Violent Cases et le roman graphique primé Signal to Noise. Gaiman se fait alors repérer par DC Comics, qui lui offrent la possibilité d’écrire sa propre mini-série, Black Orchid, à nouveau avec McKean au dessin, avant de pouvoir revisiter un ancien personnage de DC, qui tournera en une totale création de sa part, The Sandman.
Après la publication de la série originale The Sandman, Neil Gaiman diversifia aussi les éditeurs avec lesquels il travailla, concevant notamment des séries Marvel 1602 et Eternals chez Marvel et adaptant en romans graphiques certains de ses romans chez Dark Horse Comics, en collaboration avec l’artiste Coleen Doran.
Car oui, Neil Gaiman est aussi romancier, une carrière qu’il a mené en parallèle de ses créations dans l’industrie du comic book. Bon nombre de ses romans ont d’ailleurs déjà été adaptés en films ou en séries, parmi lesquels Good Omens, Stardust, American Gods et Coraline. Du côté audiovisuel, Gaiman a aussi participé à l’écriture de scénarios, notamment le film Beowulf et la récente série The Sandman, dont il est le showrunner. Il a aussi lui même adapté Signal to Noise en émission radio, en scénario pour court-métrage et a collaboré sur l’adaptation de l’oeuvre en pièce de théâtre.
A côté de Gaiman, Signal to Noise est donc dessiné par Dave McKean. L’artiste britannique a commencé à montrer ses dessins aux éditeurs majeurs que sont Marvel et DC Comics en 1986 et c’est à ce moment-là qu’il rencontre Neil Gaiman. S’en suit une collaboration fluide, qui verra McKean dessiner les romans graphiques de Gaiman Violent Cases et donc Signal to Noise mais aussi les couvertures de la série DC The Sandman.
Véritable touche-à-tout, McKean a aussi lui-même écrit et dessiné la mini-série primée Cages et le roman graphique érotique Celluloid ou plus récemment le roman graphique Raptor chez Dark Horse Comics. McKean a aussi conçu les jaquettes des albums de plusieurs groupes de renom comme Alice Cooper, Testament, Fear Factory et Dream Theater et travaillé comme concept artist pour les décors des films Harry Potter. Dave McKean est aussi réalisateur, ayant réalisé trois longs-métrages (dont MirrorMask avec Neil Gaiman au scénario) ainsi que le court-métrage adaptant Signal to Noise. Enfin, il est aussi à noter que McKean est musicien, ayant fondé un label de jazz et ayant lui-même composé la musique de l’émission radio adaptant Signal to Noise.
Le palmarès
S’il est moins connu du grand public, c’est aussi parce que Signal to Noise n’est pas l’oeuvre la plus primée de l’histoire. Le comics a toutefois remporté un prix prestigieux à la cérémonie des Eisner Awards en 1993. L’oeuvre de Neil Gaiman et Dave McKean a en effet été élue meilleur roman graphique lors de cette cérémonie, coiffant au poteau Bloodlines: A Tale from the Heart of Africa de Cindy Goff, Rafael Nieves et Seitu Hayden, Fairy Tales of Oscar Wilde illustré par P. Craig Russell, The Mythology of an Abandoned City de Jon J. Muth, Sinking de James Hudnall et Robert P. Ortaleza et Skin de Peter Milligan et Brendan McCarthy.
A côté de cela, Signal to Noise a sans doute contribué à l’élection de Neil Gaiman comme meilleur auteur lors de cette cérémonie, même si celui-ci a officiellement été élu pour The Sandman et Miracleman, qu’on a déjà abordé respectivement dans Old But Gold et Know Your Classics.
Pourquoi Signal to Noise est-il un classique ?
Signal to Noise est méconnu mais est un classique comme on en fait peu. Le roman graphique bénéficie du génie combiné de Neil Gaiman et Dave McKean, qui semblent se bonifier lorsqu’ils travaillent ensemble.
Côté dessin, Signal to Noise est l’un des meilleurs exemples de ce qui rend l’art de Dave McKean si particulier. Les formes abstaites et les personnages aux visages déformés, la sensation de flou constant et les jeux de couleurs donnent l’impression d’être dans des songes tout le long de l’histoire. Les dessins sèment le trouble, rendant la frontière entre réel et imaginaire extrêmement fine, le tout avec des expressions de visage d’une finesse rare et un jeu de lumière qui brille davantage par son utilisation des ombres.
A côté, le scénario de Neil Gaiman renforce cet aspect flou, rentrant régulièrement dans la tête du réalisateur, sans jamais savoir si on en est réellement sorti ou non. Signal to Noise est une étude de l’esprit artistique et dépeint pour le grand public la manière dont un artiste peut penser, ayant un sens des priorités parfois déroutant et voyant l’inspiration étrangement rimer avec obsession.
Le roman graphique est avant tout une histoire poignante, d’une simplicité et d’une complexité égales, qui pourrait sonner comme défaitiste au niveau de son issue mais est au final une réflexion sur le temps qui nous rattrape et la fragilité du cerveau, aussi créatif soit-il, si le reste du corps ne suit pas. L’écriture du film devient une obsession pour le réalisateur et personne de son entourage ne comprend, car il faudrait être dans sa tête pour voir sa vision de l’importance qu’a cette oeuvre. On peut au final en dire autant du comics en lui-même, nous ne pouvons que vous conseiller de lire Signal to Noise car c’est le seul moyen de comprendre pourquoi cette oeuvre est si exceptionnelle et à la fois artistique et fondamentalement humaine.
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